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ça va ça va le monde !
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© Christophe Raynaud de Lage

"ça va ça va le monde !" au Festival d’Avignon, du 11 au 15 juillet 2021

Avec le cycle de lectures « ça va ça va le monde ! », RFI fait entendre dans l’enceinte d’Avignon et sur ses antennes des autrices et auteurs qui écrivent en Afrique ou en Haïti et dont les textes restent encore inédits hors de leur territoire.

Publié le 02/07/2021

5 min

Pour cette 9eme édition, « ça va ça le monde ! », propose une programmation ouverte à la diaspora et à l’Afrique multilingue. Les créations sont à entendre tous les matins dans la Cour du Lycée Vincent de Paul, à Avignon, et sur les ondes de RFI au cours de l’été, du 11 au 15 juillet 2021.

Programme

11 juillet à 11h - La Cargaison, de Souleymane Bah (Guinée)

Lecture par Serge Yéroné Koto, Vincent Minne, Nadège Ouedraogo.  Création sonore : Pierre-Alexandre Lampert

Une cargaison de morts erre dans la ville. A son bord, les victimes d’une répression policière aveugle. Écrite après les manifestations sanglantes d’octobre 2019 à Conakry, cette pièce polyphonique donne la parole aux cadavres, au corbillard mais aussi aux balles pour dire l’absurdité de la mort de masse. Une écriture sans concession, tantôt violente et désespérée, tantôt lyrique où la tragédie a le premier et le dernier mot : ça rafale, ça s’affale, ça mord, ça meurt ! 

Journaliste, citoyen politiquement engagé, Souleymane Bah dit être entré dans l’écriture théâtrale par effraction.  Son premier texte Danse avec le Diable (lu dans le cycle RFI 2019) date de 2015 et dénonce déjà la folie des régimes politiques où toute démocratie est confisquée.  Exilé en France depuis fin 2016, il poursuit son travail d’auteur avec Jamais deux sans proie, Diata, puis avec La Cargaison couronnée par le Prix RFI Théâtre 2020. Accompagné par l’Atelier des artistes en exil, et bénéficiant de nombreuses résidences liées à la bourse NORA et au prix RFI, Souleymane Bah poursuit son exploration de l’absurdité du monde avec la trilogie consacrée à la violence que l'homme est capable d'infliger pour conquérir ou confisquer le pouvoir. Il a créé sa pièce Danse avec le Diable, Sur la pelouse d'Hakim Bah, Les châteaux de la ruelle de Bilia Bah et mis en scène plusieurs textes de Koffi Kwahulé. La Cargaison sera créée en 2022 aux Zébrures d’automne à Limoges dans une mise en scène de l’auteur.

 

12 juillet à 11h - Nuit de veille, De Kouam Tawa (Cameroun)

Lecture par Aminata Abdoulaye, Tom Adjibi, Vincent Minne, Babetida Sadjo, Ibrahima Diokine Sambou, Sophie Sénécaut.

C’est le cinquantenaire de l’Indépendance dans un village d’Afrique. Le pouvoir en place s’est organisé, comme d’habitude, pour que la commémoration ne soit que réjouissances, oubliant que les vents ont tourné. Le peuple, pour une fois, prendra soin de sa parole. Un texte écrit en 2016 par un maitre de la palabre, en réaction à la censure du pouvoir camerounais. Une commission de vérification a interrompu les répétitions de deux spectacles prévus pour ces fêtes du Cinquantenaire et a commandé à un de ses membres d’écrire une autre pièce qui plairait au président en exercice. De cette colère, nait Nuit de veille qui donne la parole au peuple : Ne nous oubliez pas, nous les délaissés de la grande Historie, ne nous oubliez pas ! Ce texte ayant une durée de 4 heures, l’auteur a bien voulu en faire un montage.

