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Churchill, Manitoba, d'Anthony Poiraudeau
Hasard de la contemplation d'une carte et point de fuite de l'imagination, la bourgade de Churchill, dans le Grand Nord américain, accueille les déambulations littéraires d'un auteur déçu du voyage.
Un auteur polyvalent
Écrivain et essayiste, Anthony Poiraudeau multiplie les centres d'intérêt et les supports d'écriture. Cet éclectisme ressort dès sa formation, puisqu'il cumule une maîtrise en histoire de l'art et un début de thèse de géographie. Deux domaines qui s'articulent autour de la notion d'espace, laquelle prendra une place prépondérante dans ses romans, de Projet El Pocero (Inculte, 2013) à Churchill, Manitoba (Inculte, 2017). À ces livres s'ajoutent de nombreuses contributions à la presse écrite comme numérique, sous la forme d'articles traitant aussi bien de philosophie, de sport que de culture pop.
Aux confins du rêve
En aidant un ami à déménager, le narrateur se retrouve en possession d'une vieille carte murale Vidal-Lablache. Fasciné par les mappemondes depuis l'enfance, il s'abîme dans la contemplation des lieux lointains et des noms exotiques. L'un d'eux mobilise suffisamment l'imagination de l'auteur pour l'entraîner dans un voyage d'un mois à Churchill, dans la province canadienne du Manitoba.
Une fois sur place, l'interdiction d'explorer la nature environnante, territoire de l'ours polaire, transforme l'aventure en réclusion, et pousse l'infortuné voyageur à entamer un autre périple, littéraire cette fois-ci.
Changements de direction
Récit de la transformation d'une déception en opportunité littéraire, Churchill, Manitoba est le fruit d'un processus d'écriture sinueux. Avant d'opter pour une narration à dominante sinon autobiographique, du moins introspective, Anthony Poiraudeau a arpenté d'autres pistes, allant d'une histoire mi-fictionnelle, mi-documentaire, au compte-rendu encyclopédique.
C'est une forme plus personnelle et plus essentielle qui l'a finalement emporté, partant de la fascination de l'auteur pour la géographie pour tisser une rêverie à même de résonner chez le lecteur.
Le rêve américain
Pour écrire son livre, Anthony Poiraudeau s'est lui-même rendu à Churchill, dans la province canadienne du Manitoba pendant plusieurs semaines dans le cadre d’une mission Stendhal en 2014. Le livre tel qu'il est aujourd'hui est le fruit de ce séjour, durant laquelle l'auteur a pu confronter sa vision fantasmée du Grand Nord au confinement d'une petite ville.
Bien que décevante au départ, cette sédentarité forcée lui donne l'occasion, grâce à la bibliothèque municipale, d'aborder l'histoire d'une région du Canada faite de conflits territoriaux, de grands espaces et de rêves d'enfant.
Lauréat du programme Stendhal de l’Institut français, Anthony Poiraudeau a séjourné un mois à Churchill, petite ville du Grand Nord canadien, dans le Manitoba, en 2016.
Le programme Stendhal permet à des auteurs français ou résidant en France de partir dans un pays étranger travailler à un projet d’écriture en lien avec le pays.