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Julien Benayoun revient sur sa participation à la Design Week Mexico

La low-tech se propose donc de redécouvrir des technologies parfois oubliées mais qui gardent tout leur sens, pour proposer des solutions et un futur désirable, dans un monde dont les ressources ne sont pas infinies.

Invitée d’honneur de la Design Week Mexico du 10 octobre au 5 novembre 2023, la France a pu mettre en avant la riche tradition et l’avant-garde de son design grâce à une collaboration entre l'Ambassade de France au Mexique - Institut français d'Amérique latine (IFAL), l’organisation Mexico Territorio Creativo, l'Institut français et le Mobilier national. Julien Benayoun du studio Bold témoigne de son expérience au Mexique, où il a rencontré un vannier de la région de Querétaro. Le designer français s’est inspiré des savoir-faire locaux pour créer Apéro, un ensemble de mobilier qui évoque la rencontre entre les cultures et les matériaux. 

Publié le 08/01/2024

10 min

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Julien Benayoun
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Pourrions-nous revenir sur votre parcours de designer et sur les spécificités de votre studio, Bold ? 

J’ai cofondé l’agence Bold avec William Boujon, que j’ai rencontré à l’École Supérieure d'Art et de Design (ESAD) de Reims. Pendant une résidence Erasmus aux Pays-Bas, on a commencé à développer l’idée de collaborer ensemble. Avant de mener ce projet à bien, nous avons aussi eu chacun de notre côté des expériences professionnelles, au sein du bureau Mathieu Lehanneur dans mon cas. Puis nous avons véritablement commencé en tant qu’agence à Paris en 2009. Notre démarche au sein de Bold consiste avant tout à prendre en compte un ensemble de contraintes réelles pour aboutir à des solutions cohérentes et adaptées, et surtout à des projets qui soient alignés avec nos valeurs en termes d’innovation, responsabilité sociale et environnementale. Nous sommes assez complémentaires tous les deux, je suis un peu plus conceptuel et je m’occupe notamment de la communication, tandis que William a un bagage plus technique, il est très à l’aise dans les ateliers et avec tout ce qui concerne le développement des projets. 

 

La notion de low-tech est importante dans votre démarche, pourriez-vous nous parler de cette dimension de votre travail ? 

C’est un terrain qui nous intéresse beaucoup, en effet. On peut définir la low-tech comme un ensemble de techniques qui sont accessibles, facilement appropriables et durables. Elles intéressent beaucoup certains ingénieurs, qui vont par exemple délaisser des technologies de pointe et une automatisation inéluctable. Car on se rend bien compte aujourd’hui que cela a des limites, ne serait-ce que du point de vue de la dépense d’énergie, à l’heure où l’on parle d’Anthropocène. La low-tech se propose donc de redécouvrir des technologies parfois oubliées mais qui gardent tout leur sens, pour proposer des solutions et un futur désirable, dans un monde dont les ressources ne sont pas infinies. Nous avons participé nous-même, par exemple, à un projet qui consistait à redécouvrir comment stocker des aliments avec des systèmes dits de « réfrigérateurs passifs », c’est-à-dire de garde-mangers qui peuvent conserver les aliments sans être alimentés en énergie. 

Pour nous, les machines sont des outils qui doivent accompagner l’humain.

Quelle est la place des nouvelles technologies dans votre travail, et comment s’articule-t-elle avec cet aspect low-tech ? 

Pour prototyper des « réfrigérateurs passifs », on utilise en effet des imprimantes 3d, en l'occurrence au 8 Fablab dans la Drôme, région où j’habite désormais. Cela permet d’obtenir des choses qu’on ne peut pas créer à la main. Pour nous, les machines sont des outils qui doivent accompagner l’humain. Nous développons aussi des projets en faisant appel à des hautes technologies que nous utilisons avec recul et parcimonie. Nous collaborons aussi     avec une agence dans la Drôme qui s'appelle entreautre, qui récupère des déchets électroniques pour en faire d’autres objets fonctionnels. Il est effectivement difficile aujourd’hui de se passer de ces objets, mais on peut néanmoins les travailler autrement, en circuit court. 