Auteur dramatique, poète et metteur en scène, Kouam Tawa est né en 1974 à Bafoussam à l’Ouest du Cameroun. Il réside dans sa ville natale et se consacre à la littérature, au théâtre et à l’animation des ateliers d’écriture. Auteur d’une vingtaine de livres dont une quinzaine pour la jeunesse, il est de nombre d’aventures au Festival des Francophonies, au 104, pour la saison Africa2020 ou encore pour chaque édition des Recréâtrales à Ouagadougou. On l’a vu aussi acteur dans le spectacle d’Andréya Ouamba De quoi sommes-nous faits ? Ses quatre dernières pièces, Sita, Nuit de veille, Mille et une femmes et Et caetera, ont été finalistes du prix RFI Théâtre et il a obtenu de nombreux soutiens dont celui du fonds Des mots à la scène de l’Institut Français. 

Kouam Tawa est lauréat 2020 du dispositif Des Mots à la Scène

 

13 juillet à 11h - Murs-Murs,d’apres « Onions make us cry » de Zainabu Jallo ; Adaptation Carole Karemera  (Nigeria/Rwanda)

Mis en voix et lu par Cecilia Kankonda, Carole Umulinga Karemera.

Deux femmes dans un espace clos. L’une a tué son mari, l'autre cherche à comprendre. Une meurtrière et une psychologue, des murmures, des douleurs et des mots pour briser le silence, casser le mur qui séparent ces deux femmes et trouver l’émotion qui les réunies.  Toutes deux confrontées à la violence et à la question de la transmission et de la répétition, de génération en génération, au sein de la société rwandaise.

Carole Karemera dirige le Ishyo Arts Centre de Kigali et poursuit sa carrière de comédienne entre la France , la Belgique et le Rwanda , avec quelques spectacles marquants comme Rwanda 94 ou  Anathème de Jacques Delculvellerie,  Battlefield, Mahabharata de Peter Brook. Avec Murs-Murs comme avec We call it love de Felwine Sarr, elle fait des propositions de spectacle qui peuvent se jouer à domicile ou sur la scène de grands festivals.

*Production Ishyo Arts Centre – Neva (Rwanda) / Théâtre de la Poudrerie, création 2018. Coproduction Compagnie Amounra (Belgique), avec le soutien de la Commission internationale du Théâtre Francophone et de l’Organisation Internationale de la Francophonie.

 

14 juillet à 11h - Que ton règne vienne, de Gaëlle Bien-Aimé (Haïti)

Lu par Vladimir Delva , Guy Regis Junior

Création sonore : Pierre-Alexandre Lampert.

Deux hommes se retrouvent bloqués dans les rues enflammées de Port-au-Prince, le quotidien de tout haïtien depuis trois ans.  Dans un climat d'insurrection, évoquant les crimes d’état et les féminicides. Une intimité se crée, peut-être une amitié, née de la peur. Le point de départ de ce texte est la mort de Regina, une photographe que l’autrice connaissait bien, tuée en 2015 par son compagnon sur un trottoir de Port-au-Prince. « A compter de ce moment, dit-elle, je ne pouvais plus m’empêcher de penser à cet environnement qui cautionne cette violence. Je voulu écrire une parole d’homme.  Une parole sincère ou insensée ».  Entre janvier et mars 2021, dix cas de féminicides ont été recensés. Aucune poursuite judiciaire.

Que ton règne vienne est le deuxième texte de cette jeune autrice de théâtre qui est aussi journaliste, comédienne, humoriste et co-fondatrice de « Acte », une école d’art dramatique à Port-au-Prince. Après ses études classiques en 2006, Gaelle Bien-Aimé intègre « Le Petit Conservatoire, école de théâtre et des arts de la parole en Haïti » où elle passe trois ans à étudier les arts de la scène. En 2010 elle a commencé à suivre des stages en Ethnodrame « Théâtre et Rituel » à l’ESACT à Liège. En Haïti, elle crée sa compagnie « Corps et âme » Elle est également activiste politique et membre de l’organisation féministe "Nègès Mawon".

Sur proposition des Francophonies-Des écritures à la scène, et de la Maison des auteurs de Limoges où le texte a été écrit durant une résidence d’écriture.

