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Please, please, please, de La Ribot, Mathilde Monnier et Tiago Rodrigues
Trois grands noms de la scène contemporaine se réunissent pour un geste de résistance chorégraphique. Mêlant danse et textes, Please, please, please (2019) s'affirme surtout comme un émouvant chant d'espoir envoyé aux générations futures sur l’avenir.
Regards croisés
À l'origine de Please, please, please, on retrouve trois artistes. Maria Ribot, alias La Ribot, fait partie des chorégraphes les plus novatrices de ces 30 dernières années. Avec ses Pièces distinguées, des performances courtes à mi-chemin entre spectacle vivant et œuvres d'art, elle affirme une présence libre du corps pour redéfinir les rapports entre scène et spectateur.
À ses côtés, Mathilde Monnier est également une chorégraphe influente depuis les années 1980. Son travail à la tête notamment d’ICI – Centre chorégraphique national Montpellier – Occitanie, est marqué par la volonté de remettre en question sa pratique en la confrontant à différentes cultures.
Enfin, le metteur en scène portugais Tiago Rodrigues construit une œuvre qui tend vers l'épure stylistique. Son approche s'appuie aussi sur l'énergie collective, conviction héritée de son passage par la compagnie de théâtre tg STAN à la fin des années 1990.
Des espoirs
D'abord, il y a un long cylindre terne qui trône au fond de la scène. Puis les corps des danseuses, Mathilde Monnier et La Ribot, ceints dans des tenues brillantes. Elles s'ébattent sur les rythmes effrénés de Bartók. Leurs mots disent le chaos, un monde en perdition, un cocon dont il faudrait se défaire. Puis vient le temps de la naissance. Une mère et sa fille. Une bête que l'on dépèce comme pour entrevoir l'issue possible du conflit.
En trois séquences distinctes, la danse indisciplinée et généreuse conçue par Ribot, Monnier et Rodrigues voyage entre le cauchemar kafkaïen et la réflexion sur l'avenir de notre humanité.
Duo, deuxième
Avant de mettre en chantier Please, please, please, Mathilde Monnier et La Ribot avaient déjà travaillé ensemble sur leur duo Gustavia (2008). Plus de 10 ans après, Please, please, please apparaît comme le prolongement de ce spectacle.
Les chorégraphes y accentuent un peu plus leur volonté de rapprocher danse et théâtre. Dans un registre moins burlesque, mais tout aussi subversif, elles poursuivent également leur réflexion sur le féminin en l'élargissant à une humanité au bord du gouffre.
Casting trois étoiles
Un metteur en scène portugais (Tiago Rodrigues), une chorégraphe française (Mathilde Monnier) et son alter ego espagnol (La Ribot) : Please, please, please affirme dans son générique une tonalité internationale.
Présenté pour la première fois sur la scène du Théâtre de Vidy-Lausanne, en Suisse, avant d'avoir les honneurs du prestigieux Festival d’Automne à Paris 2019 dans le cadre du programme « Portrait » consacré à La Ribot, le spectacle fédère un large public par son thème d'actualité – l'avenir incertain offert aux nouvelles générations – autant que par la notoriété de ses auteurs.
Dans le contexte de la pandémie du Coronavirus Covid-19, l’Institut français souhaite continuer à vous proposer des portraits, rencontres avec des créateurs de toutes origines, œuvres, portfolios. Nous espérons que ces pages vous apporteront une respiration dans un quotidien confiné.
Please, please, please, de La Ribot, Mathilde Monnier et Tiago Rodrigues était programmé le 23 et 24 avril 2020 à Lisbonne, au Théâtre National Dona Maria II, dans le cadre d'un temps fort de théâtre français autour de la force féminine.
Ce temps fort, programmé de février à juin 2020 avec le soutien de l'Institut français, incluait également Bajazet - En considérant « Le Théâtre et la Peste », d'après Jean Racine et Antonin Artaud, mis en scène par Frank Castorf et De la sexualité des orchidées, de Sofia Teillet.