ICC Immersion : trois lauréates reviennent sur leur participation au programme en Corée du Sud
Lauréates d’ICC Immersion en Corée du Sud, Sun Toucoula (Beyond Stories), Justine Llorca (InCahoots Production) et Méliné Kéloglanian (la Philharmonie des enfants) reviennent sur leur participation et son impact sur les projets innovants qu'elles souhaitent développer à l'international. Mis en œuvre par l’Institut français et Business France, ICC immersion est un nouveau dispositif du plan 2030 dont l’objectif est soutenir l’export des industries culturelles et créatives françaises.
Mis à jour le 26/06/2023
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Pouvez-vous présenter, en quelques mots, vos parcours, vos entreprises et leur activité ?
Sun Toucoula : Basée à la Réunion, j’ai créé Beyond Stories en 2021 après plusieurs années passées au Québec. Nous sommes spécialisés dans l’adaptation transmédia d'œuvres littéraires, notamment grâce à l’utilisation du webtoon, et nous nous occupons essentiellement de l’écriture transmédia, ainsi que de la pré-production des adaptations.
Justine Llorca : Je dirige InCahoots Production avec mon mari depuis 2022, même si nous avons commencé à travailler sur le projet en 2019. Nous accompagnons les institutions culturelles afin qu’elles puissent ouvrir leurs portes à tous les publics, notamment ceux en situation de handicap. Nous créons des visites virtuelles, qui proposent du contenu de médiation adapté à différents types de handicap.
Méliné Kéloglanian : Je suis la directrice adjointe de la Philharmonie des enfants, une filiale de la Philharmonie de Paris, qui a conçu un espace d’activités permanent et inédit pour les enfants de 4 à 10 ans. Les enfants peuvent ainsi découvrir la musique et le monde des sons de manière ludique, poétique et libre. Nous avons une trentaine d’installations manipulables, qui leur permettent de vivre une véritable expérience sensorielle et de jouer ensemble.
Pourquoi avez-vous décidé de participer au programme ICC Immersion en Corée du Sud ?
Sun Toucoula : J’étais déjà en communication avec Business France afin de pouvoir partir en Corée. Il était vital, pour nous, d’y aller car, en France, le webtoon est un marché qui vient de s’ouvrir et ne possède pas beaucoup d’acteurs alors qu’à l’inverse, la Corée du Sud en est le berceau.
Justine Llorca : Comme Sun, nous étions déjà en train de travailler avec Business France : cela faisait sens dans notre démarche de démocratisation culturelle et d’accessibilité à la culture pour tous. On s’est ainsi rendu compte que l’inaccessibilité culturelle n’était pas seulement liée au handicap, mais qu’il y avait également une dimension sociale et géographique. Commencer en Corée du Sud était logique en raison de leur appétence pour la culture et sa consommation par le numérique bien plus avancée qu’en France.
Méliné Kéloglanian : La Philharmonie des enfants a pour vocation d'être dupliquée dans le monde et nous voulions en faire profiter d’autres enfants. Nous avions identifié la Corée comme un marché porteur en raison de l’attention portée au bien-être et à l’éducation des enfants. Nous souhaitons, avant tout, placer l’éveil musical comme un enjeu et nous sentions qu’il existait des liens intéressants.
Quels enjeux rencontrez-vous à l’international et pourquoi est-ce important de bénéficier d’un accompagnement ?
Sun Toucoula : À la Réunion, il est déjà difficile de faire du réseautage, d’aller à des événements culturels et d’être au courant de ce qui se passe, car nous sommes loin de l’Hexagone. Il était donc essentiel d’aller en Corée pour mieux comprendre comment ils se sont structurés et de quelle manière le marché évolue. Le fait d’être avec d’autres entreprises françaises nous a également permis d’avoir des échanges et de voir naître une synergie pour envisager l’avenir.
Justine Llorca : Nous sommes une jeune entreprise et, pour nous, il était indispensable d’être accompagnés par les bonnes personnes afin de s’adresser aux bons interlocuteurs. Nous avons réellement découvert les acteurs locaux, qui agissent sur le handicap, et nous n’aurions pas pu le voir à distance. Le réseau, la structuration et les contacts étaient vraiment la clé.
Méliné Kéloglanian : L’idée était d’avoir quelqu’un qui nous permettrait de décoder le fonctionnement des acteurs du domaine dans lequel on avait envie de s’investir. Il était indispensable de comprendre les enjeux en Corée et d’être aiguillé sur le fonctionnement des acteurs. Quand on identifie un marché, il n’est pas évident de s’y pencher seul : il y a un décalage culturel, la nécessité de bien comprendre le marché et d’avoir un relais sur place.
Le programme a débuté par une immersion à distance dans l’écosystème coréen des industries culturelles et créatives. Qu’est-ce que cet accompagnement vous a apporté ?
