Clara Rivault présente son oeuvre "Hedera"
Née en 1991, Clara Rivault, vit et travaille à Paris. Elle est diplômée de l’École Supérieure des Beaux-Arts de Montpellier. Forte d’un parcours académique varié, elle explore une pluralité de techniques traditionnelles complexes apparentées aux arts du feu. Son appétence pour l’apprentissage de techniques nouvelles usant de médiums variés, l’amène rapidement à collaborer avec différents artisans. Elle a participé à de nombreuses résidences étrangères comme à la Villa Médicis en novembre 2023 à Rome. Membre active de POUSH Manifesto, où elle a son atelier depuis 2020. Aujourd’hui, l’artiste est spécialisée dans l’art du vitrail et se consacre à ce processus de création long, initié par des prélèvements photographiques. L’observation minutieuse de matières organiques et de tissus vivants, nourrissent une palette de formes et de textures que l’artiste insuffle dans le verre, leur donnant une dimension sculpturale.
En 2024 elle réalise Hedera, qui habille la façade du siège de l’Institut français. Elle nous parle de cette oeuvre qui incarne la richesse culturelle, la diversité, ainsi que les liens internationaux et les rencontres.
Mis à jour le 30/10/2024
5 min
Comment se comporte l’oeuvre sur la façade ?
À la manière d’une plante vivace et organique, Hedera vit avec la lumière, les rayons du soleil, la lueur de la lune ou même les éclairages artificiels de la rue, ainsi que ceux de l’intérieur des bureaux. Le but n’étant pas d’obstruer les fenêtres mais au contraire de proposer un jeu entre les ouvertures, les feuilles et les différentes sources de lumière. La lumière est l’oxygène faisant vivre Hedera. L’oeuvre à une double lecture, vue extérieure, nous contemplons son sillonnement sur la facade et ses couleurs, vue intérieure des buraux, nous observons les fibres intimes, les micro-organismes qui composent les verres. En interagissant avec son environnement, Hedera se rend donc vivante pour les personnes travaillant dans ces très beaux espaces, mais aussi pour les passants dans la rue.
L’oeuvre est constituée d’une ossature en acier thermolaqué où viennent se poser des pièces en verre, que vous appelez des « fruits ». Pouvez-vous parler de la création de ces pièces ? Comment travaillez-vous ?
Tout commence dans mon atelier à Aubervilliers. Après la phase de conception, vient la phase de dessin. La première étape consiste à imaginer des textures, des couleurs. Je me suis constituée au fils des années une sorte de bibliographie de couleurs qui me suivent dans mes oeuvres. Elles sont devenues, en quelque sorte, mon langage visuel, et me sont très précieuses. Je suis particulièrement attentive à la sélection du verre aussi, car la qualité du verre influencera le résultat final et la longévité de l’oeuvre dans l’espace public.
Avec ces compositions et ma technique artistique consistant à utiliser des impressions céramiques à l’aide d’encres éco-responsables, j'ai donné de la couleur et de la texture à chaque module. Pour la production et la mise en oeuvre, j'ai été épaulée par l’agence d’architecture poiēma, avec laquelle je collabore depuis le début de la phase de conception de l’oeuvre. Nous travaillons de concert avec une multitude de corps de métiers en France : un verrier, un serrurier et une société d’installation. En ce sens, cette oeuvre est une performance collaborative, car travailler à cette échelle est une première pour moi ; et j’en suis très fière.
On peut aisément imaginer qu’Hedera constitue un défi technique au regard de l’ampleur du bâtiment, qui compte cinq étages. Cela pose-t-il des problématiques particulières ? Est-ce la première fois que vous créez une oeuvre si imposante ?
Pour Hedera, j’ai pu m’appuyer sur une expérience réalisée dans des conditions comparables. J’ai fait un vitrail autoportant de 2m20 de haut, Heureux sous son ombre, qui est une initiative de l’opérateur Polycités dans le cadre de la charte « 1 immeuble, 1 oeuvre » à Bondy. Ce n’est donc pas la première fois que je réalise un vitrail extérieur, mais l’idée de travailler à cette échelle est grisante et excitante à la fois.
Sur les deux projets, j’ai retrouvé la même problématique, qui est de faire en sorte que l’oeuvre s’intègre au paysage et interagisse avec son environnement. Comme si elles avaient toujours été là. Dans les deux cas, j’ai aussi dû composer avec toute une série de contraintes techniques, comme la prise au vent, les oiseaux, la longévité etc.
Puis j’ai également fait le choix conscient de bien m’entourer ; avec poiēma nous travaillons ensemble afin d’aborder sereinement et en amont toutes les questions techniques et architecturales pour que la synergie finale avec le bâtiment soit parfaite.
Vos oeuvres sont régulièrement exposées en France mais aussi à l’étranger. Quelle est votre actualité ? Avez-vous d’autres projets en cours ?
J’ai participé à Art Paris 2024 en avril 2024 au Grand Palais Éphémère avec ma nouvelle galerie : Les Filles du Calvaire. Je suis actuellement exposée jusqu’au 27 octobre 2024 dans une exposition collective NARCOSIS au Botanique à Bruxelles. Parmi mes autres actualités, je vais réaliser ma première exposition personnelle institutionnelle au centre d’art Les Églises de Chelles du 8 février au 30 mars 2025, et à l’automne 2025 ma première exposition personnelle à la galerie Les Filles du Calvaire.