de rencontres
Rencontre
Danse

Du 15 au 19 juin, l’Institut français organise un FOCUS Danse dans le cadre du festival Nomadanse

Le festival Nomadanse nous permet de mettre en valeur des paysages extraordinaires et des espaces patrimoniaux plutôt méconnus, en les faisant résonner avec des propositions artistiques.

Le festival itinérant Nomadanse se déroule du 2 au 18 juin avec un parcours le long du canal allant de Nantes à Brest. En partenariat avec l’association Danse à tous les étages, à l’origine de ce festival, le collectif FAIR-E, l’Etablissement public de coopération culturelle (EPCC) Spectacle Vivant en Bretagne et la région Bretagne, l’Institut français propose un nouveau FOCUS Danse du 15 au 19 juin. L’objectif est de réunir des professionnels invités par le réseau culturel français à l’étranger, dans le but de faciliter le repérage des secteurs de la création culturelle française et d’encourager leur diffusion dans le monde. A cette occasion, nous avons rencontré Natacha Le Fresne, directrice de Danse à tous les étages. 

Mis à jour le 23/06/2022

10 min

Image
Nomadanse 2022

Pourriez-vous nous parler de votre parcours ? 

Je suis avant tout une grande passionnée de danse : je l’ai toujours pratiquée et j’ai toujours pris beaucoup de plaisir à découvrir de nouveaux spectacles. C’est par ce biais que j’ai choisi d’en faire mon métier, en commençant par accompagner des artistes dans leur développement. J’ai ainsi travaillé pendant une dizaine d'années au sein de compagnies chorégraphiques, notamment à Paris avec la compagnie Mille Plateaux Associés, aux côtés de Geisha Fontaine et Pierre Cottreau, avec qui j’ai eu beaucoup de plaisir à dialoguer. Il y a une dizaine d’années, je me suis installée en Bretagne et j’ai accompagné le développement des artistes Maud Le Pladec et Thierry Micouin, qui étaient à l’époque en début de parcours de chorégraphes. Une de mes priorités a toujours aussi été de tisser des liens à l’international pour faire voyager ces spectacles. J’ai notamment participé à des résidences aux États-Unis et au Japon : la question des échanges interculturels autour de la danse, cet art si universel, est quelque chose qui m’intéresse depuis de nombreuses années. À la suite de cela, j’ai également travaillé au Centre Chorégraphique National de Rennes et de Bretagne, où j’ai accompagné le projet du Musée de la danse porté par Boris Charmatz, puis l’entrée en fonction du collectif FAIR-E qui en a récemment pris la direction. 

 

Vous dirigez Danse à tous les étages depuis maintenant deux ans. Quelles sont les missions et les particularités de cette association basée à Rennes ? 

Danse à tous les étages est une Scène de territoire pour la danse, actuellement en préfiguration pour devenir Centre de Développement Chorégraphique National. Sa particularité, depuis sa fondation il y a vingt-cinq ans, est d’être itinérante et nomade. C’est intimement lié à notre projet, qui est d’aller vers des personnes et des territoires qui rencontrent assez peu la danse et l’art chorégraphique. Nous nous considérons donc comme une sorte de pôle chorégraphique de proximité, qui se déplace pour proposer des projets en lien avec des environnements particuliers. Avec aussi des modes de travail très spécifiques, puisque nous n’avons pas de salle attitrée ou de public qui nous suivrait de façon régulière. 

 

Vous dirigez également le festival Nomadanse, qui a connu sa première édition en 2021, et qui aura lieu cette année du 2 au 18 juin 2022. Comment est née l'idée d’un festival itinérant autour du canal qui relie Nantes à Brest ? 

Ce canal traverse l’intérieur de la Bretagne, un territoire où il y a peu de relais culturels ou de structures labellisées. L’idée, c’était donc de se déplacer sur des lieux qui n’étaient pas a priori évidents. C’est également un axe qui propose des paysages extraordinaires et des espaces patrimoniaux plutôt méconnus. Le festival nous permet de les mettre en valeur, en les faisant résonner avec des propositions artistiques. Nous reconstituons ainsi des scènes ou des plateaux dans des endroits insolites : terrains de tennis, forêts, plages… Nomadanse est également l’occasion de résidences afin que les artistes tissent des liens avec les habitants. 

Teaser Nomadanse #2
Teaser Nomadanse #2

Quels seront les temps forts de la programmation du festival cette année ? 

Certainement la reprise de la Blank Placard Dance, une œuvre majeure d’Anna Halprin, par un collectif de femmes menées par Anne Collod et Cécile Proust. Elle donnera lieu à une déambulation dans l’espace public à Brest, en début de parcours, avec près d’une trentaine d’habitantes. Il y a aura également une soirée à Baud, dans le cadre du Focus proposé aux professionnels internationaux, qui sera un moment très fort. Elle a été organisée autour d’une école de musique et de danse avec la programmation de trois artistes émergents : Leïla Ka, Louis Barreau et Bruce Chiefare, qui s’intéresse aux liens entre le breakdance et les espaces naturels. Seront présents les programmateurs nationaux et internationaux, les artistes, des écoles du territoires, et bien sûr, les habitants. 

 

Comment le festival s’articule-t-il avec les différents acteurs professionnels locaux et internationaux ? 

Nous sommes toujours en construction partagée avec des écosystèmes : communautés de communes, acteurs issus du champ social ou éducatif, acteurs culturels. Cela nous amène sur des territoires ruraux où il n’y a pas d’autres relais culturels. Il faut donc s’adapter à chaque contexte, ce qui représente aussi un défi très intéressant pour les artistes. Il faut savoir que la danse est un domaine qui connaît depuis toujours des gros problèmes en termes de diffusion : en moyenne, une pièce n’est diffusée qu’entre deux et cinq fois, parfois à l’issue d’un processus de création qui prend une année entière. Nous essayons donc aussi de proposer de la danse là où il n’y en a pas forcément. 

 

L’Institut français organise un Focus Danse, du 15 au 19 juin 2022, en partenariat avec Nomadanse. Un parcours de repérage est ainsi organisé à destination de 19 programmateurs internationaux. Pourquoi avez-vous décidé d’accueillir ce Focus dans le cadre de Nomadanse et qu’attendez-vous de ces rencontres ? 

Ce Focus rassemble, à l’occasion de Nomadanse, l’Institut français, Danse à tous les étages, le Centre Chorégraphique de Rennes et de Bretagne mené par le Collectif FAIR-E, l’agence régionale Spectacle Vivant en Bretagne et la Région Bretagne. C’est une rencontre qui a été mise au point avec l’ensemble de ces partenaires, et qui aura pour thème la coopération et l’itinérance, qui sont bien sûr au cœur du projet de Danse à tous les étages. Une autre problématique qui sera mise en avant sera celle de l’autodidactie, et donc plus largement de la formation, ou de l’absence de formation. Comment trouver des espaces de visibilité quand on ne vient pas du monde des institutions ? Ce Focus sera l’occasion de voir des spectacles, mais aussi d’établir un dialogue entre professionnels du monde entier, qui pourront faire des retours d’expérience sur leur façon de penser et de travailler. Cela a été rendu possible par les différentes antennes de l’Institut Français qui ont fait un véritable travail pour identifier des professionnels et des programmateurs qui sont sensibles à ces sujets. 

L'institut français, LAB