de rencontres
Rencontre
Livre

Nathalie Donikian nous présente les « Rendez-vous de l'édition jeunesse en Méditerranée »

Le SLPJ a vraiment pour vocation d’ouvrir les chemins vers la lecture aux enfants et aux jeunes.

Directrice littéraire du Salon du livre et de la presse jeunesse de Seine Saint Denis (SLPJ), Nathalie Donikian revient sur sa participation à la programmation « Livres des deux rives » à Casablanca en décembre 2024. Elle évoque également le lancement des « Rendez-vous de l'édition jeunesse en Méditerranée », un partenariat entre l’Institut français et le SLPJ, avant de s'intéresser aux enjeux actuels du Salon. 

Mis à jour le 18/02/2025

5 min

Image
Nathalie Donikian
Crédits
Nathalie Donikian © DR

Vous êtes directrice littéraire du Salon du livre et de la presse jeunesse de Seine Saint Denis (SLPJ), qui vient de fêter son 40e anniversaire. Pouvez-vous revenir, dans les grandes lignes, dans les grandes lignes, sur la vocation de ce salon ? 

En quelques mots, notre association organise le Salon du livre et de la presse jeunesse mais aussi beaucoup d’autres actions, avec le Parc d’attractions littéraires, l’Éducation artistique et culturelle, l’action sociale en direction des plus démunis, la démocratisation culturelle, ainsi qu'un travail en lien avec la chaîne du livre. Elle est financée majoritairement par le Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis mais porte également, avec le ministère de la culture, de nombreuses initiatives sur l’année. Notre priorité est d’offrir le meilleur de la littérature jeunesse aux enfants, à tous les enfants quels qu’ils soient. Le Salon a vraiment, lui, pour vocation d’ouvrir les chemins vers la lecture aux enfants et aux jeunes avec l’idée d’aiguiser l’appétit, de susciter des envies, de travailler aussi la relation avec le livre sous des formes plurielles. Cet événement impulse grâce à toute une chaîne du livre très engagée l’énergie nécessaire pour aller de l’avant. 

 

En décembre dernier, vous avez participé, à Casablanca, à la programmation du projet “Livres des deux rives”, qui soutient le dialogue entre les sociétés civiles des rives Nord et Sud de la Méditerranée par des actions de coopération autour du livre. Comment avez-vous pris part à cette aventure ? 

Cela fait un certain temps que nous travaillons avec l’Institut français sur différents projets de valorisation de l’édition jeunesse, mais aussi de valorisation de la création. Il y a eu plusieurs projets comme les Pépites internationales, qui sont liées à nos prix littéraires, mais aussi notre participation aux Saisons mises en œuvre par l’Institut français. Le Salon a, dès lors, été sollicité par « Livres des deux rives » pour participer à ce projet des rendez-vous de l’édition jeunesse en Méditerranée. Nous avons été intéressés par le travail à mener dans le secteur éditorial jeunesse et j’ai donc pris part à cette proposition avec un croisement de deux projets : une invitation faite par le Salon International du Livre Enfant et Jeunesse (SILEJ) de Casablanca, d’une part, qui en était à sa deuxième édition, et de premières rencontres pour ces rendez-vous de l’édition de jeunesse dans le cadre de Livres des deux rives, d’autre part. L’idée est que cela puisse être un projet au long cours, qui s’inscrit profondément dans les relations entre acteur·rices de la chaîne du livre. 

Cela fait un certain temps que nous travaillons avec l’Institut français sur différents projets de valorisation de l’édition jeunesse, mais aussi de valorisation de la création.

Quels ont été les temps forts de ce dispositif ? Quels souvenirs gardez-vous de ces temps d’échanges entre tables rondes et visites ? 

Ce sont des temps d’observation, de discussions entre les différents partenaires, mais aussi avec les autres participants du programme. Ce sont également des temps de compréhension des enjeux, à la fois du côté du marché éditorial jeunesse marocain, tunisien et libanais, et des enjeux autour de la création. En effet, la création du côté illustration ou texte dans l’édition jeunesse méditerranéenne mérite d’être valorisée. Ce sont des temps de découvertes assez poussés sur les volontés qui animent les professionnels, ainsi que les freins qu’ils rencontrent, les envies qu’ils ont et les difficultés auxquels ils sont confrontées par rapport au marché, par rapport au public. Il s'agissait également d’un temps de découvertes des aventures éditoriales en cours, et d'ouvertures vers ce qu’on pourrait imaginer. 

 

En partenariat avec l’Institut français, le Salon du livre et de la presse jeunesse de Seine Saint Denis (SLPJ) lance les “Rendez-vous de l’édition jeunesse en Méditerranée”. Comment est né ce projet et de quelle manière va-t-il se dérouler ? 

