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2084 : la fin du monde, de Boualem Sansal
Dans la lignée du 1984 de George Orwell, l'écrivain algérien Boualem Sansal signe un avertissement romanesque contre l'islamisme. 2084 est une fable qui nous éclaire sur les obscurantismes religieux.
Une voix française en Algérie
Boualem Sansal naît en 1949 dans un petit village des montagnes du Nord-Ouest algérien. Haut fonctionnaire au ministère de l'Industrie, il publie en 1999 son premier livre, Le Serment des barbares, et se retrouve démis de ses fonctions pour ses positions critiques envers le pouvoir. S'ensuivent alors plusieurs romans, nouvelles et essais (Petit Éloge de la mémoire en 2007, Le Village de l'Allemand en 2008), tous écrits en français.
Censuré par les autorités de son pays, l'écrivain algérien connaît une grande reconnaissance dans le monde occidental, comme l'illustre le succès de son dernier roman, 2084 : la fin du monde (2015), Grand Prix du roman de l'Académie française 2015.
Menace sur la dictature
2084 : la fin du monde se déroule en Abistan, vaste empire formé sur les cendres de la « grande guerre sainte » et dirigé par le prophète Abi, unique délégué sur Terre du Dieu Yölah. Dans ce système où règnent l'obéissance aveugle et l'amnésie des consciences, les sujets sont soumis à une surveillance qui ne leur laisse aucune liberté de pensée, sous peine d'être punis de mort.
Fidèle croyant parmi les autres, Ati soigne sa tuberculose hors de l'empire. Sa rencontre avec Nas, un ethnologue contestant l'histoire officielle, sème le doute dans l'esprit du trentenaire, qui se lance dans une enquête pleine de découvertes et de dangers.
Une fable orwellienne
Boualem Sansal décrit dans 2084 une théocratie qui vit sous la surveillance d'Abi, surnommé « Bigaye » en écho au « Big Brother » du roman d'anticipation de George Orwell, 1984. Tirant les leçons de la prédiction orwellienne sur les dérives du communisme, le romancier algérien s'inspire des mutations culturelles observées dans son pays pour écrire sa contre-utopie.
Il imagine alors une société fondée sur le totalitarisme islamique contemporain, fruit d'une mondialisation sans spiritualité. Pour Boualem Sansal, les radicalismes religieux qui se propagent à l'heure actuelle dans les démocraties européennes risquent de s'imposer dans un futur proche. L'écrivain se propose de les combattre par la plume.
Le choix militant de la langue française
L'écrivain algérien a choisi d'écrire en français, car la langue arabe contemporaine est à ses yeux surchargée d'un lexique religieux qui empêche la pensée de s'aventurer hors de la soumission à Dieu.
Cette question de la langue est évoquée dans 2084 à travers l'« abilang », langue officielle de sa théocratie imaginaire, vide de toute signification historique.
Une analyse qui résonne au-delà du monde francophone avec des traductions dans de nombreuses langues comme le chinois et l'anglais.
2084, La fin du monde a été traduit, avec le soutien de l'Institut français, en serbe, polonais, ukrainien, tchèque, néerlandais, chinois, croate et danois.
Par ses programmes d'appui à la traduction, l'Institut français participe à la diffusion de la littérature de langue française dans le monde entier.