
Passerelles : quand la danse crée des ponts entre les peuples
Le Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape, en partenariat avec l’association Danser sans frontières, mène depuis 2015 le projet Passerelles. 24 danseurs amateurs venus de France et d’Israël y mettent leur art au service d’un message de paix et de fraternité.
Mis à jour le 20/02/2019
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Dépasser les frontières qui empêchent d’aller vers l’autre : ce désir, qui est au cœur de la pratique du chorégraphe Yuval Pick, constitue le socle du projet Passerelles. Né en Israël, le directeur du CCNR a fait ses classes à Tel Aviv auprès de la Batsheva Dance Company, avant d’accompagner de grands danseurs internationaux comme Carolyn Carlson ou Russel Maliphant, puis de créer sa propre compagnie, The Guests, en 2002. En accompagnant ce projet d’échange artistique, culturel et humain entre Israël et la France, le chorégraphe prolonge le lien qui l’unit à son pays d’origine.
Dialogue entre les cultures
Le projet Passerelles débute en 2015, sous l’impulsion de Sharon Eskenazi, assistante de Yuval Pick et fondatrice de l’association Danser sans frontières, lorsque 12 danseurs amateurs de Rillieux-la-Pape, près de Lyon, accueillent au CCNR 12 homologues israéliens et palestiniens venus du groupe Gsharim / Jusour, basé à Kafar Yassif dans le nord d’Israël.
Arrivée en France en 2013, Sharon Eskenazi avait déjà travaillé en Israël sur l’union, à travers la danse, des Israëliens et des Palestiniens. Passerelles constitue le prolongement de cette volonté. Les deux premières rencontres, en février et décembre 2015, permettent aux danseurs français et israéliens d’apprendre à se connaître et d’éprouver leur pratique les uns par rapport aux autres. Ces échanges se concrétisent dans une master class ouverte, supervisée par Yuval Pick, mais aussi dans un film mêlant images des ateliers et témoignages sur cette expérience inédite.
Depuis mai 2016, le documentaire a été montré à plus de 400 élèves de la région lyonnaise. À Rillieux-la-Pape, où de nombreuses communautés cohabitent parfois avec difficulté, un tel projet n’a rien d’anodin. Le métissage du groupe Gsharim / Jusour, composé de juifs, de chrétiens et de musulmans, entre en résonance avec les origines multiples des jeunes de la ville et le dialogue s’instaure naturellement. À tel point que les danseurs se donnent rendez-vous en 2018, pour un second volet de Passerelles.

Entre l’urbain et l’infini
Depuis le mois de janvier 2018, les 24 jeunes danseurs élaborent donc sous la direction de Yuval Pick une pièce fédératrice qui unit corps, voix et rythmes, au-delà des différences de chaque individu. Le spectacle, Flowers Crack Concrete, littéralement « des fleurs qui fissurent le béton », est le fruit de ce travail et de cet échange fructueux entre des danseurs animés par les mêmes valeurs de paix et de tolérance.
La méthode de Yuval Pick, qui nourrit le collectif de la force puisée dans chaque individualité, sert de catalyseur au projet chorégraphique. Si l’éloignement géographique rend parfois le travail complexe – les deux groupes ne peuvent se réunir qu’à deux reprises en Israël, en février à Kafar Yassif et en juillet à Haïfa –, les danseurs parviennent malgré tout à collaborer et à trouver une forme d’expression unique.
Présenté en avant-première à Haïfa le 21 juillet, puis au CCNR le 14 septembre dans le cadre de la saison France-Israël 2018, Flowers Crack Concrete connaît les honneurs de la 18e Biennale de Lyon, les 15 et 16 septembre. L’univers sonore mêle voix et rythmes urbains afin d’évoquer les milieux dont sont originaires les danseurs. Dans un mouvement circulaire aux contours infinis, la danse proposée par Yuval Pick, Sharon Eskenazi et la chorégraphe associée Émilie Szikora redonne surtout du sens à ce geste simple et symbolique : se donner la main comme un pas nécessaire pour redécouvrir l’autre.


Flowers Crack Concrete, aboutissement du projet Passerelles, est présenté le 14 septembre 2018 au Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape dans le cadre de la Saison France-Israël 2018.
La Saison France-Israël 2018 (juin-novembre 2018) est organisée et mise en œuvre par l'Institut français, le ministère des Affaires étrangères de l’État d’Israël, et les ambassades des deux pays.