Retour avec Jean-Baptiste Durand et Benoît Jaoul sur la tournée sud-américaine du film "Chien de la casse"
Respectivement réalisateur et directeur photo du film Chien de la casse, Jean-Baptiste Durand et Benoît Jaoul reviennent d'une tournée en Amérique du Sud dans le cadre du partenariat entre l'Institut français et le Festival Premiers Plans d'Angers. Ils nous racontent cette expérience, les rencontres faites durant les projections du film, tout en évoquant leurs futurs projets.
Mis à jour le 05/12/2024
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Vous avez travaillé ensemble sur Chien de la casse, le premier film de Jean-Baptiste, sur lequel Benoît est directeur de la photographie. Comment est née votre collaboration ?
Benoît Jaoul : Nous nous sommes rencontrés sur le pilote d'une série, à l'époque où j'étais encore assistant caméra et Jean-Baptiste, machiniste. Par la suite, on s'est retrouvé sur des projets de publicités et de longs métrages, puis, de fil en aiguille, un lien d'amitié s'est tissé et nous avons commencé à collaborer ensemble sur le clip d'Eli, Solitaire.
Jean-Baptiste Durand : Notre lien s'est créé petit à petit et j'ai eu le désir, en tant que réalisateur, de rencontrer Benoît comme chef opérateur puisque l'on parlait beaucoup de lumière et de films. Il y avait une affinité, qui me donnait l'intuition que ça pouvait être la bonne personne pour m'accompagner sur mes premiers films. Chien de la casse représente le fruit de dix ans de partenariat sur les courts métrages : il était évident que nos collaborations avaient été payantes sur les courts et que Benoît devait être derrière l'image du long.
Vous revenez d’une tournée en Amérique du Sud, en Équateur et en Colombie, réalisée dans le cadre du partenariat entre l’Institut français et le Festival Premiers Plans d’Angers. Pouvez-vous nous décrire le projet à l’origine de ce voyage ?
Jean-Baptiste Durand : J'ai reçu la proposition après le Festival Premiers Plans d'Angers, le premier à avoir accueilli Chien de la casse. On m'a offert la possibilité de faire une tournée sur un continent avec le film et il s'est avéré que l'Amérique Latine a été choisie. Je devais venir avec l'un des talents du film, mais personne n'était disponible parmi mes comédiens. La première personne à qui j'ai pensé a donc été Benoît, par amitié, pour cette longue collaboration, mais aussi en songeant au voyage à partager. J'ai fait beaucoup de projections avec mes comédiens et ma productrice, cela représentait également un geste vers quelqu'un qui est important dans le travail du film.
Votre film, Chien de la casse, a pu être présenté plusieurs fois durant cette tournée, lors de projections qui s’intégraient dans les programmations de grands festivals locaux. Comment le film a-t-il été accueilli ?
Benoît Jaoul : Il y a eu un accueil chaleureux avec beaucoup d'échanges intéressants, notamment auprès des jeunes. Ils ont même été parfois plus réceptifs qu'en France avec des questions précises sur la mise en scène et le cadre. Je me rappelle aussi que de nombreux spectateurs nous demandaient pourquoi nous avions fait certains choix particuliers pour la fin du film.
Jean-Baptiste Durand : Il a été très bien reçu. J'avais pourtant quelques inquiétudes au moment de le présenter dans certains milieux, par exemple les favelas : je me disais que mes petits problèmes pourraient leur paraître bien dérisoires, mais ça s'est très bien passé. Les Colombiens ont un rapport très fort aux chiens, il y a des magasins de toutous partout dans les rues, c'est assez impressionnant. Chien de la casse a été très peu vu à l'étranger et c'était chouette de voir qu'il pouvait avoir un côté universel, être apprécié par un public différent culturellement. chi
Vous avez pu réaliser des ateliers et des rencontres avec des étudiants en cinéma. Quels souvenirs gardez-vous de ces échanges ? Avez-vous un moment marquant à nous partager ?
