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Ordesa, de Nicolas Pelloille-Oudart
Expérience interactive à l’esthétique cinématographique assumée, Ordesa est un film qui se regarde sur smartphone, le spectateur étant invité à faire avancer lui-même l’intrigue. Dans ce huis clos oppressant récompensé lors des Pégases du jeu vidéo, un père et sa fille sont confrontés à un passé lourd de non-dits.
Une expérience hybride
Ordesa est un film interactif, uniquement accessible sur tablette ou smartphone. Ce huis clos immersif, coproduit par Arte Interactive et Cinétévé Expérience, a été réalisé par Nicolas Pelloille-Oudart (Emma the story, Unmaze), qui travaille depuis plusieurs années sur des formats hybrides, à mi-chemin entre le cinéma et le jeu vidéo. Pour l’accompagner à l’écriture, il a fait appel à la plume de Nicolas Peufaillit (César du meilleur scénario original pour Un prophète). Dans le rôle du père, l’acteur de théâtre Carlo Brandt incarne un homme hanté par la mort de sa femme, et qui erre dans une vieille maison de campagne. Le rôle de sa fille, revenue lui annoncer son départ à l’étranger, a été confié à Melissa Guers, repérée dans La fille au bracelet (nominée au César du meilleur espoir féminin 2020).
Drame familial
A mi-chemin entre le film et le jeu vidéo, Ordesa propose un récit non-linéaire d’environ une heure, à la tension très dosée. On se retrouve alors plongé dans un thriller psychologique angoissant, porté par une photographie à la fois sobre et stylisée. A la suite d’un drame familial, le père de Lise vit reclus dans une maison isolée. Le retour de sa fille, deux ans après les faits, sera l’occasion pour le spectateur-utilisateur d’en découvrir plus sur leur passé traumatique. En utilisant son smartphone comme un gyroscope qu’il peut tourner de droite à gauche, ce dernier peut se déplacer dans chaque image, et choisir de cadrer un personnage ou un objet de son choix.
Se déplacer dans l’image
Nicolas Pelloille-Oudart, le réalisateur d’Ordesa, a dû mettre au point un procédé de prise de vue inédit pour proposer au spectateur-utilisateur une véritable image de cinéma dans laquelle il puisse se déplacer. Il a utilisé pour cela une optique qui permet d’opérer des travellings dans des plans à 360 degrés, sans déformation de l’image ou effets de flou. Le tournage a aussi donné lieu à des contraintes particulières, le format interactif imposant un rythme et une gestuelle très spécifique : « Il fallait reprendre les poses exactes et très précises d’une prise à l’autre, explique ainsi l’actrice Melissa Guers. On me plaçait comme une marionnette ».
Présence fantomatique
Le titre du film interactif Ordesa, littéralement « hors de ça », est inspiré par la nouvelle Le Horla de Guy de Maupassant. La volonté du réalisateur Nicolas Pelloille-Oudart était ainsi de créer une expérience où le spectateur-utilisateur incarne une présence fantomatique qui erre dans la maison, et qui participe à l’écriture du récit en opérant ses propres mouvements de caméra. Au point de brouiller la distinction entre le rôle du spectateur et celui de réalisateur. L’équipe a ainsi porté un soin particulier au moindre détail : les personnages sentent la présence du regard du spectateur et réagissent en fonction du cadrage. Comme pour la création d’un jeu vidéo, Ordesa a dû être soumis à une batterie de tests auprès des utilisateurs, en fonction desquels le film a été plusieurs fois repris et modifié.
Ordesa, de Nicolas Pelloille-Oudart, figure parmi les oeuvres regroupées sur Futurimage, une plateforme offrant un riche panorama de nouvelles narrations sous toutes ses formes.
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