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Gökhun Baltaci, peintre en résidence à la Cité internationale des arts

L'esprit est généralement considéré comme un paysage sec, alors que pour moi les pensées sont de petits empires remplis de liquide et d'électricité.

Représenté par la galerie Nev, basée à Ankara, le peintre turc Gökhun Baltaci a réalisé sa première exposition internationale à Paris, en 2022, dans le cadre de Paris Internationale. C’est en se rendant en France afin d’accompagner l’exposition que Gökhun Baltaci a compris la nécessité, pour lui, de découvrir un nouvel environnement de travail. C'est chose faite puisqu'il est à Paris, où nous l'avons rencontré, en tant que lauréat du programme de résidences Institut français x Cité internationale des arts. 

Mis à jour le 17/09/2024

2 min

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Gökhun Baltaci
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Gökhun Baltaci dans son atelier à la Cité internationale des arts
© Maurine Tric

Pourriez-vous nous parler de votre parcours et de vos débuts en tant que peintre ? 

J'ai étudié la peinture à la Faculté des Beaux-Arts de l'Université Hacettepe d'Ankara, où j'ai obtenu mon diplôme de master. Avant cela, j'avais commencé à peindre dès mon plus jeune âge. Au fil des années, j'ai travaillé avec de nombreux matériaux, mais c'est avec les pastels à l'huile que j'ai trouvé une véritable harmonie. Cela fait maintenant plusieurs années que je travaille exclusivement avec cette technique. 

 

En 2022, lors de Paris Internationale, vous avez exposé "La part des lèvres", qui fait référence à une expression turque qui évoque la distance "de sécurité" entre les lèvres et une boisson chaude. Comment votre travail se rapporte-t-il à l'idée de distance ? 

Le titre de l'exposition, Dudak Payı (L’espace entre les lèvres), fait référence à une expression turque utilisée pour décrire l'écart que l'on laisse par sécurité entre nos lèvres et une tasse remplie d'une boisson brûlante. L'exposition venait rappeler que les sons familiers, chaleureux et accueillants peuvent être assourdissants lorsque nous nous en approchons trop. Les mots que je garde dans le réservoir de mes peintures pourraient nous brûler la langue si nous ne nous contentons pas de leurs échos lointains. Je crois que la distance crée un écart capable à la fois de repousser et d'attirer. 

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Gökhun Baltaci
© Gökhun Baltaci

Les objets jouent un rôle central dans vos peintures, souvent en se répétant ou en apparaissant presque effrayants. Pourriez-vous développer sur cet aspect de votre travail ? 

J'essaie de créer une ébauche de ligne qui relie les objets les uns aux autres, dans les espaces qui les séparent. Je tente de piéger les spectateurs en les réintroduisant aux objets du quotidien et aux espaces ordinaires. Je veux entrer dans leur pièce la plus intime lorsqu'ils s'y attendent le moins. Je dirais que si mon processus de travail est intéressant, c'est parce que pour y parvenir, ou du moins essayer d'y parvenir, vous devez d'abord descendre explorer votre propre caverne. J'appelle l'ensemble de ce processus "des expériences de forage."  

 

La plupart de vos peintures utilisent une couleur principale qui façonne toute la composition. Comment travaillez-vous avec les couleurs ? 

Je choisis les couleurs en me basant sur l'intuition plutôt que sur la raison. J'essaie de travailler non seulement avec mon esprit, mais également avec les sensations provenant de divers organes comme l'estomac, les intestins et le nez. Je me concentre sur le maintien de l'harmonie entre les couleurs nécessaires à l'émotion de la scène que je crée. Ainsi, j'apporte, la plupart du temps, seulement quelques touches supplémentaires de couleur à une pièce monochromatique. 

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Gökhun Baltaci dans son atelier à la Cité internationale des arts
Gökhun Baltaci dans son atelier à la Cité internationale des arts
© Maurine Tric

Pourriez-vous nous parler de "Des profondeurs de la représentation", le projet que vous avez soumis pour le programme de résidences Institut français x Cité internationale des arts ? 

Dans mon travail, je compose avec des minéraux ou certains vestiges sous-marins. L'esprit est généralement considéré comme un paysage sec, alors que pour moi les pensées sont de petits empires remplis de liquide et d'électricité. C'est là que j'explore les minéraux et les récifs pour essayer d'accéder aux émotions cachées dans l'esprit. Le Musée de Minéralogie des Mines, que je visite souvent, est pour moi un Musée de la vie privée. 

 

Comment se déroule votre séjour à la Cité internationale des arts ? Quelle est votre relation avec Paris, la France et la scène artistique française ? 

Tout se passe bien à la Cité internationale des arts, où je travaille selon ma propre routine. L'atmosphère particulière de Paris est en constante évolution et ces changements affectent également mes peintures. J'essaie d'en profiter, j'ai l'occasion de voir d'innombrables expositions ici et je suis toujours curieux de découvrir ce que font les artistes contemporains. 

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Gökhun Baltaci
© Gökhun Baltaci

Quelles seront vos prochaines étapes après la résidence ? Avez-vous des expositions à venir ? 

En septembre, je dévoilerai une partie de mon travail lors des ateliers ouverts qui se dérouleront à la Cité internationale des arts. Par la suite, en novembre, l'exposition du quarantième anniversaire de la Galerie Nev, "Début de la mémoire", débutera et je participerai, toujours en novembre, à Art Basel Paris. Enfin, en début d'année prochaine, j'aurai une exposition personnelle à la Kaufmann Repetto art gallery à Milan. 

Suivre le travail de Gökhun Baltaci

Résidences Institut français x Cité internationale des arts

Le programme de résidences Institut français x Cité internationale des arts s’adresse aux artistes, professionnelles et professionnels de la culture résidant exclusivement à l’étranger depuis au moins 5 ans, qui souhaitent développer un projet de recherche et de création à Paris, lors d’une résidence de trois, six ou neuf mois. 

En savoir plus 

L'institut français, LAB