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Portrait de Raoul, de Philippe Minyana
Dans un monologue étincelant, l'acteur et costumier Raoul Fernandez déroule le fil de sa vie comme un roman. Un voyage picaresque, du Salvador à la France et de Copi à Noureev, sublimé par l'écriture tendre du dramaturge Philippe Minyana.
Pilier du théâtre contemporain
Révélé par Lucien Attoun, qui l'accompagne au sein du Théâtre Ouvert au début des années 1980 et porte la plupart de ses textes à la radio sur France Culture, Philippe Minyana est une figure du théâtre contemporain. Ses pièces les plus célèbres comme Chambres (1986), Inventaires (1987) ou La Petite dans la forêt profonde (2008) ont été mises en scène sous la direction d'Alain Françon, Robert Cantarella ou Marcial di Fonzo Bo. Auteur protéiforme dont le répertoire s'étend jusqu'à l'opéra (Jojo, 1990), il déploie une œuvre où le monologue et le drame intime tiennent une place centrale. Ces deux motifs sont au cœur du Portrait de Raoul (2018).
Tout sur Raoul
Raoul Fernandez est né à Èl Transito, au Salvador. Il est garçon, mais sa mère, traumatisée par la mort de ses deux précédents fils, l'aime comme une fille. Sa vie est un roman qu'il joue seul en scène, entouré d'accessoires symboliques : les tissus chamarrés de son enfance couturière auprès de « Mama Betty », la perruque blonde tendue par Copi un jour de répétition... Car, à travers la trajectoire de Raoul, faite de merveilleuses rencontres, ce sont trente ans d'histoire de la scène contemporaine – de Noureev à Nordey – qui se déploient. C'est aussi une délicate ôde à la vie portée par un homme qui a toujours décidé librement de sa route.
Une rencontre, un trio
La création du Portrait de Raoul tient d'abord à la rencontre entre l'auteur Philippe Minyana et l'acteur et costumier Raoul Fernandez. Tous deux sont des figures de la scène. Ils se croisent régulièrement sur des créations jusqu'au jour où Fernandez demande à Minyana de lui écrire un texte. La vie du costumier séduit l'auteur qui y voit la matière parfaite à un nouveau monologue autour de ses motifs fétiches, l'intime et la quête de soi. Pour que le Portrait de Raoul soit complet, il faut un troisième larron. Ce sera le metteur en scène Marcial di Fonzo Bo, compagnon de route de Raoul comme de Philippe, qui intègre le texte à sa galerie de « Portraits de vie ».
Salvador/Normandie
En créant les « Portraits de vie » à la Comédie de Caen, une série de pièces consacrées à des personnages exceptionnels de la vie courante, Marcial di Fonzo Bo affiche la volonté de créer des œuvres itinérantes, destinées à voyager un peu partout dans le monde. La trajectoire inédite de Raoul, qui emporte le spectateur d'Èl Transito à Paris, en passant par Séoul ou Berlin, se prête particulièrement à l'exportation hors des frontières normandes. Elle a ainsi été reprise dans de nombreux pays d'Amérique du Sud : Colombie, Mexique et, évidemment, Salvador, terre natale du flamboyant Raoul Fernandez.
En 2019 Portrait de Raoul a été intégré à la première édition de La Collection de l'Institut français, dispositif qui rassemble pour le réseau culturel français à l'étranger 90 propositions clés en main, légères en diffusion et modulables, dans les domaines des arts de la scène, des arts visuels et de l’architecture, de l’urbanisme et du paysage.