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Les Mariées de Taïwan, de Clément Baloup
Dans ce 3e tome des Mémoires de Viet Kieu, le bédéiste engagé poursuit son enquête sur les expatriés vietnamiens, et suit le parcours de femmes négociant, par le mariage, une vie meilleure à Taïwan.
Au carrefour des cultures
Après des études d'arts appliqués, Clément Baloup intègre l'École des beaux-arts d'Angoulême, où il se spécialise dans la bande-dessinée. À 22 ans, il crée avec ses colocataires un collectif qu'il nomme « La maison qui pue », grâce auquel il publie ses premières œuvres, souvent liées au thème du voyage.
D’Un automne à Hanoï (2004) aux Mariées de Taïwan (2017), il publie des planches métissées, entre aventure et récit personnel, avant d'élargir son registre, s'essayant à l'enseignement ou à la scénographie d'expositions sur la BD.
Mariages arrangés à grande échelle
Avec sa série Mémoires du Viet Kieu, Clément Baloup raconte les pérégrinations de différents groupes d'expatriés vietnamiens.
Dans le troisième tome, Les Mariées de Taïwan, il s'intéresse de plus près à une diaspora essentiellement féminine, dont il traite à travers le personnage de Linh. Il décrit comment, depuis les années 1990, s'est instauré un marché du mariage entre le Vietnam et Taïwan : des jeunes femmes venant de milieux modeste et ruraux se voient promettre monts et merveilles par des agences matrimoniales. Après avoir cédé aux sirènes du confort financier, nombre d'entre elles connaissent bien des déconvenues.
Un travail de recherche
Pour y avoir fait une partie de ses études, Clément Baloup connaît bien le Vietnam, dont son père est originaire. Avec Les Mariées de Taïwan, il met cette proximité au service d'un conte aux allures d'enquête sociologique. Ainsi, il rassemble les témoignages de 24 femmes et de deux hommes, auxquels il ajoute des entretiens avec des journalistes et des travailleurs sociaux.
Alternant planches en noir et blanc, offrant le compte-rendu de ces échanges, et dessins en couleur consacrés à la trame dramatique, il mêle documentaire et fiction dans une œuvre engagée, parsemée de poésie.
Récits de voyage
L'œuvre de Clément Baloup, au même titre que son histoire personnelle, traverse les frontières. Les Mariées de Taïwan, qu'il conçoit au Vietnam, marque une étape supplémentaire dans sa connaissance du pays. Après avoir vécu en Corse et à Tahiti, à Cannes et en Guyane, et avant de s'installer comme auteur à Marseille, il était en effet parti explorer ses racines vietnamiennes aux Beaux-Arts de Hanoï.
Central dans son œuvre, ce travail ancré dans un territoire obtient un écho international avec le Prix du jury œcuménique au festival de la bande dessinée d’Angoulême pour Quitter Saïgon, le premier tome de la série.
Lauréat du programme Stendhal de l’Institut français, Clément Baloup a séjourné à Taïwan en 2013.
Le programme Stendhal permet à des auteurs français ou résidant en France de partir dans un pays étranger travailler à un projet d’écriture en lien avec le pays.
En savoir + sur le programme Stendhal.