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Le Voyage de Miriam Frisch, mis en scène par Linda Blanchet
En mêlant archives, documentaire et autofiction, la metteuse en scène Linda Blanchet interroge les notions d'héritage et d'identité. Entre récit intime et théâtre participatif, son Voyage de Miriam Frisch invite le spectateur à partager une expérience collective.
Théâtre et documentaire
Diplômée des universités de Berkeley et de Nanterre, Linda Blanchet approfondit sa vision de la mise en scène auprès de grandes signatures du théâtre contemporain comme Philippe Adrien, Marie-Christine Soma ou encore David Lescot, avec lequel elle collabore à partir de 2013.
Avec la compagnie Hanna R, fondée en 2007, elle explore un théâtre qui mélange les formes d'écriture dans des pièces adaptées de l'univers de Patrick Modiano (L'Homme des plages, 2011) ou de Georges Perec (Un homme qui dort, 2014).
Avec Le Voyage de Miriam Frisch (2017), puis Killing Robots (2019), Linda Blanchet fait entrer la matière documentaire dans son travail.
Enquête de soi
La pièce met en scène l'histoire d'une jeune allemande, Miriam Frisch, qui décide de partir en Israël vivre dans un kibboutz, au cœur d’une de ces communautés rurales et idéalistes fondées sur l'absence de propriété. Là-bas, elle espère trouver la réponse à ce qu'elle nomme une « culpabilité abstraite », celle du peuple allemand vis-à-vis du peuple juif, et se réapproprier ainsi sa propre histoire.
Sa quête se déploie à travers les photos et les textes de son journal de bord, récoltés et projetés sur scène par la dramaturge Linda Blanchet. Quatre comédiens les présentent, les commentent et interrogent ainsi le voyage initiatique de Miriam. Face à la désillusion de la jeune fille, ils livrent au public une part d'eux-mêmes, donnant à cette expérience collective des airs de repas à la table des utopies.
Une scène en forme de kibboutz
En tant que dramaturge, Linda Blanchet est passionnée par la manière dont le réel s'articule avec la fiction. Ses projets sont conçus autour d'un dispositif qui rend possible un tel dialogue. Le Voyage de Miriam Frisch est ainsi pensé pour des jauges réduites, avec un espace scénique où les comédiens s'ébattent au milieu du public attablé à un long banc de bois.
Ce choix reprend les codes du kibboutz, où tous les repas sont pris en commun. Il renforce surtout l'interactivité d'un processus qui se nourrit des voix de tous les protagonistes, des interprètes aux spectateurs.
Road movie
Avec Le Voyage de Miriam Frisch, l'œuvre de Linda Blanchet prend un virage vers le road movie. Ce genre vagabond qui met en valeur la traversée du territoire, tout comme le recours à des formes de récit ludiques comme l'enquête, a permis à la pièce de connaître une fructueuse carrière dans des festivals reconnus (le « off » d'Avignon) et sur les scènes nationales (Théâtre National de Nice, Maison des Métallos à Paris).
Le dispositif éprouvé dans cette pièce ouvre aussi la voie à une nouvelle expérimentation de l'auteur, le spectacle Killing Robots (2019). Comme dans Le Voyage de Miriam Frisch, elle y assemble différents matériaux visuels et sonores dans un « cluedo » intime qui transforme son sujet – la mort du robot auto-stoppeur HitchBOT – en fable universelle.
La création du Voyage de Miriam Frisch en Argentine, en juin 2019, a été soutenu dans le cadre du Fonds culturel franco-allemand.
Piloté par l’Institut français pour sa partie française, ce fonds favorise la coopération culturelle franco-allemande à l’étranger en appuyant des projets menés en étroite collaboration avec les acteurs culturels locaux. En savoir + sur le Fonds culturel franco-allemand