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Celui qui comptait être heureux longtemps, d'Irina Teodorescu
Avec son troisième roman, Irina Teodorescu lève le voile sur un secret de famille et questionne la valeur de la vie.
Une écrivaine roumaine
Née à Bucarest, Irina Teodorescu ne parle pas un mot de français lorsqu'elle arrive en France à l'âge de 19 ans. C'est pourtant dans cette langue qu'elle publie en 2014 son premier roman La Malédiction du bandit moustachu. Dans cette œuvre et celles qui suivront, Les Étrangères en 2016 et Celui qui comptait être heureux longtemps en 2018, l'auteure évoque ses souvenirs d'enfance, la Roumanie de Ceausescu et la notion d'appartenance à un pays.
Même si elle s'inspire de sa propre vie, Irina Teodorescu choisit de ne jamais se mettre au cœur de ses récits, laissant à ses personnages la possibilité d'exister sans elle.
Inspiré de faits réels
Dans une dictature et une époque qui restent indéfinies, Celui qui comptait être heureux longtemps raconte l'histoire de Bo, un père qui doit faire face à un choix terrible : regarder son fils mourir ou accepter de devenir un espion pour le régime en échange des soins qui pourraient sauver son enfant.
Irina Teodorescu s'inspire ici d'une tragédie similaire vécue par son père, lorsque que son fils, le frère d'Irina, était atteint d'une leucémie. Néanmoins, l'auteure roumaine tient à mettre une distance entre sa vie et la fiction, précisant : « J’ai choisi d’être absente du livre car ce n’est pas mon histoire. »
Enquête à Bucarest
Ce n'est que bien des années après la mort de son père qu'Irina Teodorescu apprend le dilemme auquel celui-ci a été confronté : servir un régime haï ou laisser son enfant mourir.
Lauréate d'une mission Stendhal en 2016, l'auteure part en Roumanie pendant un mois, espérant trouver des réponses à ses questions et connaître la vérité sur ce secret longtemps gardé. Même si elle confesse avoir eu peur de ce qu'elle allait découvrir, elle affirme aussi : « Lorsqu’on peut savoir, il faut chercher la vérité, il faut s’efforcer de comprendre, de sortir de l’ignorance coûte que coûte. »
Entre France et Roumanie
Irina Teodorescu se sent partout étrangère et chez elle à la fois. Entre la Roumanie, où elle est née, et la France, où elle est arrivée à 19 ans, la romancière n'a pas eu envie de choisir.
Pour la forme, elle garde le français, langue qu'elle trouve sensuelle et aérée et qui lui offre, selon elle, une plus grande liberté avec les mots. Pour le fond, elle va puiser dans ses souvenirs de Roumanie, comme pour se guérir de ses blessures. Avec Celui qui comptait être heureux longtemps, c'est la décision de son père et la mort de son frère qu'elle cherche à pardonner.
Lauréate du programme Stendhal de l'Institut français, Irina Teodorescu a séjourné en Roumanie, à Bucarest, en mai et juin 2016.
Le programme Stendhal permet à des auteurs français ou résidant en France de partir dans un pays étranger travailler à un projet d’écriture en lien avec le pays.