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La Vie spirituelle, de Laurence Nobécourt
Ce récit introspectif évoque la quête d'une romancière qui sillonne le Japon à la recherche d'un poète né de son imagination.
Au nom de la prose
D'abord connue comme auteure sous le nom de Lorette, Laurence Nobécourt signe désormais son travail de son prénom de naissance, qu'elle a retrouvé tardivement, rompant ainsi avec un passé encombrant.
Après un passage en école de commerce et un cursus au Centre de formation des journalistes, elle devient rédactrice en chef de Trouvailles, un magazine consacré aux antiquités, avant d'entamer une carrière de romancière avec un premier livre, La Démangeaison (1994). Ce récit sur la chair grignotée par l'eczéma constitue le point de départ d'une œuvre éclectique, du monologue introspectif de La Conversation (1998) au voyage solitaire de La Patagonie intérieure (2013).
Aller au-delà du réel
Montrant comment la fiction peut pénétrer, voire supplanter, le réel, La Vie spirituelle (2017) met en scène une écrivaine qui, comme Emma Bovary, vit dans livres : partie au Japon à la recherche d'un poète imaginaire qu'elle a elle-même créé et prénommé Yazuki, elle finit par le rencontrer.
Contrairement à l'héroïne de Flaubert, le brouillage entre imaginaire et réalité n'est pas ici le fruit d'une aliénation, mais d'une émancipation. Une forme de liberté que seule l'écriture rend possible.
Un personnage récurrent
Le personnage de Yazuki naît en mars 2003, quand un journal propose à Laurence Nobécourt de rédiger une chronique sur l'actualité. Elle, qui n’est pas très à l’écoute des médias, redoute un peu l’exercice.
Coup du hasard, son « Journal de la semaine » tombe au moment où George W. Bush décide d'envahir l'Irak. La gravité de l'événement, ou peut-être la singularité de l'exercice, pousse la romancière à conclure par un poème, dont elle attribue les vers à un auteur nippon inventé, Yazuki. Celui-ci devient un personnage récurrent de ses œuvres, dépassant peu à peu le rôle fictif qui lui était assigné.
Tokyo, mon amour
C'est sa longue relation avec le Japon qui conduit Laurence Nobécourt à imaginer spontanément un protagoniste nippon comme fil rouge intertextuel de son œuvre après 2003.
Cet attachement personnel pour le pays du soleil levant, qui l'habite depuis l'enfance, devient l'un des sujets de La Vie spirituelle. Pour l'écrire,Laurence Nobécourt part plusieurs semaines au Japon, en 2014, sur les traces de son personnage. Tokyo et Hiroshima prennent une place prépondérante dans le récit, tant par leur beauté enneigée, que par la sidération qu'entraîne leur immensité chez une romancière qui a choisi, de son côté, de vivre à la campagne.
Lauréate du programme Stendhal de l’Institut français, Laurence Nobécourt a séjourné au Japon en 2014.
Le programme Stendhal permet à des auteurs français ou résidant en France de partir dans un pays étranger travailler à un projet d’écriture en lien avec le pays.