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Voyage à travers le cinéma français, de Bertrand Tavernier
Dans un documentaire intime et réflexif, le réalisateur célèbre le cinéma français en donnant la parole à ses figures les plus prestigieuses, de Renoir à Truffaut. Il en exhume les trésors cachés.
De spectateur à réalisateur
Si beaucoup de cinéastes sont d'abord des cinéphiles invétérés, rares sont ceux qui ont proclamé leur amour du septième art aussi souvent, et sous autant de formes, que l'a fait Bertrand Tavernier. Habitué de la cinémathèque de la rue d'Ulm, fondateur du ciné-club Nickel-Odéon puis critique à temps plein, ce passionné s'impose comme une plume notoire de la presse spécialisée. Au milieu des années 1960, il débute sa longue carrière de réalisateur et signe une œuvre éclectique au fort sous-texte social avec des succès comme Coup de torchon (1981) ou Dans la brume électrique (2009). Depuis 1982, il préside l'Institut Lumière à Lyon, qui promeut le cinéma dans la ville même où il a été inventé.
Autoportrait d'un cinéphile
Reprenant à son compte la formule de Victor Hugo, « il y a, dans l'admiration, quelque chose de réconfortant », Bertrand Tavernier construit son panthéon personnel du septième art hexagonal.
Avec Voyage à travers le cinéma français (2016), il se raconte par les films qui ont bercé sa jeunesse. S'il met en lumière les monstres sacrés, en évoquant par exemple la collaboration entre Renoir et Gabin dans La Bête humaine (1938), il réhabilite aussi des cinéastes à la postérité moins glorieuse. On découvre ainsi un Jean Delannoy maître du mouvement de caméra dans Macao, l'enfer du jeu (1942) ou un Jean Sasha, scénariste talentueux, dans Cet homme est dangereux (1953).
Un catalogue imposant
Critique de cinéma aguerri, c'est en tant que cinéaste que Bertrand Tavernier écrit ce documentaire. Sa genèse repose sur un mélange d'intuition et d'introspection, laissant les films et les réalisateurs s'imposer d'eux-mêmes.
Une fois les œuvres sélectionnées débute un travail gigantesque pour réunir, monter et remasteriser les 582 extraits issus de 94 films choisis. Si la narration est assurée par André Marcon, le personnage principal est sans doute le metteur en scène lui-même, choisissant d'exposer explicitement sa subjectivité pour revenir aux fondamentaux de l'exégèse cinématographique.
Retour aux sources
Citant un échange avec Jean-Pierre Melville, pour qui il a travaillé comme assistant, Bertrand Tavernier confie vouloir se faire un « ambassadeur de France en France ».
Parmi les chefs-d'œuvre de la Nouvelle Vague, dont le succès n'est plus à démontrer, il redonne une place centrale au cinéma classique d'avant les années 1960, époque ayant fait les frais du raz-de-marée de la modernité.
S'il cherche à être prophète en son pays, le réalisateur érudit n'en livre pas moins une œuvre profitant aux cinéphiles du monde entier, et dont son homologue américain Martin Scorsese louera la beauté et la précision.


Quatre films de Bertrand Tavernier sont diffusés par l'Institut français à l'international : La Vie et rien d'autre (1989), Capitaine Conan (1996), Quai d'Orsay (2013) et Voyage à travers le cinéma français (2015).
L’Institut français propose un catalogue de plus de 2 500 titres permettant au réseau culturel et à ses partenaires de diffuser des films français dans le monde.