Sun Toucoula : Avoir accès aux ateliers, tous secteurs confondus, nous a permis de lancer de premières pistes pour se développer. Nous avons pu ajuster le modèle que nous allions proposer et, une fois arrivés là-bas, offrir quelque chose de plus adapté au marché coréen que ce que nous avions prévu à la base.
Justine Llorca : La phase à distance et l’accès aux webinaires étaient très intéressants pour comprendre la tendance du marché. Il y a toute une approche à connaître, des clés de lecture et de compréhension à intégrer avant de travailler avec le marché coréen. La phase en distanciel permet de bien se préparer et d’avoir la clé du succès, en évitant les principaux faux-pas.
Méliné Kéloglanian : Notre sélection nous a permis d’être confortés dans l’idée que notre projet avait sa place sur le marché coréen. Cela nous a donné des clés sur le plan business, tout en nous faisant réfléchir sur les modes de fonctionnements économiques.
Vous avez ensuite suivi un programme intensif de sept jours en Corée du Sud. Que retenez-vous de cette semaine d’immersion collective ?
Sun Toucoula : Sur place, le programme était très intense et extrêmement pertinent. Les trois jours de salon ont été exceptionnels avec des réunions qualitatives, qui nous ont réellement challengé. Nous avons beaucoup appris et nous avons pu affiner notre offre de services, mais aussi prendre plus confiance en nous. Je retiens également le côté humain, notre soirée de clôture à la fin du salon, où nous avons vécu l’aboutissement de plusieurs mois de travail.
Justine Llorca : Humainement, c’était une expérience très riche. Il y a eu une forte cohésion, une entraide entre les 15 entreprises, d’autant que les équipes présentes en Corée se sont pliées en quatre pour nous. Au niveau business, nous avons été très surpris par la qualité des rendez-vous et c’était un énorme gain de temps dans le démarchage, ainsi que le réseautage de nos interlocuteurs.
Méliné Kéloglanian : Sur la semaine intensive, nous avons connu une phase d’expérimentation, où nous avons pu nous présenter et voir comment le projet était reçu par le public coréen. En rencontrant cette série de prospects, nous avons vécu un accélérateur, qui nous a permis de gagner du temps. Je partage également ce ressenti sur l’aspect humain de cette expérience, où nous avons éprouvé cette force de ne pas nous sentir seuls. C’était très touchant et nous avions vraiment le vague à l’âme en rentrant.
Suite à cette immersion, quelles sont vos perspectives de développement dans ce pays, avez-vous des exemples concrets à partager ?
Sun Toucoula : Le programme a eu un fort impact à mon propre niveau, mais aussi à celui de la Réunion. Il a sensibilisé les institutions locales à ce marché et leur a fait connaître une filière culturelle en voie de développement. Cela a permis que les institutions voient l’intérêt et la mesure de ce marché-là. C’est aussi une porte ouverte vers des discussions avec la région pour débloquer les fonds nécessaires à sa croissance. Au niveau coréen, on est encore en discussion, mais ça avance bien : on devrait accueillir un tournage coréen à la Réunion d’ici la fin de l’année.
Justine Llorca : C’est un succès à deux niveaux, en France et en Corée. Nous avons pu nous faire mieux connaître par des acteurs et c’est un réel gage de qualité d’avoir été sélectionné pour ce programme. En Corée, nous avons rencontré notre agent, qui doit trouver des lieux culturels ou d’éducation pour la distribution, mais aussi faire le lien avec les monuments coréens. D’autres perspectives sont également prévues avec des foyers, où nos productions seraient diffusées dans des centres de réadaptations. C’est un vrai coup de cœur pour nous.
Méliné Kéloglanian : Nous sommes toujours en contact avec quelques-unes des personnes qui avaient été repérées par la chambre franco-coréenne de commerce. C’est encore en discussion, mais plusieurs acteurs sont venus en France pour visiter le lieu. Il s’agit d’un point important car il est essentiel que les personnes puissent faire l’expérience du site. D’autres projets sont en cours avec la volonté de dupliquer cet espace dans le futur.
A propos d'ICC Immersion
S’inscrivant dans le cadre de France 2030, plan d’investissement pour la France de demain porté par le Gouvernement, ICC Immersion est mis en œuvre en lien avec la Banque des Territoires (Groupe Caisse des Dépôts). Le programme repose sur l’expertise conjointe de l’Institut français, du réseau diplomatique et culturel du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, de Business France et de ses bureaux à l’étranger.
Le programme a pour objectif de donner aux entreprises participantes une connaissance approfondie des écosystèmes des pays cibles, de les accompagner dans la définition de leur stratégie au regard des enjeux et contraintes des marchés locaux, d’organiser l’immersion dans les pays cibles et les mises en réseau afin de favoriser les opportunités d’affaires.
Il a été lancé en septembre 2022 dans quatre pays : la Corée du Sud, le Canada, le Royaume-Uni et l’Israël.
L’appel à candidatures pour le programme ICC Immersion Taiwan est ouvert jusqu’au 17 juillet, pour postuler cliquez ici.
De nouvelles destinations seront annoncées prochainement.