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Bataille, de Pierre Rigal
Né d’une rencontre entre la percussion corporelle et l’acrobatie, Bataille (2013) de Pierre Rigal est un duo où se mêlent la violence et le rire, les coups et les caresses. Un corps-à-corps chorégraphique d’une grande exigence technique comme d’une folle intuitivité.
Un créateur touche-à-tout
Champion de France junior de 400 mètres haies en 1992, titulaire à la fois d’une maîtrise d’économie mathématique et d’un DEA de cinéma, Pierre Rigal découvre la danse à 23 ans par hasard, avec un cours de danse africaine, qui lui dévoile une autre façon de s'exprimer avec son corps. Il se forme auprès de Philippe Découflé et de Wim Vandekeybus avant de se lancer dans la chorégraphie à 30 ans avec Érection (2003).
Dans son processus créatif, Il travaille aussi bien avec des danseurs de hip-hop (Asphalte en 2009) que des acrobates (Arrêts de jeu en 2006, qui chorégraphie un match de foot), s’inspire de la percussion corporelle pour son duo Bataille (2013), d’un concert de rock pour Micro (2010) ou de la danse classique dans Salut (2015), créé pour le Ballet de l’Opéra de Paris.
Un combat chorégraphique
Tout commence, comme le dit le titre lui-même, par un combat. La scène est vide d'accessoire, le décor réduit à un simple rideau de scène – Bataille peut se jouer d'ailleurs aussi bien sur une scène de théâtre qu'en extérieur. Seul compte le corps-à-corps parfois violent qui se met en place dès les premières secondes, un duo qui finit souvent à terre.
Mais est-ce vraiment agressif ? La bataille qui se joue en scène est ambiguë. Et petit à petit, la violence se fait douceur, les corps s’apprivoisent, le rire apparaît, les coups deviennent des caresses… Avant, à nouveau, de se faire de plus en plus dures et brutales et de faire repartir le combat.
Mais il n’est pas question de vaincre dans Bataille. Voilà plutôt un affrontement consenti, entre soi et son inconscient. Un face-à-face chorégraphique face au flux de la vie qui ne manque jamais de paradoxes.
Acrobatie et percussion corporelle
Pierre Rigal aime travailler avec des artistes venant de différents horizons. Bataille est ainsi né d’une rencontre avec Hassan Razak, spécialiste de la percussion corporelle – cette danse où le corps se fait instrument de musique – et l'interprète Pierre Cartonnet. Le premier dirige depuis 2004 la compagnie Onstap à Avignon ; le second travaille comme acrobate pour Aurélien Bory ou comédien au théâtre (Peer Gynt par David Bobée) ou à la télévision (la série Les Témoins).
Pierre Rigal a mêlé la percussion corporelle à l'acrobatie qui se répondent et dialoguent pour former un langage chorégraphique unique. Rien n’est laissé au hasard dans le geste, tout est très étudié, exigeant sur le plan technique, tout en donnant en permanence l’impression d’une grande improvisation, où l’intuition et la liberté du geste prédominent.
Une pièce à la carrière internationale
Pierre Rigal a toujours rayonné à l’étranger : certaines de ses pièces ont déjà dépassé les 200 représentations. Bataille ne fait pas exception.
Montée au festival d’Avignon dans le cadre des Sujets à Vif en 2013, la pièce continue de tournerun peu partout dans le monde sept ans après sa création, que ce soit en Espagne, en Suisse, en Argentine, au Brésil, en Colombie, en Tunisie lors des Rencontres chorégraphiques de Carthage en 2017 ou en Équateur en 2020.
Bataille, de Pierre Rigal fait partie des œuvres sélectionnées lors de l'édition 2020 de La Collection, programme de l’Institut français.
La Collection, est un dispositif qui rassemble pour le réseau culturel français à l'étranger 90 propositions clés en main, légères en diffusion et modulables, dans les domaines des arts de la scène, des arts visuels et de l’architecture, de l’urbanisme et du paysage.