The Rodeo s’apprête à partir en résidence au Vietnam
Lauréate de la Villa Saigon de l’Institut français du Vietnam, la chanteuse-interprète The Rodeo s’apprête à entamer une résidence de six semaines au Vietnam avec le soutien de l’Institut français – IF Export. L’occasion de collaborer avec des artistes locaux et de réaliser une tournée de concerts dans le pays.
Mis à jour le 17/04/2023
5 min
Pourriez-vous nous rappeler votre parcours ? Quand avez-vous décidé de vous consacrer totalement à la musique ?
Je suis venue à la musique un peu par hasard : je ne viens pas d’une famille de musiciens. Mais j’ai toujours penché vers le spectacle, je faisais de la danse quand j’étais petite. Adolescente, mon oncle m’a donné une guitare qui traînait dans son grenier et ça a été la révélation. J’ai appris à jouer de façon autodidacte et je suis devenue très mélomane, j’ai beaucoup fréquenté les concerts en me disant qu’un jour ce serait moi sur scène. J’ai eu des groupes dès le lycée, ce qui m’a aussi permis de sortir de ma coquille, car j’étais quelqu’un de très timide. De fil en aiguille, j’ai eu un premier groupe qui a sorti des disques mais qui a eu un peu de mal à sortir de l’anonymat. Avant de me lancer dans un projet solo sous le nom de The Rodeo, et d’avoir la chance de signer en maison de disques.
Vous profiterez en mai et juin d’un temps de résidence à la Villa Saïgon de l’Institut français du Vietnam. L’un de vos projets sur place est d’enregistrer des chansons arrangées avec des instruments vietnamiens mêlés à des sons d’ambiance (marchés, motos, urbanisation) mais aussi d’enregistrer, en studio à Ho-Chi-Minh-Ville, avec des musiciens locaux. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet ?
Je suis déjà allée au Vietnam par le passé, notamment pour faire la promotion de concerts que je devais y donner et qui ont été annulés à cause du Covid. Je collabore souvent à l’étranger avec d’autres artistes, c’est quelque chose qui m’apporte beaucoup. Au-delà du fait de jouer à l’étranger, être en immersion dans une culture est encore plus bénéfique. Par le passé j’ai par exemple travaillé avec des artistes taïwanais. Au Vietnam, je vais également collaborer avec des musiciens locaux, et enregistrer des sons d’ambiances, à la fois urbains mais aussi naturels, pendant une résidence de six semaines. A la fin de ce temps, les musiciens qui m’accompagnent en tournée vont me rejoindre et nous donnerons cinq concerts à travers le pays pour présenter notre nouvel album Arlequine.
Pour vous qui êtes d’origine vietnamienne, que représente cette tournée ?
L’Asie me tient particulièrement à cœur, d’une part en raison de mes origines vietnamiennes, mais aussi parce que j’aime me fondre dans un pays, ne pas être que de passage et vivre au rythme local. J’ai récemment passé six semaines dans une famille à Taïwan, et cela m’a beaucoup apporté pour créer. Les dialogues avec les gens m’inspirent dans ma musique. Cette résidence à la Villa Saïgon est particulière pour moi, car ma famille est à moitié vietnamienne, et cela va me permettre d’imaginer ce qu’était leur vie ici. Beaucoup d’émotions vont donc se dégager de cette résidence.
Vous avez commencé votre carrière en chantant en anglais, avant d’opter pour le français. Comment cela impacte-t-il votre carrière à l’international ?
Mes deux premiers albums sont en effet chantés en anglais, ce qui m’a permis de jouer dans beaucoup de pays à l’étranger. Mais en passant au français à l’occasion du troisième, cela a créé une ouverture, un engouement que je n’avais pas avant. Je me suis rendu compte que le français, loin d’être une barrière, s'exportait très bien. Il y a peut-être quelque chose d’un peu fantasmé là-dedans, puisque ma musique évoque d’une certaine manière des grands artistes du passé et de la chanson française.
Pourriez-vous nous expliquer le titre de l’album, et ce que représente pour vous la figure de l’arlequin ?
J’ai féminisé le nom Arlequin, qui d’ailleurs n’est pas si éloigné de mon nom de famille (Hannequin ndlr). Au-delà du personnage tel qu’on le connaît, à la fois amuseur et bouffon, c’est une figure qui a beaucoup de facettes. C’est une personnalité multicolore, aux multiples aspects, il est bien plus intelligent et sensible qu’on ne le croit. Il représente un disque que j’ai pensé comme une série de portraits de femmes, en mélangeant le vrai et la fiction. Certaines choses sont inspirées de ma vie et d’autres complètement inventées, comme d’autres moi possibles. Il y a par exemple un titre sur l’album, La coupe est pleine, qui parle d’une femme très jalouse, ce qui est à l’opposé de ma personnalité. Les femmes qui sont décrites dans ce disque sont tantôt mélancoliques, fortes ou amoureuses : tout cela pourrait effectivement représenter une seule et même personne.
Qu’avez-vous voulu raconter avec Arlequine ? Où avez-vous puisé vos inspirations musicales pour cet album ?
En ce qui concerne la chanson française, il s’agit plutôt d’une inspiration sixties et seventies, avec des arrangements assez chaleureux, beaucoup de cordes et de cuivres dans la continuité des deux albums précédents. Des inspirations brésiliennes, aussi, sur un titre comme Praia Vermelha. Il y a aussi une touche un peu plus eighties, avec des sonorités électro qu'on n'avait pas l’habitude d’entendre dans ma musique, et des textes très frontaux. Il y a des titres assez délicats et d’autres beaucoup plus rentre-dedans. Ce sont un peu des montagnes russes, avec des émotions très différentes : envolées, accalmies, moments de puissance, tout cela se mélange sur un disque de 35 min, assez court mais aussi très dense.
Comment avez-vous travaillé pour l’enregistrer ?
Je travaille depuis plusieurs années avec les mêmes musiciens, qui m’entourent et qui sont aussi mes amis. Je pars toujours d’une mélodie, qui amène dans un second temps un texte. Depuis plusieurs années, je me suis mise au piano, et c’est souvent comme ça que tout commence. Je travaille ensuite les arrangements, notamment avec Mathieu Geghre, qui s’occupe des cuivres et des cordes. Je suis en général entourée de personnes qui m’accompagnent depuis longtemps et dont j’admire le travail.
Souhaitez-vous ajouter quelque chose ou nous parler d’une autre actualité ?
Je suis en tournée depuis le mois de septembre. Après un premier tour de chauffe, nous repartirons sur les routes cet été et à l’automne. Nous irons aussi au Canada, en Allemagne, et j’espère dans d’autres pays d’Asie.
Dates de la tournée au Vietnam
16.06.23 à Hô Chi Minh-Ville - Institut d’Échanges Culturels avec la France
18.06.23 à Da Lat - Ana Mandara
21.06.23 à Hanoi - Polygon musik
22.06.23 à Da Nang - Fête de la musique
23.06.23 à Hue - Académie de musique de Hue