Lilian Chan
Lilian Lai Lai Chan s'attache à mettre l'art en valeur dans les espaces publics et à promouvoir le développement sur le long terme de la scène artistique chinoise contemporaine. En tant que senior manager au sein de la K11 Art Foundation à Hong Kong, elle participe à l'organisation d'événements culturels innovants dans toute la Chine et met en lumière l'œuvre d'artistes locaux et internationaux.
Mis à jour le 05/03/2020
10 min

Pourriez-vous nous en dire plus sur vos derniers projets et sur vos activités à Hong Kong ?
La K11 Art Fondation est une organisation à but non lucratif située à Hong Kong, reconnue d’utilité publique et fondée par le Dr Adrian Cheng en 2010. Notre mission est de promouvoir l’art contemporain chinois : nous créons de nombreuses expositions, des partenariats, des expositions, des résidences d’artistes, des missions de recherche, des projets d’édition et des programmes éducatifs, toujours en lien avec l’art.
Nous avons récemment organisé une exposition à l’occasion du « mois de l’art » de Hong Kong, qui a lieu chaque année en mars. Cela a été pour nous l'occasion de présenter quelque chose d’unique. Cette année, notre exposition s’intitulait « Glow Like That » : nous avons décidé de mettre en avant la lumière, comme phénomène naturel mais aussi comme produit des avancées technologiques. Seize artistes et collectifs de différents pays, dont la Chine, les États-Unis et le Japon, participaient à l’exposition, qui présentait une impressionnante sélection de peintures, de sculptures, d’œuvres vidéo et d’installations.
En ce moment, nous développons également plusieurs projets de résidences d’artistes en collaboration avec diverses institutions, dont la Royal Academy of Arts (Royaume-Uni). Enfin, nous discutons actuellement avec le gouvernement de Hong Kong pour chercher une manière de promouvoir et d’encourager les jeunes artistes afin de développer des programmes éducatifs officiels.
La K11 Art Foundation est également connue pour sa mise en valeur de l'art dans les centres commerciaux. Comment vous est venue cette idée ? Quelle est la réaction du public jusqu’à présent ?
L'idée de mêler shopping et musée vient de notre fondateur, le Dr Adrian Cheng, qui gère également l'activité de différents centres commerciaux K11. Il est convaincu que, dans chaque centre commercial, il devrait y avoir un espace dédié à l'art, pour le rendre plus accessible. Pour les visiteurs, c’est évidemment un lieu très pratique pour découvrir des œuvres qu’ils n’auraient peut-être jamais la possibilité de voir autrement. Quant à nous, notre objectif avec la K11 Art Foundation est d’organiser des expositions artistiques partout où nous le souhaitons, que ce soit dans les centres commerciaux ou ailleurs.
Vous avez récemment participé au programme « Focus médiation numérique et innovation culturelle » organisé par l’Institut français à Paris et à La Rochelle, en France, et vous avez eu l’occasion d’y rencontrer des acteurs internationaux de ces différents domaines. En quoi cela a-t-il influencé votre point de vue sur la relation entre la culture et le numérique ?
L’organisation de l’ensemble du programme « Focus » était très intéressante, tout comme la rencontre avec les 14 autres participants de différentes parties du monde et avec les acteurs français. Cet événement a donné lieu à des discussions et à des débats nombreux sur ce que nous devrions faire pour la médiation numérique. C'est une tendance que nous devons tous adopter, mais nous en sommes également arrivés à nous demander : dans quelle mesure avons-nous vraiment besoin de médiation numérique ? Elle peut être utilisée dans les musées, à des fins éducatives, pour l'art… Mais il s’agit surtout, à l’avenir, de trouver le bon équilibre. Comment s'intéresser au numérique tout en se rappelant que c’est un moyen d’enrichir nos créations, sans être submergés par cette technologie ? Cela dit, le « Focus médiation numérique et innovation culturelle » nous a permis de découvrir de nouvelles technologies qui pourront certainement contribuer à enrichir l’expérience des visiteurs. Les participants étaient tous très enthousiastes à l’idée d’inclure ces technologies dans de futurs projets !
Vous avez également été invitée à découvrir des dispositifs de médiation numérique in situ, au sein de musées et de centres culturels parisiens. Pouvez-vous nous en dire plus sur un projet que vous avez particulièrement apprécié ?
Nous avons eu l’occasion de visiter différents musées et centres culturels dont l’Atelier des Lumières, la Conciergerie, le Petit Palais et le Grand Palais. Chacun d’entre eux a une approche différente de la médiation numérique. Personnellement, j’ai été très impressionnée par l’Atelier des Lumières et par son expérience immersive, non seulement numérique, mais également conçue comme une production théâtrale, ce qui est aussi innovant que créatif et très spécifique au site. Les projections interagissent avec l’espace environnant lui-même, ce qui m’a paru assez intéressant.
Avez-vous également découvert des initiatives intéressantes provenant d’autres pays que vous aimeriez partager avec nous ?
Lors de la présentation « Focus », j’ai été très impressionnée par certaines réalisations mises en valeur par le projet d’art public du Partenariat du Quartier des spectacles de Montréal, qui associent technologie de la lumière, médiation et événements artistiques dans des espaces publics. Une grande attention semble portée à la manière dont le public interagit à la fois avec les œuvres d’art et avec d’autres personnes, ce qui se traduit par des expériences à 360° très réussies.
Quelles sont les principales similitudes et différences entre Hong Kong et la France concernant la manière dont nous abordons la culture et l'innovation ?
À l’heure de la mondialisation, les différences entre les cultures sont souvent de moins en moins nombreuses, mais la France possède une tradition culturelle bien ancrée, tout comme son peuple. J'ai pu observer de nombreuses innovations, qu'elles soient artistiques ou éducatives, et j'espère vraiment que Hong Kong pourra apprendre de la France, notamment en développant de plus en plus de programmes éducatifs pour attirer les jeunes générations, qui sont déjà fascinées par la technologie et l'innovation.
Quel est votre prochain projet à Hong Kong, ou même à l’étranger ?
Nous avons de nombreux projets en préparation, mais je ne peux rien dévoiler à ce stade. Nous allons toutefois disposer d'un nouveau lieu pour organiser des expositions à Hong Kong et nous espérons également développer davantage de collaborations entre Hong Kong et d'autres villes de Chine. À suivre.
Si vous aviez un projet idéal pour l’avenir, quel serait-il ?
J'adorerais porter un projet qui attire le milieu artistique aussi bien que le grand public. En s’appuyant sur le réseau du groupe K11, notre Fondation atteint le public de multiples façons, que ce soit à travers les espaces d’art dans les centres commerciaux ou sur nos réseaux sociaux… J’aimerais que nous puissions créer un projet d’intégration en ligne et hors ligne, qui impliquerait toutes les équipes K11 dans différentes villes de Chine et qui serait comme une extension de notre exposition principale : il pourrait toucher notre public, dans tout le pays, mais aussi au niveau international, sur internet. Ce serait formidable !

Lilian Chan a participé en juin 2019 au Focus médiation numérique organisé par l’Institut français qui vise à favoriser l’export des expertises françaises à l’international. En savoir + sur le Focus médiation numérique.