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FESPACO 2019 : cinquante ans de cinéma africain

À l’occasion de son 50e anniversaire, le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou explore le thème de la mémoire et de l’avenir des cinémas africains. À travers projections, colloques et expositions, cette 26e édition revient sur la riche histoire du festival et ses prochains enjeux. Le Rwanda est pays invité d’honneur.

Mis à jour le 05/03/2019

5 min

En cinquante ans, le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou est devenu la plus grande manifestation culturelle d’Afrique. Environ 5 500 professionnels des métiers du cinéma et des médias ainsi que 20 000 spectateurs sont attendus pour célébrer son cinquantenaire, du 23 février au 2 mars 2019.

Une compétition de haut vol

Preuve du dynamisme du cinéma africain et de la place prépondérante du FESPACO sur le continent, plus d’un millier de candidatures ont été déposées pour cette 26e édition, et 160 films environ sont entrées en compétition dans sept catégories. La compétition longs métrages, sous la présidence de l’Algérien Ahmed Bedjaoui, auteur et directeur du festival d’Alger, retient ainsi 20 films issus de 16 pays.

Parmi les favoris pour l’Étalon d’Or du Yennenga, Rafiki, de la réalisatrice Wanuri Kahiu, film-événement qui retrace l’histoire d’amour entre deux adolescentes à Nairobi. Projeté lors du festival de Cannes en mai 2018, il est sorti en salles dans de nombreux pays avant d’essuyer la censure au Kenya. Une suspension de sept jours lui avait finalement été accordée afin de pouvoir être inscrit aux Oscars, où il n’a finalement pas été retenu.

Seul représentant du Rwanda, The Mercy of the Jungle, de Joël Karekezi, est également en lice. Il suit les pérégrinations de deux soldats séparés de leur bataillon dans les montagnes au début de la deuxième guerre du Congo en 1998. Joël Karekezi n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai, puisque la version longue de son court métrage Le Pardon, qui porte sur la réconciliation après le génocide de 1994 contre les Tutsis, avait été présentée au FESPACO en 2011.

Trois films représenteront quant à eux le Burkina Faso : Desrances d’Apolline Traoré, qui avait déjà remporté trois récompenses lors du FESPACO 2017 avec Frontières, road-trip féministe ; Hakilitan de Issiaka Konaté et Duga d’Abdoulaye Dao et Hervé Éric Lengani.

Enfin, le soutien du FESPACO aux jeunes générations de cinéastes s’exprime à travers la sélection de nombreux premiers films comme Jusqu’à la fin des temps, de Yasmine Chioukh, fille du réalisateur algérien Mohamed Chioukh.

Rafiki, by Wanuri Kahiu
Rafiki, de Wanuri Kahiu (bande-annonce)

Entre devoir de mémoire et défis à venir

Créé en 1969, à l’initiative d’un groupe de cinéphiles à la tête duquel se trouvait Alimata Salembéré, réalisatrice à la télévision puis nommée ministre de la Culture en 1983, le FESPACO a pour première mission la valorisation et la diffusion des productions cinématographiques africaines. Le festival vise également la démocratisation de l’accès aux films africains, notamment pour les populations d’Afrique, ainsi que la formation des jeunes aux métiers du cinéma.

En 2019, le FESPACO continue de soutenir l’essor du cinéma africain en tant que moyen de conscientisation et d’éducation, et notamment comme outil de lutte contre la radicalisation ou l’émigration. En ce sens, le documentaire, souvent parent pauvre des festivals de cinéma, est mis à l’honneur cette année avec l’instauration d’une catégorie dédiée qui vise à favoriser le dialogue entre générations et entre peuples. Une façon d’encourager les jeunes à s’impliquer dans la vie de leur nation, mais aussi de raconter l’Afrique actuelle aux générations futures.

Dans le même temps, le devoir de mémoire et les hommages aux productions passées seront également prégnants, avec notamment une rétrospective des grands films africains des 50 dernières années et une exposition photos et archives retraçant l’histoire du festival. Tous les films récompensés d’un Étalon d’or du Yennenga seront également projetés : du tout premier gagnant du FESPACO, Le Wazzou polygame du Nigérien Oumarou Ganda récompensé en 1972, jusqu’à Félicité, du Franco-Sénégalais Alain Gomis, lauréat 2017, qui dresse le portrait du quotidien d’une femme à Kinshasa.

Lire l'Œuvre Félicité, d'Alain Gomis

Établir un trait d’union entre passé et avenir, tel est donc le véritable enjeu du cinquantenaire du FESPACO. Au siècle du numérique et de l’intelligence artificielle, il s’agit pour le cinéma africain d’imaginer l’avenir sans effacer le passé. « Une Afrique pleine d’espérance dans un monde confronté à d’immenses défis », comme le résume l’ambassadeur du Burkina Faso en France, Yemdaogo Éric Tiaré, lors de la conférence de presse qui s’est tenue le 15 janvier 2019.

L'Institut français et le projet

L’Institut français est partenaire du FESPACO.

 

Six films du catalogue de la Cinémathèque Afrique ont été restaurés et projetés pendant le festival : Afrique sur Seine, de Paulin S. Vieyra (1955), Lamb, de Paulin S. Vierya (1963), Le Retour d’un aventurier de Moustapha Alassane (1966), Cabascabo d’Oumarou Ganda (1969), Le Franc  (1994) et La Petite Vendeuse de soleil (1988) de Djibril Diop Mambéty . 10 films de la première édition du festival (1969) sont également programmés pour une projection en plein air au Village du Cinéma numérique ambulant et dans les quartiers populaires de Ouagadougou. En partenariat avec la Cinémathèque Afrique, 6 étalons d’or du Yennenga seront diffusés sur TV5Monde pendant le festival. En savoir + sur la Cinémathèque Afrique et le FESPACO

L'institut français, LAB