Pourriez-vous nous présenter la FIPF ?

La Fédération internationale des professeurs de français, ou FIPF, a été créée en 1969. Sa mission principale est de promouvoir la langue française sur la scène internationale, en dynamisant le réseau mondial des associations d’enseignants « de » et « en » français. Ce dernier est composé de 293 associations locales et nationales, regroupant 80 000 enseignants répartis dans plus de 125 pays sur les cinq continents. En France, trois associations en font partie.

En mettant son expertise, ses ressources et ses pratiques pédagogiques au service de la communauté internationale des professeurs de et en français, la FIPF se positionne comme un pilier de la francophonie, et s’adresse ainsi à toute personne ayant un intérêt pour la langue française et les cultures francophones. Elle est une véritable énergie motrice qui fait vibrer les 331 millions de locuteurs francophones à travers le monde. 

Quels programmes, projets, réunions phares marqueront l’année 2024 ?

3 initiatives majeures marqueront l’année 2024.

La première est l’organisation d’un sondage mondial destiné aux professeurs de et en français dans le monde. Nous sommes allés chercher leurs voix afin de mieux cerner les besoins en formation ainsi que la pluralité des enjeux liés à chaque contexte professionnel. L’objectif étant que la FIPF puisse mieux soutenir les associations dans leur progression. Les résultats, qui se veulent être le miroir de la réalité du terrain, seront rendus publics lors de notre prochain congrès mondial, qui se tiendra à Besançon en 2025.

La deuxième initiative d’ampleur s’intitule « 100 métiers du français », et a pour but de valoriser la diversité des carrières possibles grâce à la maitrise du français. Une centaine de fiches métiers, publiées en libre accès, mettront en lumière les opportunités professionnelles liées aux études de Français Langue Étrangère (FLE). Ce projet répond au constat d’un décrochage diffus des enseignants, qui partent du métier en nombre, notamment en début de carrière. Malgré l’amour de la langue, le métier désenchante. Il est difficile, précaire. Nous avons donc cherché à proposer des alternatives à ces étudiants ou personnes en reconversion, afin qu’ils puissent rester dans la famille francophone sans nécessairement enseigner le FLE. Les secteurs proposés couvriront un large spectre, pouvant s’étendre du tourisme au monde de l’édition.

Le troisième temps fort sera celui de nos deux congrès régionaux annuels. Le premier se tiendra à Kampala, Ouganda, du 22 au 26 juillet, et le second à Bucarest, Roumanie, du 4 au 7 septembre. En rassemblant enseignants et acteurs dédiés à la promotion du français, ils offriront une plateforme de partage inestimable pour discuter des enjeux liés à la langue française dans les régions d’accueil – ici, l’Afrique et l’Europe. À large échelle, notre ambition est de renforcer le réseau associatif en le professionnalisant. Car ce n’est pas parce qu’on est bénévole que l’on n’est pas professionnel. Une journée sera également dédiée aux jeunes enseignants. Ce sont eux qui constituent la relève, il est important de leur offrir un espace d’échange. 400 personnes sont attendues à Kampala, et près de 1000 à Bucarest.

À quelles grandes orientations ces actions répondent-elles ?

Nos actions en 2024 sont guidées par une vision claire : renforcer le réseau mondial des enseignants de français, favoriser les échanges, élargir nos collaborations, et promouvoir une francophonie dynamique, inclusive et moderne : 

• Renforcer notre réseau mondial en mobilisant les enseignants et leurs associations vers une universalité de l’enseignement du français; 
• Favoriser les échanges en soutenant activement les associations dans leur rôle d’influenceurs des politiques linguistiques; 
• Élargir nos collaborations dans le but de créer un réseau plus cohérent et interactif, enraciné dans les réalités professionnelles locales; 
• Promouvoir une francophonie dynamique, inclusive et moderne en offrant notre soutien à l’enseignement plurilingue et pluriculturel, en incluant davantage de jeunes enseignants au sein du réseau, et en développant de nouveaux services numériques. 

La période mars-octobre marque un temps fort important pour la valorisation de la langue française et des cultures francophones, avec l’accueil du XIXe Sommet de la Francophonie par la France, accompagné d’un Festival de la Francophonie exclusif, intitulé « Refaire le monde ». Comment allez-vous contribuer à cette programmation inédite ?

Nous tenons à mettre en avant la langue française et les cultures francophones pendant le Festival de la Francophonie au moyen de trois opérations clés : l’organisation d’une résidence pédagogique, d’un concours international d’éloquence, et la mise en œuvre de la sixième édition de la Journée internationale des professeurs de français (JIPF).

La résidence pédagogique sera accueillie à la Cité internationale de la langue française de Villers-Cotterêts, et visera à renforcer les compétences des enseignants en matière de création de matériel pédagogique. Elle bénéficiera à une cinquantaine de professeurs de français à travers le monde, qui représenteront les huit commissions régionales de la FIPF, parmi lesquelles l’Amérique latine et les Caraïbes, l’Asie-Pacifique, ou encore L’Afrique et l’Océan indien.

Par ailleurs, un concours international d’éloquence, impulsé de pair avec l’AMOPA – l’Association des Membres de l’Ordre des Palmes Académiques –, a été lancé le 15 avril dernier. Portant sur les valeurs de l’Olympisme, il associe des binômes enseignants-apprenants de et en français, qui incarnent la diversité linguistique et culturelle présente au sein du monde francophone. 

Enfin, la Journée internationale des Professeurs de français (JIPF) sera célébrée le 21 novembre prochain. Après le parrainage de l’homme d’État sénégalais Abdou Diouf en 2022, et de l’académicien Dany Laferrière en 2023, nous travaillons activement à trouver la marraine ou le parrain de cette sixième édition, qui sera, dans la lignée des JOP 2024, issu du monde du sport. 

Le prochain congrès mondial de la FIPF sera accueilli en 2025 à Besançon, par le Centre de Linguistique Appliquée (CLA). Comment s’est effectué ce choix ? 

La sélection a eu lieu en 2021, lors du dernier congrès mondial. Pour l'édition 2025, deux candidatures se sont démarquées : celles du Brésil et de la France. Après un examen approfondi des propositions, un vote a été organisé au sein du conseil d'administration de la FIPF. C’est la candidature présentée par l'Association Française des Enseignants de Français (AFEF) qui a finalement été retenue, à deux voix près. L’AFEF et la FIPF, en charge de l’organisation du prochain congrès mondial, ont ensuite établi un partenariat avec le Centre de Linguistique Appliquée (CLA) et la ville de Besançon, qui profitera à 2 000 enseignants de et français à l’été 2025. En choisissant la capitale bisontine, le congrès mondial des professeurs de français s’inscrit dans les idéaux d’un territoire porteur d’engagements sociaux et de combats pour l’égalité. Berceau et région d’accueil d’artistes et écrivains célèbres, cette terre a porté les grandes utopies des XIXème et XXème siècles.