
Festival ¡ Viva Villa ! 2018 : résidences sans frontières
¡ Viva Villa ! réunit chaque année des artistes de trois grandes résidences d’artistes : la Villa Médicis à Rome, la Villa Kujoyama à Kyoto et la Casa de Velázquez à Madrid. Du 29 septembre au 7 octobre, l’édition 2018 s’installe à Marseille, à la Villa Méditerranée, pour présenter une sélection d’œuvres sur le thème des « Frontières ».
Mis à jour le 12/06/2019
5 min
Conçu à l’initiative de la Casa de Velázquez, de la Villa Médicis et de la Villa Kujoyama, le festival ¡Viva Villa ! donne l’occasion au public français de découvrir les artistes accueillis dans ces résidences d’artistes installées respectivement à Madrid, Rome et Kyoto. En présentant les œuvres de leurs résidents, ces institutions permettent aux visiteurs d’avoir un aperçu du travail de recherche en cours, d’un « work in progress » réalisé dans le cadre d’une résidence à l’étranger. ¡ Viva Villa ! parie sur la mobilité et l’itinérance pour établir des connexions avec les institutions locales, les autres résidences tant publiques que privées –, les Fonds régionaux d’art contemporain, les galeries et, enfin, avec les autres artistes et le public.
Après une édition zéro à Paris au Palais Royal en 2016 et une première édition à la Cité internationale des arts à Montmartre, en 2017, l’édition 2018 s’installe à la Villa Méditerranée à Marseille, du 29 septembre au 7 octobre 2018. Conçue par l’architecte Stefano Boeri comme une « porte d’entrée et non une barrière » qui « accueillerait la mer, s’ouvrirait à elle », la Villa Méditerranée semble être l’écrin idéal pour cet événement.
Frontières et perspectives
Avec 44 artistes exposés, cette programmation 2018 réunit 21 disciplines différentes : arts plastiques, vidéo, photographie, mais aussi architecture, commissariat d’exposition, composition ou bande-dessinée... Elle offre un véritable panorama de la création contemporaine française, sous le thème « Frontières », choisi par les commissaires Cécile Debray et Federico Nicolao.
Suivant le fil rouge de cette « frontière » à la fois espace de confrontations et métaphore du dialogue entre les disciplines, l’exposition se déploie en dix thématiques. Dans la section « Futures archéologies », Maxime Guitton (Villa Médicis) propose ainsi une exposition d’archives autour des créations d’Alvin Curran, compositeur américain qui travaillait dans les années 1960-1970 sur l’hybridation entre musique et arts plastiques. Une section « Architectures fantômes et futuristes » présente les photographies de Marie B. Schneider (Casa de Velázquez), recension de grandes zones urbaines européennes évoquant une ville désertique, à la lisière du fantastique. La section « Paysages en question » offre tout un étage de la Villa aux travaux d’Ila Bêka et Louise Lemoine (Villa Kujoyama), vidéastes-explorateurs qui posent leur regard sur l’homme urbain, au sein du groupe mais aussi dans sa profonde solitude, redessinant les contours de la ville selon une géographie sentimentale.

Génération engagée
Didier Rotella, Moussa Sarr, Amélie Scotta, Pauline Abascal, Juan Arroyo, Giulia Andreani, Béatrice Balcou, Éric Baudelaire, Mylène Benoit, Boris Bergmann, Frédéric Blondy, Thomas Bouvet et Hiroshi Ota… Tous ces artistes dessinent à la Villa Méditerranée le portrait d’une génération engagée. Ils invitent à penser notre époque, du dérèglement climatique aux migrations, des frontières invisibles aux crises politiques et identitaires, ou encore à l’urbanisme et aux technologies.
Pour les deux commissaires du festival, Cécile Debray et Federico Nicolao, les recherches présentées lors de cette édition révèlent des questionnements politiques semblables à ceux qui agitèrent la création des années 1960-1970. Ils ont donc placé l’exposition sous la tutelle « spirituelle » de Gordon Matta-Clarck, « anarchitecte » qui déconstruisait dans les années 1970 l’idée d’architecture pour interroger de manière politique et sociale la question de l’habitat et du collectif.
En parallèle de l’exposition, des lectures, concerts, projections, spectacles de danse et pièces de théâtre ponctuent le festival, ainsi que des rencontres, tables rondes et conférences. ¡ Viva Villa ! offre ainsi une plongée au cœur de la création contemporaine, en même temps qu’un lieu de réflexion où les résidences à l’étranger et l’expérience immersive qu’elles constituent sont décrites et questionnées avec les artistes, le public et les professionnels de l’art.


La Villa Kujoyama, résidence d’artistes au Japon, est soutenue par l'Institut français. 25 artistes lauréats d’une résidence à la Villa Kujoyama ont participé à ¡ Viva Villa ! 2018.
Pauline Abascal (design), Laëtitita Badaut-Haussmann (installation), Béatrice Balcou et Yuki Okumura (arts plastiques), Ila Bêka et Louise Lemoine (vidéo), Mylène Benoit (arts plastiques / danse), Violaine Blaise (restauration), Frédéric Blondy (composition), Thomas Bouvet et Hiroshi Ota (théâtre), Benoît Buquet (commissariat d’exposition), Angela Detanico et Rafael Lain (arts plastiques), Laureline Galliot (design), Julien Guinand et Tadashi Ono (photographie), Jean-Sébastien Lagrange (design), Catherine Meurisse (bande dessinée), Mathieu Peyroulet Ghilini (design), Olivia Rosenthal (écriture), Laurel Parker (métiers d’art), Damien Odoul (cinéma), François-Xavier Richard (métiers d’art).