
Ailton Krenak
Leader de la lutte pour la défense des peuples indigènes du Brésil, Ailton Krenak, du nom éponyme de son ethnie, a subi « l'exil ». Philosophe et écrivain, son œuvre et son engagement reflètent le combat pour la reconnaissance de ces populations et de leur « droit à la Terre ».
Publié le 23/03/2021
2 min
Né en 1953 sur les rives du Rio Doce dans l'État du Minas Gerais, Ailton Krenak a été séparé de force de son peuple à 9 ans, contraint de quitter ses terres, réquisitionnées par les Autorités. Éduqué dans la société brésilienne traditionnelle, il devient journaliste et voit d'autres indigènes subir le même sort. De ses expériences naissent alors sa réflexion et sa lutte. Il fonde plusieurs organisations de défense des droits autochtones et fait reconnaître les droits territoriaux indigènes dans la Constitution de 1988. De 2003 à 2010, il est assistant spécial pour les affaires autochtones du gouverneur de Minas Gerais. En 2015, il reçoit l'Ordre du Mérite culturel et l'année suivante, un doctorat honorifique de l’Université Fédérale de Juiz de Fora où il enseigne les cultures indigènes. Écrivain, il vient de publier en 2020 Demain n'est pas à vendre et Idées pour retarder la fin du monde.
Journaliste, philosophe, écrivain, enseignant, militant socio-écologiste et leader politique : c'est sur tous ces fronts qu'Ailton Krenak agit depuis les années 1970, avec un même fil rouge, celui de la reconnaissance de la Culture et des Terres des peuples autochtones. Un combat idéologique, politique et écologique qui, au-delà de la question indigène, interroge avec un regard d'anthropologue l'Humanité et la crise des civilisations.
Avec l'apparition de la pandémie de Covid-19, Ailton Krenak publie en 2020 Demain n'est pas à vendre où il parle de « la mentalité de malade qui domine dans le monde », celle de penser à la vie d'une manière non durable en éteignant d'autres espèces vivantes pour survivre. Il juge nécessaire d'abandonner l'anthropocentrisme et d'accepter que les humains - qui agissent dans une existence déconnectée de la Terre et de la nature - ne manquent pas de biodiversité. Dans Idées pour retarder la fin du monde (2020), il s'approprie le discours sur l'anthropocène : avec la nouvelle crise environnementale qui est aussi une crise de civilisation pour les sociétés industrielles, il estime que les peuples indigènes, habitués à la survie matérielle et culturelle, seront probablement mieux préparés que les sociétés occidentales.
Ce qu’Ailton Krenak a fait pour son peuple Krenak, il l'a aussi fait pour les autres peuples indigènes du Brésil, organisant l'Alliance des Peuples de la Forêt (qui rassemble les communautés indigènes de l’Amazonie), participant à la création de l'Union des Nations Indigènes (UNI), proposant à l'Unesco la création de la Réserve de la biosphère de la Serra do Espinhaço en 2005. À l'heure où l’Occident — et pas seulement — s'inquiète des méfaits de la société industrielle sur la Terre et de la nécessaire orientation vers un monde plus durable, son discours a une portée universelle. Des idées qu'il a partagées en janvier dernier lors de la Nuit des Idées 2021.
- 1953
1953
Naissance d'Ailton Krenak au Minas Gerais, Brésil.
- 1962
1962
Sous la menace des Autorités brésiliennes, Ailton Krenak est contraint de fuir sa Terre natale avec sa famille.
- 1988
1988
Le militant de la cause indigène contribue à inscrire les droits territoriaux des Indiens dans la nouvelle Constitution brésilienne.
- 2015
2015
Ailton Krenak reçoit l'Ordre du Mérite Culturel au Brésil.
- 2020
2020
Publication en langue française de ses ouvrages "La vie est à peine utile", "Demain n'est pas à vendre", "Idées pour retarder la fin du monde".

Ailton Krenak a participé à la Nuit des Idées 2021, dans le cadre du live 24h de Nuit et d'Idées.
Rendez-vous annuel consacré à la libre circulation des idées et des savoirs, la Nuit des Idées est coordonnée par l’Institut français. En savoir + sur la Nuit des Idées