 

Dans le cadre de la Design Week Mexico, vous avez été mis en relation avec le vannier Cirilo Martinez, de la région de Querétaro. Pouvez-vous nous parler de cette rencontre ? 

Nous avons été accueillis sur place par l'Ambassade de France et par l’équipe de la Design Week Mexico, mais aussi par d’autres organismes qui ont également cofinancé cette initiative. Nous avons pu nous imprégner de la culture locale, en visitant marchés, musées et d’autres éléments architecturaux notables. Ensuite, on a pu rencontrer le vannier Cirilo Martinez, avec qui nous avions été « matchés » en amont en raison de notre intérêt pour la fibre naturelle. Dans son atelier, Cirilo et sept autres artisans produisent des paniers traditionnels. Le temps d’échange a été assez court, mais heureusement nous avions déjà une idée assez précise en tête. Je lui ai donc parlé d’une collection de mobilier sur le thème de la rencontre entre la France et le Mexique. 

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Cirilo Martinez & Julien Benayoun
Cirilo Martinez & Julien Benayoun
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Vous avez ainsi réalisé quatre tabourets et une table de pique-nique intitulés Apéro. Pourriez-vous nous présenter ces pièces ? 

La notion d’Apéro fait référence à ces moments de rencontre informelle, que les Français apprécient beaucoup, et nous voulions aussi faire un clin d'œil au fait qu’une partie de la vie sociale au Mexique se déroule dans l’espace public, directement dans la rue. Nous avons donc créé ensemble des tabourets et un élément plus hybride pouvant servir de panier     , de table ou de plateau. Pendant notre visite, nous avons aussi été frappés par l’omniprésence du mobilier en plastique, qui d’ailleurs entoure les artisans qui travaillent avec des matériaux beaucoup plus traditionnels. L’idée était donc de s’inspirer de ces objets, qui sont souvent en plastique, mais de les réaliser avec des matériaux naturels et renouvelables qui existent déjà sur place. 

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A gauche : © bold-design / A droite : © Aurélien Chauvaud (pour Elle Deco)
A gauche : © bold-design / A droite : © Aurélien Chauvaud (pour Elle Deco)

Quels sont les savoir-faire que vous avez pu découvrir à cette occasion ? 

Cirilo a rapidement accroché à notre idée, et nous nous sommes tout de suite lancés dans des essais, ce qui m’a permis de mieux comprendre sa technique, ses possibilités et ses limites. A travers cet échange, ça s’est ensuite précisé à travers le dessin, puis la 3d, et j’ai pu décortiquer tous les éléments constitutifs de chaque objet, pour que je puisse lui communiquer à distance tous les éléments dont il avait besoin. Ce temps d’observation et d’échange a été important, et fait qu’aujourd’hui j’en sais beaucoup plus sur sa technique de vannier. 

 

Souhaitez-vous ajouter quelque chose sur cette expérience au Mexique ? Sur vos projets à venir ? 

Aujourd’hui, l’équipe de la Design Week essaye de voir si on peut aller plus loin que la production des prototypes pour l’exposition, et si on pourrait envisager de les éditer et de les vendre. Cela pose la question de savoir ce que cela impliquerait de les produire et de les vendre au Mexique, ou au contraire ici en France. D’autant plus que nous avons pensé à un design très local. 

L'Institut français

Acteur essentiel de la politique culturelle extérieure de la France, l’Institut français est placé sous la double tutelle du ministère de l’Europe et des affaires étrangères et du ministère de la Culture. Il assure deux missions fondamentales : 

  • Promouvoir la culture et la langue françaises dans le monde ; 
  • Œuvrer à la diversité culturelle dans le monde ; 

Pour cela, il travaille très étroitement avec le réseau culturel français à l’étranger dont il vise notamment à amplifier l’action. 

L'institut français, LAB