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El Gran Movimiento, de Kiro Russo
Dans El Gran Movimiento, Kiro Russo met en scène sa ville d’origine, La Paz, pour évoquer un environnement qui lui est familier. Entre réalisme et surnaturel, il capte toute la singularité d’un lieu où des hommes et des femmes luttent pour survivre.
Un réalisateur adoubé par la profession
Né à La Paz en 1984, Kiro Russo démarre ses études de réalisation cinématographique à l’Université de Buenos Aires. À la fois réalisateur, scénariste et producteur de ses films, il tourne quatre courts métrages, bientôt récompensés dans différents festivals mondiaux. Ses essais les plus prometteurs, Entreprisse, en 2010, et Juku, un an plus tard, sont ainsi projetés au Sundance Festival. Grâce à son premier long métrage, Viejo Calavera en 2016, il reçoit plus de 80 sélections et remporte 23 prix prestigieux, notamment à Locarno, San Sebastián et au BAFICI. Avec le soutien de plusieurs résidences d’écriture comme celles de Tabakalera et du Moulin d’Andé, il réalise son second long métrage, El Gran Movimiento, qu’il présente à la Mostra de Venise en 2021.
Une déclaration d’amour à sa ville d’origine
Avec El Gran Movimiento, Kiro Russo narre la rencontre forcée entre un ouvrier souffrant et un chaman, supplié de le guérir d’un mal inconnu. Alors qu’il souhaitait évoquer la ville de La Paz et sa localisation atypique à plus de 3600 mètres d’altitude, le cinéaste matérialise les moindres recoins de sa ville d’origine pour en faire ressentir les pulsations singulières à son spectateur. Par la ferveur dramatique de son film, il livre un hommage puissant à un environnement qu’il connaît par cœur en explorant le déclin de son personnage principal. Sombre, mais toutefois bruissant de vie, le long métrage capte un monde qui bascule, mais aussi des destins liés à un lieu sans cesse en mouvement.
Montrer l’invisible
Sous les atours d’une critique sociale, El Gran Movimiento saisit le bouillonnement d’une ville qui ne s’arrête jamais de vivre, quitte à laisser ses habitants dépérir. Il représente les difficiles conditions de travail et l’horizon obscur pour de jeunes gens qui espèrent s’en sortir et gagner leur vie décemment. Kiro Russo travaille sur l’ambivalence des sonorités et la saturation des images pour incarner ce monde en pleine déliquescence. À travers son long métrage, profondément réaliste malgré la tentation du surnaturel, il donne une visibilité inédite à des hommes et des femmes inaudibles, laissés de côté par le reste du monde.
La Bolivie à l’honneur
Présenté dans la section Orizzonti durant la 78e Mostra de Venise en 2021, le film devrait sortir en salles en 2022, fort de critiques positives et d’un réel retentissement auprès des spectateurs. Absente de cet événement depuis vingt-six ans, la Bolivie a ainsi pu goûter, à nouveau, à l’un des festivals les plus prestigieux du monde grâce au film de Kiro Russo. La société Best Friend Forever s’est, quant à elle, d’ores et déjà engagée à gérer les ventes internationales du film au moment de sa sortie.
El Gran Movimiento a été soutenu dans le cadre de l’Aide aux cinémas du monde. Ce programme de l’Institut français apporte son soutien à des cinéastes étrangers sur des projets de films en coproduction avec la France, qu’il s’agisse de longs métrages de fiction, d’animation ou de documentaires de création. En savoir + sur l’Aide aux cinémas du monde
Le film a également bénéficié du soutien de la Fabrique Cinéma de l’Institut français. Ce programme accompagne de jeunes cinéastes de pays du Sud pour faciliter leur insertion sur le marché international du film. En savoir + sur La Fabrique Cinéma