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Beloved Shadows, de Nach
Avec son deuxième solo, Beloved Shadows (2019), Nach hybride le Krump et le Butô, deux danses nées de mouvements contestataires, pour explorer le désir des femmes et invoquer ses fantômes. Un projet né lors d’une résidence à Kyoto.
La danse par le Krump
Née dans une famille capverdienne, Anne-Marie Van découvre à 22 ans la danse avec le Krump, un dérivé du hip-hop, en regardant des danseurs sur le parvis de l’Opéra de Lyon. Fascinée par cette danse brute et expressive, elle se forme au rythme des battles et sessions entre Lyon, Paris et Los Angeles, prenant Nach comme nom de scène.
À partir de 2007, elle hybride son Krump avec la danse contemporaine, en étant l’interprète du chorégraphe Heddy Maalem, notamment dans sa pièce Éloge du puissant royaume en 2013. C’est avec cette pièce qu’elle devient danseuse professionnelle. Nach se lance ensuite dans la chorégraphie, avec un solo très remarqué sur l’enfermement, Cellule, en 2017.
Fantômes de femmes
Si Beloved Shadows (« Ombres bien-aimées ») est un solo, Nach ne semble pas être seule en scène. La danseuse y interprète en effet toutes sortes de fantômes : ses ancêtres, des amies, des femmes combattantes ou aimantes. À travers leurs voix, Nach veut explorer le désir des femmes, désir qui se fait parfois transcendant, douloureux ou violent.
Pour porter son propos, Nach mélange le Krump et le Butô : elle propose alors une danse hybride, nerveuse et engagée, parfois brute, mais aussi très esthétique avec une expressivité du visage marquée et un langage appuyé des mains.
La découverte du Butô
Nach s’est lancée dans la création de Beloved Shadows en 2019 après avoir découvert le Butô, une danse-théâtre japonaise née dans les années 1960. Souvent contemplative, elle peut sembler à l’opposé du Krump, une danse explosive dérivée du hip-hop, parfois brutale.
Mais ces deux formes d’expression ont aussi des points communs, notamment le fait d’être toutes les deux issues de mouvements contestataires : le Butô en réaction au drame de la bombe atomique à Hiroshima en 1945, le Krump en réaction aux difficultés des ghettos de Los Angeles en 2000. Ce sont ces ressemblances que Nach explore dans Beloved Shadows, notamment l’univers cauchemardesque propre à ces deux danses.
Un apprentissage à Kyoto
Pour créer Beloved Shadows, Nach est partie au Japon pour découvrir plus en profondeur le Butô, à l’origine de ce solo. Elle s’est installée six mois en résidence à la Villa Kujoyama et s’est formée auprès des maîtres de la discipline, tout en ne parlant pas un mot de japonais et en ne recourant pas toujours à un interprète.
Nach travaille notamment avec Moe Yamamoto, ancien danseur de Tatsumi Hijikata qui a fondé le Butô, et est également partie en stage dans la vallée d’Hakuba après de la compagnie Dairakudakan. Elle en rapporte tout un vocabulaire de gestes et une esthétique expressive, pour amorcer les contours de Beloved Shadows.
Lauréate du programme de résidences à la Villa Kujoyama, Nach a effectué une résidence au Japon en 2018. Son solo Beloved Shadows, présenté à L'Atelier, à Paris, en décembre 2019 est issu de son travail de résidence. En savoir + sur les résidences à la Villa Kujoyama