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Genesis, d'Alain Kamal Martial Henry
Le dramaturge mahorais Alain Kamal Martial Henry s’est entouré d’artistes de sa région pour mettre en scène Genesis (2020), un spectacle transdisciplinaire dont le récit sonne comme un acte de survie pour redéfinir le monde.
Un patrimoine mahorais
Metteur en scène et penseur, Alain Kamal Martial Henry a grandi à Mzouazia, un petit village de Mayotte. À 17 ans, il quitte l’île pour étudier la littérature, la pédagogie et les arts en métropole. Diplômé d’une maîtrise de didactique et pédagogie des langues étrangères à Bordeaux, il poursuit son cursus avec une thèse des littératures francophone et française à Paris avant d’étudier le théâtre à Avignon. De retour à Mayotte après ses études, le dramaturge sillonne le Canal de Mozambique aux côtés de savants et d’universitaires tout en interrogeant ses doutes et ses convictions avec les artistes de sa région sur scène. En 2020, il collabore avec Eastambul et Lumumba, deux compagnies de théâtre pour monter Genesis, un spectacle visant à transformer l’héritage dramatique de l’Afrique en un espoir.
Remodeler le monde
Comme un acte de résistance, Genesis est le challenge d’artistes qui veulent dépeindre un nouveau monde contemporain, loin du misérabilisme qui plane sur l’Afrique et des sociétés capitalistes dominantes. Ce voyage dépaysant proposé par Alain Kamal Martial Henry s’apparente à une utopie matriarcale mais interroge profondément la création du monde en proposant un nouveau regard, féminisé et africain. À travers une mise en scène non linéaire, Genesis vacille entre mythologie, histoire et réalité contemporaine dans un élan d’espoir qui replace le mythe féminin au cœur de son intrigue.
La pensée féminine
Conçu à Dar Es Salaam en Tanzanie, Genesis est un projet dramaturgique et musical dans lequel le mythe autour de l’univers féminin du peuple Makua joue un rôle clé. Inspiré par la parole de la romancière et poétesse mozambicaine Paulina Chiziane, le metteur en scène a également intégré dans son récit les réflexions de personnalités féminines engagées telles que Miriam Makeba, Josina Machel ou encore Zena M'deré, contribuant chacune à faire émerger la matricité comme une force structurelle à la fois religieuse, politique et sociale. Selon le mythe makua de la Genèse, toute création vient de la « matricité », une contraction de mater (mère) et cité (lieu des lois et du contrat social). Ainsi, elle résumerait à elle seule l’histoire et le sens politique du peuple de Mayotte.
Richesse des cultures africaines
Pour la création de Genesis, Alain Kamal Martial Henry collabore avec Eastambul et Lumumba, deux compagnies de théâtre respectivement issues de Mayotte et de la Tanzanie. Si de jeunes comédiens originaires de l'ensemble des îles du Canal de Mozambique et de la côte est-africaine composent l’équipe artistique, le metteur en scène a également recruté deux musiciens, un batteur et un saxophoniste du groupe Gorwane de Mozambique. Avec cette approche transdisciplinaire mêlant la scène à la musique, Genesis reflète la richesse de la culture de l’Afrique que le spectacle souhaite remettre sur le devant de la scène, en la transformant littéralement en actrice du monde.
Pour réaliser Genesis, Alain Kamal Martial Henry a été soutenu par le fonds "Des Mots à la scène" lancé par l'Institut français . "Des mots à la scène" est un fonds de production des écritures dramaturgiques contemporaines d'Afrique et des Caraïbes, visant à favoriser la production de nouvelles mises en scène.