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14, de Jean Echenoz
Partant des notes d'un ancien soldat, Jean Echenoz raconte la guerre de 14-18 à travers l'histoire de l'un de ses personnages ordinaires. Son écriture fluide et ses descriptions compactes en font, d'emblée, un classique du genre.
Un auteur discret
On sait assez peu de choses sur la vie de Jean Echenoz, sinon qu'il est né dans le Sud de la France, à Orange en 1937 et qu'il a vécu dans l'Aveyron et dans les Alpes avant de s'installer à Paris en 1970.
En revanche, l'activité littéraire de cet écrivain discret est aussi bien documentée qu'elle est récompensée. Son premier roman, Le Méridien de Greenwich (1979) reçoit le Prix Fénelon, suivi en 1983 par le Prix Médicis pour Cherokee et en 1999 du Prix Goncourt pour Je m'en vais.
Ces distinctions récompensent notamment le style méticuleux de l'écrivain, inspiré de la narration cinématographique et que la critique associe régulièrement au Nouveau Roman des années 1950, pour son affranchissement des codes de l'écriture romanesque.
La guerre vue d'en bas
Depuis une butte ventée, Anthime discerne le tocsin de la mobilisation de 1914. Il se retrouve bientôt sous les drapeaux, en caserne, à Nantes, avec d'autres mobilisés de son village. Parmi eux, Charles, frère fanfaron passionné d'avions et de photographie, affirme que la guerre sera terminée en un clin-d’œil. Les deux hommes sont bientôt séparés : Anthime est envoyé au front, Charles muté dans l'aviation.
Les destins croisés de ces personnages sont l'occasion, pour l'auteur de 14, de faire le tableau rigoureux de la guerre, évoquant tour à tour la place des femmes à l'arrière, le quotidien des tranchées ou les cours martiales.
Une rencontre fortuite
Après un triptyque biographique consacré au compositeur Maurice Ravel, au coureur Emil Zátopek et à l'inventeur Nikola Tesla (Ravel, 2006 ; Courir, 2008 ; Des éclairs, 2010), Jean Echenoz revient à des personnages ordinaires. Les héros de 14 (2012) sont de simples villageois vendéens, pris dans une guerre qui les dépasse, un « opéra sordide » pour reprendre les mots de l'auteur.
C'est le hasard qui a mis le carnet d'un appelé, membre lointain de la famille de sa compagne, entre les mains Jean Echenoz. Sans projet particulier, il décide de le retranscrire, et c'est ainsi que naît l'idée d'un récit sur la Grande Guerre. Après deux ans de recherches et de lectures, du Feu d'Henri Barbusse 1916 à La Peur de Gabriel Chevallier (1930), Jean Echenoz livre un récit à taille humaine, sans chercher à réécrire une histoire collective déjà bien documentée.
Récit local d'une guerre mondiale
Dans 14, Jean Echenoz chronique l'une des périodes les plus sombres, mais aussi les plus fondatrices de l'histoire européenne. En pleine période de commémoration du centenaire de la Grande Guerre, il offre un témoignage précieux sur la manière dont la guerre fut vécue de l'intérieur.
Traduit en anglais, en serbe, en ukrainien ou encore en néerlandais, le roman connaît un véritable succès à l'étranger. Max Byrd, du New Yorker, encense ce livre à la « densité d'un poème », en référence au style incisif de ce conte court et incarné. Miguel Mora, dans le quotidien espagnol El País, ou Ajay Menon, de The Hindu, rendent également hommage à une œuvre en passe devenir une référence sur la guerre de 1914.
14 a été traduit en slovène, serbe, japonais, chinois et néerlandais avec le soutien de l'Institut français.
Par ses programmes d'appui à la traduction, l'Institut français participe à la diffusion de la littérature de langue française dans le monde entier.