Tiago Guedes, à l’origine de projets inédits dans le cadre de la Saison France-Portugal 2022
Récemment nommé à la tête de la Maison de la Danse et de la Biennale de la Danse de Lyon, le chorégraphe portugais Tiago Guedes revient avec nous sur la programmation de la Saison France-Portugal 2022 en ce mois d’octobre. Il a encouragé plusieurs collaborations inédites entre danseurs des deux pays. Des projets à découvrir au théâtre national de Chaillot et à La Manufacture – CDCN de Bordeaux.
Mis à jour le 13/10/2022
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Pourriez-vous revenir rapidement avec nous sur votre parcours ? Comment avez-vous rencontré la danse ?
Je l’ai étudiée à l'École Supérieure de Danse de Lisbonne, avant d’entamer un parcours de chorégraphe qui a duré de 2002 à 2013. L’année suivante, j’étais nommé à la tête du Théâtre Municipal de Porto. Depuis, je me consacre entièrement à la programmation et à la gestion de projets culturels. Dans ce contexte, j’ai également créé un nouveau festival de danse et un centre de recherches chorégraphiques à Porto. Depuis ma récente nomination à Lyon, je commence une nouvelle aventure, et je me projette aussi vers l’avenir, avec la création des futurs Ateliers de la Danse, qui seront inaugurés en 2025.
Après avoir été danseur, chorégraphe, et avoir dirigé une institution reconnue internationalement comme le Théâtre Municipal de Porto, vous venez d’être nommé directeur de la Maison de la danse et de la Biennale de la Danse de Lyon. Que signifie pour vous cette nomination ?
Quand j’ai décidé de candidater à Lyon, c’est avant tout parce que je souhaitais me projeter dans des enjeux complètement différents, à une toute autre échelle. La Maison de la Danse est l’un des seuls théâtres en France, avec Chaillot, qui ne présente que de la danse, et auquel est associé l’un des plus grands événements mondiaux, la Biennale de la Danse. On y voit près de 70% de nouveaux spectacles, créés pour l’occasion. Les Ateliers de la Danse, qui vont bientôt compléter la Maison de la Danse, permettront également de penser une danse qui soit accessible à toutes et tous. C’est donc un contexte très spécifique, notamment grâce à son socle patrimonial lié à ce qui a été mis en place par mes prédécesseurs, d’abord par Guy Darmet puis par Dominique Hervieu. Après tout, je ne suis que le troisième directeur de ce lieu depuis près de quarante ans. Je voudrais donc tenter de réaliser la synthèse de leur héritage, tout en me projetant vers l’avenir. La danse est aujourd’hui une discipline très hybride, très connectée avec d’autres pratiques, comme l’art contemporain ou le hip hop. C’est donc à mes yeux « un contexte » plutôt qu'une discipline. Cette idée sera le point de départ de ma programmation.
Quels seront les autres grands axes de votre direction ? Quel sera par exemple le rôle dévoué aux Ateliers de la Danse au sein de ce dispositif ?
Le projet des Ateliers de la Danse a été pensé avant mon arrivée, pour offrir un vrai complément à la Maison de la Danse. Cette dernière compte une grande salle de près de mille places et un studio. C’est donc un grand théâtre, mais avec peu d’espaces différents pour la recherche, et pour présenter le travail des artistes. Les futurs Ateliers de la Danse seront constitués de nombreux plateaux, dédiés à la recherche, au travail avec les amateurs, avec les publics scolaires, aux résidences, mais aussi d’une salle de création de près de quatre cents places. Les artistes pourront donc y peaufiner leurs créations dans tous les détails, et les jouer pour la première fois devant le public dans de bonnes conditions. Ces nouveaux locaux feront partie d’un nouveau quartier, l'Îlot Kennedy, et seront à proximité d’un gymnase, d’une piscine, d’un centre scolaire, ce qui est vraiment idéal pour ramener la danse au cœur d’un véritable tissu urbain. Ce ne sera donc pas seulement une extension de la Maison de la Danse, mais un nouvel espace complet à part entière.
La rentrée voit une importante programmation dans le cadre de la saison France-Portugal 2022, avec un rôle particulièrement important accordé au Teatro Municipal do Porto. Quel est pour vous le sens de ce rapprochement ?
Avant même mon arrivée à la Maison de la Danse, j’avais déjà été sollicité par plusieurs partenaires français pour mettre au point ce projet. Avec le Teatro Municipal do Porto, nous avions des relations très fortes avec plusieurs compagnies et institutions françaises. C’était donc une forme de continuation, avec cette fois-ci des moyens qui nous donnent la possibilité d’imaginer tous ensemble des projets croisés, en faisant collaborer des artistes français et portugais. Je pense à la compagnie Dançando Com Diferença, qui présentera deux spectacles à Chaillot : une pièce de Marlene Monteiro Freitas, et une autre de François Chaignaud. Ou au travail initié avec la Manufacture de Bordeaux, où va intervenir Marco da Silva Ferreira avec des artistes français. Il ne s’agit donc pas seulement d’une programmation internationale, mais de véritables échanges et de nouvelles complicités entre les artistes. Cela nous permettra aussi de donner une vitrine à des jeunes artistes encore peu repérés en France, que nous avions déjà accompagnés à Porto.
Pour cette rentrée, vous avez notamment porté la programmation du Focus Portugal au théâtre national de Chaillot. Quels étaient les temps forts de ce cycle qui a eu lieu du 5 au 9 octobre ?
J’ai proposé à Rachid Ouramdane des artistes pour qui j’avais un vrai coup de cœur, et dont je savais aussi qu’ils pourraient investir des espaces non dédiés, comme le foyer de Chaillot. Avec son équipe, ils ont donc imaginé un parcours autour de Marlene Monteiro Freitas, en collaboration avec la compagnie Dançando Com Diferença, et de Marco da Silva Ferreira et Amala Dianor, cette fois avec la compagnie Via Katlehong. Dans ce dernier cas, il s’agissait de deux spectacles différents présentés par la même compagnie. On retrouva également des propositions d’Ana Isabel Castro, de Vera Mantero et Gabriel Godoi, ou encore du duo Jonas & Lander.
À partir du 17 octobre, c’est à Bordeaux et à Porto que se déploiera le programme Danse Dança Bordeaux Porto. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Du 17 au 22 octobre, deux pièces seront programmées à Bordeaux : Siri, de Marco Da Silva Ferreira et Jorgé Jérôme, qui est cinéaste, et la pièce Hark ! de Luísa Saraiva et Senem Gökçe Oğultekin, basée sur la voix. Il s’agit donc d’une programmation particulièrement hybride. En parallèle, du 24 au 29 octobre, Rideau d’Anna Massoni et 22 actions faire poème de la compagnie La Tierce seront présentés au Théâtre municipal de Porto.

L'Institut français met en oeuvre, pour la partie française, la Saison France-Portugal 2022.