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ICC Immersion : Underground Sugar et Keru se développent à l’international

ICC Immersion nous a permis de nous structurer différemment, d’acquérir des bases solides pour avancer dans la présentation des projets.

Créatrices d’entreprises lauréates du programme ICC Immersion, piloté par l’Institut français et Business France, Julie Desmet Weaver (Underground Sugar) et Hélène Quintin (KERU) ont pu profiter d’un accompagnement en trois étapes, destiné aux entrepreneurs de la culture, porteurs d’un concept innovant. Elles reviennent sur leur participation, la richesse de ce soutien, mais aussi leurs futurs développements à l’international. 

Publié le 19/03/2024

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ICC Immersion
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Pouvez-vous présenter votre entreprise et ses activités ? 

Julie Desmet Weaver : Nous sommes deux artistes associés, moi-même et Axel Beaumont, mais comme nous venons du spectacle vivant, nous avons aussi notre compagnie, qui s’appelle Underground Sugar. Notre démarche consiste à créer de nouveaux designs d’expériences, des espaces d’expérimentations sensibles, pour y faire éclore des histoires. Nous créons, concevons et produisons des expériences, qui mêlent les arts vivants, les arts visuels et les nouvelles technologies. Dernièrement, nous avons imaginé un projet appelé E.MOTION, qui s’est développé avec l’appui du programme ICC Immersion Canada. Il consiste à mettre en scène des acteurs, qui vont pouvoir animer en temps réel des marionnettes numériques 3D avec de la motion-capture. C’est grâce à ICC Immersion que nous avons pu passer d’une forme spectacle à une forme d’expérience immersive. 

Hélène Quintin : Je suis la co-créatrice de KERU, qui est spécialisée dans la création de souvenirs digitaux. C’est un moyen de permettre aux visiteurs de sites culturels immersifs de prolonger l’expérience après leur visite. Concrètement, on propose aux visiteurs, en fin de parcours, de scanner un QR Code et d’arriver sur une WebApp personnalisée suivant le lieu de l’expérience pour créer un souvenir digital. Ce dernier peut prendre plusieurs formes, soit par des collaborations avec des artistes, soit par une création partagée en réalité augmentée. On associe à ce souvenir des avantages comme, par exemple, lors du premier souvenir digital du musée d’Orsay, la possibilité de gagner un accès à vie ou d’avoir des invitations VIP pour d’autres vernissages. L’objectif est de créer un lien plus intense avec les publics, d’imaginer un souvenir, qui peut même être communautaire. Ces souvenirs sont sécurisés sur la blockchain et les personnes en sont réellement propriétaires en quelques secondes. 

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Cohorte ICC Immersion Canada
La cohorte ICC Immersion Canada à Toronto

Pourquoi avez-vous décidé de participer au programme ICC Immersion ? Et pourquoi avez-vous respectivement choisi le Canada pur vous Julie et Taïwan pour vous Hélène ? 

JDW : Le début de ces formes hybrides était compliqué car on ne rentrait dans aucune case, ni théâtre, ni cinéma, ni innovation. Il était très difficile de trouver un financement et je dirais que les premiers partenaires qui ont vraiment été à l’écoute sont l’Institut français, les premiers à nous avoir accompagnés, puis des programmes européens avant ceux du CNC. Il faut rappeler que, pour ICC Immersion, il s’agit aussi d’un partenariat avec Business France. Pour nous artistes, c’était un peu bouleversant car, venant du spectacle vivant, qui est de la création d'œuvre sans grande rentabilité, le fait de profiter d’un accompagnement sur des business plans et des rencontres plus commerciales était une chance formidable. Ce qui nous a intéressés pour ICC Immersion - Canada était de découvrir l’écosystème montréalais, de voir une autre façon d’aborder ces créations et de participer à une économie mondiale. Nos créations étant inspirées d'œuvres littéraires (L’Écume des jours, Entrez dans la danse), nous voulions trouver un pays francophone, mais nous avons très vite constaté qu’il fallait tout adapter en anglais. On a donc dû se reconstruire une identité qui était attendue de la part de nos partenaires. 