C'est une sollicitation de l'Institut français dans le cadre du programme « Livres des deux rives ». En recevant cette proposition, je me suis demandée comment on pouvait développer des projets de coopération pour renforcer lae connaissance mutuelle des acteurs, dans un esprit de réciprocité, et quels apports pouvaient être imaginés, aussi bien du côté des éditeurs méditerranéens que des éditeurs français. Ce qui est intéressant, c’est que le Salon participe de cette philosophie par rapport au public qu’on accueille, aux réflexions qu’on peut avoir sur une ouverture plus large de l’édition de jeunesse et la possibilité d’ouvrir aussi au monde et à sa compréhension. Concernant les « Rendez-vous de l’édition jeunesse en Méditerranée », l'idée est de travailler par étapes, autour de rendez-vous réguliers avec les participants pour poser un diagnostic des besoins et des envies, valoriser la création contemporaine méditerranéenne, réfléchir ensemble pour construire et travailler à des propositions qui aient du sens pour les uns et les autres. Le salon 2025, qui va se dérouler du 26 novembre au 1er décembre, sera l’une de ces étapes pour les acteurs du livre, aussi bien illustrateurs, auteurs ou éditeurs, qui participeront à ces rendez-vous. 

La création du côté "illustration" ou "texte" dans l’édition jeunesse méditerranéenne mérite d’être valorisée.

Quel regard portez-vous sur l’évolution du salon, devenu une référence du genre en Europe, au fur et à mesure des années ? 

Je suis toujours très enthousiaste d'années en années : je suis toujours aussi optimiste et je conserve l'envie d'en être par tout ce qu'il dégage. On sent, de la part des éditeurs, des créateurs et des publics, une somme d'énergies, qui est suffisamment forte pour qu’on ait envie de continuer à le développer et à réfléchir d'après tout ce que l'on voit dans cette manifestation. Ce salon a quelque chose de particulier, car il est un point de départ, peut-être aussi un point d’étape ou d’aboutissement des différents projets qu’on met en place durant l’année. Il serait complètement différent si l'on ne faisait qu’un salon « de vente d’ouvrages » puisque c’est, à la fois, une grande vitrine de l’édition, mais aussi un festival artistique et littéraire où on expérimente et invente. 

 

Comment envisagez-vous l’avenir pour le Salon du livre et de la presse jeunesse de Seine Saint Denis (SLPJ) ? À quels défis va-t-il être confronté ? 

Il est forcément confronté chaque année à de nouveaux défis puisqu’on suit un peu le mouvement de la société. Nous voulons qu’il puisse procurer toujours autant de plaisir, d’énergie, de dynamisme avec l’ensemble de ces professions qui œuvrent pour offrir le meilleur aux enfants et aux jeunes. En participant à ces grands mouvements sociétaux, le salon est un carrefour de réflexion, d’action, dans un même niveau d’exigence pour permettre l’accès à la littérature jeunesse de toutes et tous. Parmi nos défis, il faut continuer à travailler cette question de la démocratisation culturelle, de l'accès aux livres en rendant la manifestation de plus en plus inclusive, de plus en plus créative, en étant en contact direct avec ces publics que nous accueillons. Comme tout n’est pas gagné, on s'interroge sur le sens que nous offrons et les nouveaux dispositifs de médiation pour rendre le livre plus accessible encore et pour permettre cette rencontre au sommet entre la littérature et les enfants. Il y a plusieurs champs à défricher, que ce soit du côté du handicap, du plurilinguisme, de la manière dont on travaille avec ces publics qui peuvent être intimidés par le monde du livre, et ce qui nous encourage, c’est aussi d’aller vers cette accessibilité la plus grande possible. Il est vrai que la littérature jeunesse a cette particularité de travailler les mots et les images en même temps. C’est un formidable terreau pour travailler à cette accessibilité. L’ensemble des actions que nous menons toute l’année y contribue parce qu'on joue avec les images, avec les textes et que l'on élargit ainsi les chemins vers la lecture. Il y a encore des choses à faire et c’est ce qui motive et qui donne du sens à notre travail. 

Le programme "Livres des deux rives"

Issu du Sommet des deux rives, financé par le Fonds Équipe France du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, le programme Livres des deux rives est piloté par l’Institut français. Sa première phase (2021-2023) impliquait le Maroc, l’Algérie et la Tunisie. En 2024, Livres des deux rives a lancé sa seconde phase et s’est ouvert au Liban et à l’Égypte. 

Ce projet vise à soutenir le dialogue entre les sociétés civiles des rives Nord et Sud de la Méditerranée par des actions de coopération autour du livre. 

En savoir plus 

L'institut français, LAB