 

15 juillet à 11h - A demain ma mort, de Michael Disanka (République Démocratique du Congo)

Lu par Edson Anibal, et Gioia Kayaga. Accompagné.e.s par Rokia Bamba. (DJ)

Dans un bar comme on peut en voir dans un quartier périphérique de Kinshasa, c’est l’histoire d’un jeune lanceur d’alerte Kinois prénommé « IL » qui se retrouve en possession d’informations compromettant un grand nombre de personnalités de son pays. IL, doit faire un choix entre dénoncer tout en sachant que sa vie en dépendra ou se taire, faire silence comme tout le monde. Confronter à la peur et au doute, IL, commence à halluciner sous l’œil amoureux de la tenancière-flic à la gâchette facile. IL s’image plusieurs morts possibles dans lesquelles il se voit dans la peau d’autres lanceurs d’alertes décédés comme Floribert Chebeya assassiné en 2010. « J’ai écrit cette pièce dans une structure éclatée comme mon théâtre dit l’auteur, parce que j'écris comme je parle, c'est-à-dire de manière irrévérencieuse avec la syntaxe »

Michael Disanka est comédien, metteur en scène et auteur d’une œuvre qu’il définit comme « un théâtre de scratching, un théâtre politique nourri de la ville de Kinshasa ». Il crée avec Christiana Tabaro le Collectif d’Art-d’Art et son parcours est marqué par quelques rencontres décisives, dont celle avec Dieudonné Niangouna qui a mis en scène deux de ses textes 31 mai 2012 et La Poupoupète et avec Faustin Linyekula. Prix SACD au Festival Impatience 2020, Sept Mouvements Congo a été joué au Festival de Marseille, au KVS à Bruxelles et au 104 à Paris. Sa prochaine pièce Géométrie de vies sera créée au Festival Rencontres à l’échelle à Marseille cet automne.

 

16 juillet à 11h J'ai rendez-vous avec diEU, de Asiimwe Deborah Kawe

Traduction Gisèle Joly / Maison Antoine Vitez, Centre international de la traduction théâtrale,

Lu par Tom Adjibi, Karim Barras, Clémentine Coutant, Fatou Hane, Nancy Nkusi, Ibrahima Diokine SambouSophie Sénécaut.  Création sonore : Pierre-Alexandre Lampert.

Dans un pays en voie de développement dont on ne nous dit pas le nom, un groupe de demandeurs de visa pour les États-Unis patientent avec appréhension en salle d’attente en échangeant histoires et tuyaux sur la meilleure manière de se présenter devant les autorités consulaires américaines : les « diEUx ». Chacun a des raisons différentes de se rendre aux États-Unis, mais les « diEUx » voudront-ils les prendre en considération ? Ecrit en 2013, J’ai rendez-vous avec diEU est une exploration lucide, drôle et poignante de la procédure de demande de visa pour les États-Unis du point de vue de ressortissants du « tiers-monde ». « Un des talents d'Asiimwe dit sa traductrice, est de savoir faire entendre la fable politique dans sa violence et son absurdité sous une forme théâtrale lyrique d'une grande humanité.

Asiimwe Deborah Kawe est autrice, metteuse en scène et performeuse. Elle est actuellement directrice artistique de la Tebere Arts Foundation et co-directrice artistique du Festival international de théâtre de Kampala. Elle a écrit une dizaine de pièces, dont Forgotten World, Cooking Oil, Un-entitled, Do they Know it’s Khristmas ? et Will Smith Look-Alike, pièce radiophonique primée par la BBC en 2010.  J’ai rendez avec diEU est son premier texte traduit en français dans le cadre de la Saison Africa2020. Texte né d’une expérience personnelle vécue comme un cauchemar au début des années 2000 quand l’autrice fut invitée à un atelier de théâtre estudiantin à la Townson University de Baltimore, aux États-Unis.

L'Institut français et le projet

Le cycle "Ça va, ça va le Monde !" est conçu et coordonné par Pascal Paradou et dirigé par le metteur en scène Armel Roussel, assisté de Valentina Sanges, avec le soutien de la SACD pour son action culturelle radiophonique, Wallonie-Bruxelles International et de l’Institut français.

L'institut français, LAB