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Boussole, de Mathias Enard
Et si l'Orient et l'Occident n'étaient en réalité qu'une seule et même région ? C'est la question que pose Mathias Enard dans ce roman foisonnant, qui a reçu le Prix Goncourt 2015.
Des langues à la littérature
Après une jeunesse sédentaire près de Niort, dans l'ouest de la France dont il est originaire, Mathias Enard part vivre à Paris. Il étudie d'abord à l'École du Louvre, où il se familiarise avec l'histoire de l'art, puis se passionne pour les langues et intègre l'Institut national des langues et civilisations orientales, avant de partir pour la première fois au Liban en 1991.
S'il ne termine pas sa thèse sur « La poésie arabe et persane de l’après-guerre, et son rapport avec les littératures d’Europe », celle-ci préfigure néanmoins sa passion pour la littérature et le Moyen-Orient, où il vivra plusieurs années.
Son premier roman, La Perfection du tir (Actes Sud, 2003) marque la première étape d'une œuvre prolifique et érudite.
« La porte de l'Orient »
La narration de Boussole (2015) débute à Vienne, en Autriche, dans l'appartement d'un musicologue victime d'insomnies. Les nuits sans sommeil de Franz Ritter sont hantées de souvenirs de voyages et d'aventures qui l'empêchent de dormir.
Ses divagations sont l'occasion pour Mathias Enard d'aborder les rapports entre l'Occident et l'Orient, à travers des anecdotes érudites sur ceux qui s'y sont intéressés, de Balzac à Kafka en passant par Wagner.
Ce récit dense et habile, jonglant entre la construction d'un personnage et une perspective multi-séculaire, témoigne tant d'une fascination pour le Moyen-Orient que du plaisir de raconter des histoires.
Une perspective historique
Si Boussole dresse un pont entre l'Orient et l'Occident, il est aussi au carrefour entre passé et présent, mettant en lumière les grands enjeux géopolitiques de la région.
Le roman est le résultat d’un travail de recherche rigoureux. De 2005 à 2007, moment des premières ébauches, Mathias Enard a accumulé les notes sur les acteurs et les anecdotes qui ont marqué les relations entre l'Europe et le Moyen-Orient, ancrant fortement les souvenirs de son personnage dans un réel historique.
Hommage à l'orientalisme
Avec Boussole, Mathias Enard confirme le succès de Rue des voleurs (2012), dont l'action se déroule sur fond de Printemps arabe et qui a été retenu en 2012 pour le Choix Goncourt de l'Orient. Trois ans plus tard, Boussole décroche le Prix Goncourt.
L'Orient Littéraire, supplément du quotidien libanais francophone L'Orient-Le Jour, saluera l'«hommage à l’orientalisme » de ce récit qui décrit la «relation tumultueuse Orient/Occident, qui aura façonné l’identité des uns autant que celle des autres ».
Traduit en anglais (Compass), Boussole termine en 2017 finaliste du Man Booker Prize International, distinction primant les meilleures œuvres de fiction disponibles dans la langue de Shakespeare.
Boussole a été traduit, avec le soutien de l'Institut français, en anglais, serbe, ukrainien, néerlandais, arabe, polonais, hongrois et chinois.
Par ses programmes d'appui à la traduction, l'Institut français participe à la diffusion de la littérature de langue française dans le monde entier.