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Rencontre
Débat d'idées

Jacques Jonathan Nyemb, avocat d’affaires et président de The Okwelians

Le thème du forum est celui de l’engagement, dans l’idée de co-construire ensemble un monde durable.

Le second Forum Notre Futur – Dialogues Afrique-Europe se tiendra du 1er au 3 décembre à Yaoundé, au Cameroun. Jacques Jonathan Nyemb préside le Conseil pour le Suivi des Recommandations du Nouveau Sommet Afrique France, qui joue un rôle central dans son organisation. 

Mis à jour le 01/12/2022

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Jacques Jonathan Nyemb
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Au centre, avec le micro, Jacques Jonathan Nyemb lors du premier forum "Notre futur - Dialogues Afrique-Europe" à Johannesburg en octobre 2022.
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Vous êtes à la tête du Conseil pour le Suivi des Recommandations du Nouveau Sommet Afrique France (CSRN). Comment est-il né et quel en est l’objet ?

Le Conseil pour le Suivi des Recommandations du Nouveau Sommet Afrique-France est né à la suite de la préparation du Nouveau Sommet Afrique-France de Montpellier en octobre 2021. De très nombreux acteurs de la société civile camerounaise y étaient ensuite présents. Au retour de cet événement, nous avons constaté combien il était important que la volonté qui s’y était exprimée de refonder la relation entre le Cameroun et la France, et plus largement entre l’Afrique et l’Europe, se pérennise et se concrétise sur le continent. Nous avons donc rassemblé ici une centaine d’acteurs de la société civile, et c’est au cours de nos échanges qu’est née l'idée de cette instance. Tout cela a été formalisé au mois de juin dernier, avec comme objectif d’accélérer l’agenda de refondation de la relation entre les deux continents. Le but du Conseil est donc de sensibiliser, former et plaider autour de ce nouveau paradigme et de nouveaux outils de coopération. Mais aussi d’expérimenter des micro-projets qui donnent la part belle à la participation citoyenne ou encore la réinvention d’un narratif commun autour d’enjeux de culture et de patrimoine, en vidant une bonne fois pour toute le passé de ses scories. Nous passons donc d’une forme de coopération basée sur la logique de l’aide et de l’assistanat à un nouveau rapport gagnant-gagnant, cristallisé autour de défis communs, comme la santé, la sécurité ou encore le climat. 

 

Un an après le Nouveau Sommet Afrique-France de Montpellier, le premier forum Notre Futur – Dialogues Afrique-Europe s’est tenu à Johannesburg (7 et 8 octobre 2022). Vous jouez désormais un rôle central, avec le CSRN, dans l’organisation de la deuxième étape de ce cycle à Yaoundé, au Cameroun (1er au 3 décembre 2022). Quels sont les principaux enjeux de l'événement ?

La société civile camerounaise avait regretté à l’époque du sommet de Montpellier qu’il ne s’y trouve pas assez de jeunes acteurs de la société civile française, même s’ils n’étaient pas totalement absents. Il était en outre important pour nous d’inscrire ce cycle de forum dans le cadre plus large de la relation entre l’Afrique et l’Europe. Ainsi, à Yaoundé acteurs africains et européens pourront se rencontrer et mettre au point des synergies et des communautés d’intérêt autour de questions de participation citoyenne, d’innovation verte ou encore de culture. Des débats dépassionnés permettront ainsi de dépasser les malentendus et erreurs du passé, et de faire face ensemble aux défis actuels pour se projeter vers l’avenir. En bref, la société civile souhaite désormais être un acteur à part entière de l’agenda de coopération, et aux côtés des décideurs publics.

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Jacques Jonathan Nyemb
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Des débats dépassionnés permettront de dépasser les malentendus du passé, et de faire face ensemble aux défis actuels pour se projeter vers l’avenir.

Le thème du Forum à Yaoundé est « s’engager » et s’adresse en particulier à la jeunesse. Comment est-elle associée ? Comment travaillez-vous avec elle dans le cadre de ce forum mais également en dehors ? 

Le thème est celui de l’engagement, dans l’idée de co-construire ensemble un monde plus durable. Face aux défis communs que rencontrent nos sociétés africaines et européennes, avec la remise en cause de certains modèles de société, il est vital de faire une plus grande place à cette jeunesse. Elle représente au Cameroun plus de 70% de la population.  Son engagement est indispensable pour influencer le devenir de nos pays. Ce Forum a ainsi été mis au point de façon collaborative et participative, avec des partenaires comme l’Institut français et l’Union Européenne, mais également avec des acteurs de la société civile de la sous-région d’Afrique centrale et d’Europe et les autorités locales camerounaises. Ce forum se pensera également comme un moment interactif, que ce soit à travers des ateliers, un idéathon, ou même la foire des associations, qui permettra des rencontres pour créer les synergies nécessaires. Les jeunes ne seront donc pas des spectateurs du Forum, mais ses véritables acteurs. 

 

Quels résultats concrets attendez-vous du Forum Notre Futur à Yaoundé ? 

Il y aura un livrable, sous la forme de recommandations qui expliciteront comment la société civile africaine entend se saisir de cet agenda de refondation de notre société globale vers un modèle plus durable. Il y aura notamment une table ronde qui rassemblera les acteurs de la société civile pour réfléchir ensemble à un certain nombre de solutions. Les structures locales camerounaises sont donc conviées à participer massivement à cette réflexion afin de créer des communautés d’intérêts et des espaces de discussion entre européens et africains. Au sortir du Forum, des projets et programmes clairs seront donc discutés et coconstruits pour être inscrits à l’agenda de la coopération en vue de leur concrétisation courant 2023. Je pense notamment à l’Institut Afrique Europe pour l’Innovation Verte dont la préfiguration devrait débuter à la suite du Forum. Sa mise sur pieds effective ferait du Cameroun et du Bassin du Congo le pôle d’excellence en matière de recherche-action, formation et accélération d’entreprises pour « écologiser » l’économie mondiale. Nous attendons également des mesures fortes des gouvernements en matière de volontariat, véritable instrument de paix et de sécurité dans le monde. 

 

Vous êtes à l’origine d’initiatives comme O.S.E.R l’Afrique ou The Okwelians, qui valorisent la jeunesse camerounaise et plus largement africaine. Pourriez-vous nous parler de ces projets et de comment ils s’articulent avec votre engagement ? 

En tant qu’avocat d’affaires, cela fait longtemps que je suis engagé à apporter ma contribution en accompagnant les décideurs publics et privés, aussi bien locaux qu’internationaux, pour construire la transformation économique du Cameroun et de la sous-région Afrique centrale. Mais on le sait, des barrières à l’engagement demeurent pour nombre de jeunes camerounais et il faut les lever. Aujourd’hui, la jeunesse représente sur notre continent plus de la moitié de la population. Elle doit aujourd’hui être connectée et outillée grâce à des soft skills et hard skills comme le leadership, la créativité et l’éthique, pour devenir des acteurs à part entière de cette transformation. La jeunesse doit influencer et impacter les décisions au niveau du continent. O.S.E.R l’Afrique s’adressait avant tout à la diaspora africaine, pour l’encourager à oser s'investir dans le développement du Continent africain. The Okwelians, en tant que Think Do Tank, apporte en complément une réponse locale, pour permettre de créer une masse critique de jeunes leaders camerounais engagés dans cette transformation. Nous y parviendrons, maintenant est venu le temps de l’Afrique ! 

L'institut français, LAB