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Les Spectateurs, de Nathalie Azoulai
Roman de l’exil et de ses questionnements identitaires, Les Spectateurs met en scène une famille d’expatriés anonymes dans la France des années 1960 et interroge notre mémoire collective.
Une femme de lettres
Née en 1966 de parents égyptiens, Nathalie Azoulai grandit en région parisienne et obtient son agrégation de lettres modernes à l’École normale supérieure. En 2002, elle publie son premier roman, Mère agitée,qui évoque les aléas de la maternité à travers des situations tirées de sa propre expérience.
Éditrice, scénariste et auteure pour la jeunesse, elle obtient en 2015 le prix Médicis pour son hommage romanesque à Jean Racine, Titus n’aimait pas Bérénice.Comme un écho au déracinement de ses parents, l’écrivaine française explore les sentiments troubles de l’exil dans Les Spectateurs, paru en 2018 aux éditions P.O.L.
Une histoire d’exils
Le 27 novembre 1967, le général de Gaulle condamne l’occupation de la Palestine par Israël. Devant la télévision, un enfant de 13 ans observe la scène aux côtés de ses parents, venus vivre en banlieue parisienne quelques années plus tôt, après avoir été chassés de leur terre d'Orient.
Tiraillé entre son amour de la France et l’exil de ses parents, l’adolescent interroge les « tremblements d’identités » qui agitent son histoire familiale. Un récit d’exilés où s’entrelacent les rêves hollywoodiens d'une mère, l'Israël symbolique d'un père et le désir d’enracinement d'un jeune héros en quête de sens.
Raconter le déracinement
Lauréate en 2016 d’une mission Stendhal, Nathalie Azoulai passe plusieurs semaines en Israël pour écrire ce récit d’exils. Elle fait évoluer son projet initial, organisé autour d’une narratrice visionnant la condamnation de l'État israélien faite par le général de Gaulle 50 ans plus tôt. Au fil de l’écriture, la romancière affine son propos et décide de plonger le lecteur dans la France des années 1960.
Retrouvant les thèmes de la maternité déroutante et de l'amour fraternel, elle livre une partie de son enfance à travers les yeux d’un adolescent qui s'interroge sur son histoire familiale.
Le spectacle du monde
En ancrant son récit en 1967, quelques mois après la guerre des Six Jours au Proche-Orient, Nathalie Azoulai ouvre une réflexion sur le déracinement, où s'entremêlent considérations intimes et questionnements géopolitiques. D'autant plus qu'avec l'arrivée du petit écran à cette époque, le spectacle du monde se joue désormais au sein même des foyers français.
Un spectacle qui fait écho au drame actuel des migrants, car tout comme ces réfugiés qui parcourent aujourd'hui le monde à la recherche d'une terre d’accueil, nous ne connaîtrons jamais ni le nom, ni la patrie d'origine de ces « spectateurs » contraints de quitter leur pays natal.
Lauréate du programme Stendhal de l'Institut français, Nathalie Azoulai a séjourné en Israël, à Tel-Aviv, en novembre et décembre 2016.
Le programme Stendhal permet à des auteurs français ou résidant en France de partir dans un pays étranger travailler à un projet d’écriture en lien avec le pays.