HQ : Avec KERU, on a très rapidement voulu aller à l’international. Nous sommes une société récente et il était important, pour nous, d’aller en Asie, à Taïwan, car ce sont des territoires qui sont vraiment en avance au niveau des nouvelles technologies. Nous souhaitions connaître leur quotidien pour pouvoir adapter leurs produits et comprendre ces marchés qui sont en Asie. La première phase à distance avec les cours était très complète : elle nous a permis, dans un temps réduit, de comprendre le marché, de savoir comment s’y adresser et de respecter les coutumes. Aller à Taïwan seul, sans accompagnement, serait beaucoup plus difficile qu’avec ICC Immersion. 

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Cohorte ICC Immersion Taïwan
La cohorte ICC immersion à Taïwan.

Que vous a apporté le programme jusqu'à présent ? Pourquoi est-ce important de bénéficier d'un accompagnement pour se projeter à l'international ? 

JDW : La rencontre avec l’incubateur La Piscine et les équipes de Business France à Montréal s’est faite de façon assez géniale. Nous avons été très vite pris en main et cela nous a permis de nous structurer différemment, de consolider des bases solides pour avancer dans la présentation des projets. En phase 2 (immersion sur place), notre dossier était déjà prêt avec des objectifs définis. On a pu échanger avec énormément de partenaires : nous ne sommes partis que dix ou quinze jours au Canada, mais j’ai l’impression que j’y suis restée un mois pour vous dire à quel point cela fut riche de rendez-vous intéressants et pertinents. Aujourd’hui, on participe à la phase 3 (suite de l’immersion en individuel) avec un programme fait sur mesure, qui permet de véritablement cibler les points forts qu’on aimerait développer. 

HQ : Comme l’a dit Julie, c’était vraiment très intense. Nous n’avions pas de prospects à Taïwan avant ICC Immersion et nous n’étions jamais allés en Asie. Nous sommes aujourd’hui en discussion avec plusieurs sites, dont certains qui proposent des expositions et on aimerait être prochainement à l’international. On se pose également la question d’aller vivre à l’étranger. Cela nous a réellement apporté une connaissance du marché plus précise puisqu’entre la Chine et Taïwan, il y a aussi des questions d’ordre politique. À Taïwan, il faut notamment faire attention à la manière de communiquer avec eux au niveau business. Il y avait, en tout cas, une très belle cohésion entre nous, en tant que sociétés françaises (dans chaque pays les cohortes ICC immersion sont composés de plusieurs entreprises lauréates, ndlr). 

Aller à Taïwan seul, sans accompagnement, serait beaucoup plus difficile qu’avec ICC Immersion.

Suite à votre immersion au sein du territoire que vous avez ciblé, quelles sont vos perspectives de développement ? Avez-vous des opportunités concrètes ? 

JDW : Nous avons, comme réel projet, de nous implanter à Montréal. Si c’était l’objectif pour ICC Immersion, il est gagné ! Plusieurs projets sont en cours car nous avons vraiment accroché avec une société de production à Toronto, qui travaille sur la motion capture. Une salle immersive est également intéressée par l’accueil de l’une de nos expériences, que nous avons formaté spécialement pour eux. Il s’avère, par ailleurs, que le spectacleEntrez dans la danse possède un distributeur canadien, Le Hublot, et que nous allons probablement construire un événement à la SAT, un dôme immersif à Montréal. Nous voulions arriver en septembre 2024 à Montréal, mais, avec les lois d’immigration, cela va prendre plus de temps, probablement fin 2024 ou début 2025. 

HQ : Nous sommes un peu moins avancés que Julie, mais nous avons toujours des liens avec différents sites. Notre solution n’est pas encore installée concrètement à Taïwan, même si les discussions se poursuivent. On réfléchit sérieusement à la possibilité d’aller à Taïwan et nous échangeons avec le musée national d’histoire afin de créer un projet artistique autour des œuvres de San Yu, un ami de Matisse. Les personnes qui gèrent ce musée organisent beaucoup d’autres expositions et ce serait formidable de répliquer notre solution à Taïwan, mais aussi dans toute l’Asie. 

A propos d’ICC Immersion

Piloté par l'Institut français et Business France, ICC Immersion est un programme destiné aux entrepreneurs de la culture qui portent un projet innovant et souhaitent le développer à l’international sur un marché cible.

Les sélections sont en cours pour Arabie Saoudite, l’Inde, Australie, Italie.

A l’automne 2024, des appels à candidature seront lancés pour le Danemark/Suède, l’Afrique du Sud et le Mexique.

En savoir plus 

L'institut français, LAB