Benoît Jaoul : Je vais me répéter, mais ils m'ont semblé beaucoup plus investis qu'en France sur les échanges. Je me souviens notamment, au Lycée français La Condamine en Équateur, qu'ils participaient beaucoup et posaient des questions intéressantes. Il y avait quelque chose de pédagogique et de très touchant.
Jean-Baptiste Durand : Je serais moins dur avec les Français, mais c'est vrai qu'il y a un peu moins de timidité. Ils savaient que l'on venait de loin et ils se rendaient sûrement compte de la chance qu'ils avaient d'avoir des professionnels avec qui échanger. J'étais assez scotché que le film puisse toucher des gens qui ont une vie très différente. Alors que j'avais été attristé que Chien de la casse ait peu de visibilité à l'international, c'était fantastique de voir ce lien et cet impact sur la jeunesse, mais aussi le public.
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Quel regard portez-vous sur cette jeune génération désireuse de se lancer dans le cinéma ?
Jean-Baptiste Durand : Pour la génération actuelle, tout a changé dans le rapport à l'image, mais aussi à la manière de les réaliser et d'accéder aux outils. Je ne dis pas que c'était mieux ou non avant, mais plutôt qu'il faut toujours de la sincérité, ainsi que de l'abnégation pour faire des films et les porter sur grand écran. Beaucoup ont envie de devenir réalisateur, mais durant nos parcours, on découvre d'autres métiers du cinéma, qui sont tout aussi passionnants, comme l'image, la machinerie, le son, la musique ou encore le montage. Le proverbe dit qu'il faut « avoir des rêves suffisamment grands pour continuer à les voir même quand ils s'éloignent » et, en effet, c'est un parcours tellement long que c'est toujours joyeux de voir des jeunes qui aiment le cinéma. Le plus important reste de faire les choses pour les bonnes raisons et de vouloir raconter quelque chose, que ce soit politique, humain ou poétique.
Chien de la casse a reçu le prix du public au Festival Premiers Plans d’Angers en 2023. Entre cette reconnaissance et votre récent partenariat, avez-vous tissé un lien spécial avec ce festival ?
Jean-Baptiste Durand : Chien de la casse est un film qui n'a pas du tout été soutenu par les gros festivals comme Cannes, Berlin, Venise ou encore tous les festivals essentiels pour espérer avoir une vie en salles quand on fait un premier film d'auteur. Le Festival Premiers Plans d'Angers a offert une chance à ce film et je serai reconnaissant à vie. Sans ce festival, tout aurait été complètement différent et, si ça se trouve, personne n'en aurait entendu parler. C'est un vrai festival d'activistes, de passionnés, et je ne les remercierai jamais assez de la chance laissée au film. Il y a, en plus, une espèce de pérennité puisque j'ai participé aux talents ADAMI et que nous avons pu continuer à collaborer ensemble sur cette tournée.
Quels sont vos projets respectifs ? Avez-vous envie de retravailler ensemble sur un prochain long métrage ?
Benoît Jaoul : Je suis en train de finir mon congé paternité avant de reprendre des projets en série.
Jean-Baptiste Durand : Je travaille sur un film comme acteur et j'écris un deuxième long métrage que j'espère tourner dans de bonnes conditions. Il est évident que j'ai envie de collaborer avec Benoît sur ce second projet, mais on ne sait jamais de quoi la vie sera faite. Tant qu'il y a du plaisir à travailler ensemble, à sortir respectivement de notre zone de confort et que l'on s'améliore, c'est un grand oui.
L'Institut français participe à diffuser Chien de la casse à l'international avec sa plateforme IFcinéma, qui met à disposition 2 catalogues - un catalogue de films français (Cinéma français) et un catalogue de films africains de la Cinémathèque Afrique - pour l’organisation de projections de cinéma, publiques et non-commerciales partout dans le monde (hors France). IFcinéma s’adresse au réseau des établissements culturels français à l’étranger, (Instituts français, Alliances Françaises, SCAC, etc..) à ses partenaires (festivals, médiathèques, salles de cinéma, ciné-clubs, etc.) ainsi qu’aux enseignants.