Perception de la langue française : une enquête mondiale interroge 24 540 personnes dans 12 pays
Dans le cadre d’une stratégie renforcée pour promouvoir la langue française et les scolarités francophones à l’étranger, l’Institut français a confié à Ipsos une enquête approfondie sur la perception de la langue et de la culture française à travers le monde. L’objectif de ce travail : susciter « l’envie d’apprendre en français », fondée sur le renforcement de la collaboration entre l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE), l’Institut français et Campus France. Menée dans 12 pays pilotes, en deux vagues, de février à septembre 2024, cette étude s’inscrit dans les priorités du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères pour renforcer l’attractivité de l’offre éducative française.
Mis à jour le 13/01/2025
2 min
Une méthodologie rigoureuse au service d’une perspective mondiale
L’étude s’appuie sur un échantillon global de 24 540 personnes, représentatif des populations locales (18 ans et plus), avec au minimum 2 000 répondants par pays. Dans la continuité des six premières études (États-Unis, Colombie, Maroc, Nigéria, Arabie saoudite, Allemagne), des analyses ont été conduites en Pologne, au Liban, en Corée du Sud, au Vietnam, en Chine et en Ouzbékistan.
Les thématiques abordées incluent :
- Image de la France : Le tourisme (56 %) et la culture (45 %) sont les premières évocations, à nuancer selon les influences culturelles et géographiques de chaque territoire.
- Utilité de la langue française : 31 % jugent essentielle la maîtrise du français à l’étranger, mais cette perception varie selon les contextes nationaux.
- Image de la langue française : Majoritairement positive, elle est perçue comme belle et romantique (pour 83 % et 80 % du panel). 65% et 53% la trouvent cependant élitiste ou difficile à apprendre
- Freins à l’apprentissage : La difficulté de la langue (53 %) et le coût des cours (29%) figurent parmi les obstacles majeurs.
- Notoriété des institutions françaises : L’Institut français et l’Alliance française restent des références, mais leur reconnaissance varie fortement d’un pays à l’autre.
Un Focus approfondi sur les personnes qui se déclarent les plus intéressées par l’apprentissage du français est disponible pour chaque pays sondé.
Des résultats contrastés et des pistes d'action identifiées
Les conclusions de l’enquête esquissent des pistes de réflexion pour renforcer la politique du réseau en faveur de l’attractivité de la langue française. Elles permettent notamment de mieux appréhender la perception de la langue française et des scolarités francophones à l’étranger, afin d’adapter et d’améliorer la stratégie de communication des postes en faveur de l'apprentissage du français. Le rapport met en lumière des perceptions globalement favorables, mais marquées par des contrastes à l’échelle locale :
- En Colombie et au Nigéria, l’image du français est particulièrement positive (81%).
- Au Liban et au Maroc, des efforts sont nécessaires pour surmonter les défis spécifiques au contexte local (coût et difficulté des cours).
La synthèse souligne également l’importance des motivations culturelles et économiques dans l’apprentissage du français, notamment le plaisir d’apprendre (34 %) et la perspective de travailler en France (33 %). À l’inverse, le manque d’accès à des contenus culturels francophones ou le manque de flexibilité dans les cours est régulièrement cité comme un frein (12 %).
D’un point de vue sociologique, cette étude apporte également un éclairage intéressant : les jeunes, ainsi que les personnes appartenant aux catégories socio-professionnelles inférieures (CSP-), figurent parmi les publics les plus intéressés par l’apprentissage du français. Leur attrait pour cette langue, motivé par des opportunités de mobilité internationale et d’amélioration des perspectives professionnelles, est particulièrement marqué dans des pays comme le Nigéria et le Maroc.
Par exemple, au Nigéria, 54 % des jeunes de moins de 35 ans et 36 % des CSP- déclarent un intérêt réel pour apprendre le français, tandis qu’au Maroc, ces proportions atteignent respectivement 50 % et 33 %.
Ces données mettent donc bien en lumière l’importance stratégique de cibler ces publics dans les initiatives culturelles et éducatives.
Prochaine étape : vers un renforcement d’une stratégie commune
Dans le but d’accompagner l’ensemble du réseau dans la consolidation de sa stratégie en faveur de l’attractivité de la langue française, l’Institut français proposera, en appui à cette étude, un accompagnement et des outils spécifiques pour asseoir la compréhension et l’analyse des publics. De nouvelles enquêtes sont prévues en 2025 pour couvrir davantage de pays. Cette démarche s’inscrit dans une ambition à long terme : faire de la maîtrise de la langue française un atout mondialement reconnu.
L’Institut français est l’établissement public chargé de mettre en œuvre la politique culturelle extérieure de la France sous l’égide du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et du ministère de la Culture.
Ses missions sont l’accompagnement des créateurs et créatrices et des industries culturelles et créatives françaises dans leur développement à l’échelle internationale ; le renforcement du dialogue entre les cultures et les sociétés ; la promotion de la langue française et du plurilinguisme et enfin le soutien et l'animation du réseau de coopération et d’action culturelle français à l’étranger.
Ses modalités d’action sont :
- l’expertise, le conseil, la formation et la mise à disposition de ressources ;
- les programmes de mobilité, de résidences et la structuration de réseaux professionnels français et étrangers ;
- l’organisation de temps forts culturels et de débats d’idées ;
- le cofinancement de projets.
L’Institut français œuvre dans le monde entier.
Il porte une attention particulière au développement de l’entrepreneuriat culturel en Afrique, au renforcement des coopérations entre la jeunesse et les sociétés civiles en Europe ainsi que des industries culturelles et créatives en Indopacifique.