Jana Budkovskaja, fondatrice de la plateforme OBJEKT, nous parle des Micro-Folies présentées en collaboration avec l'Institut français dans le cadre de la PFUE
Jana Budkovskaja est à la tête d’OBJEKT, une plateforme de développement multimédia basée en Estonie. Son entreprise contribue au développement et au déploiement en Europe du projet de musées numériques Micro-Folies, porté par le Ministère de la Culture et coordonné par La Villette. Dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne (PFUE), 27 Micro-Folies sont présentées dans toute l’Europe par la fondation des Alliances Françaises, les Instituts français et ses partenaires, en collaboration avec l’Institut français. Alors qu’Objekt accueille une Micro-Folie en Estonie, nous avons échangé sur le projet avec Jana Budkovskaja.
Mis à jour le 03/06/2022
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Comment avez-vous rejoint le projet des Micro-Folies dans le cadre de la PFUE ?
Nous avons commencé à collaborer avec l’ambassade de France il y a environ quatre ans, lorsque nous avons décidé d’organiser le festival du film Black Knights, qui a lieu chaque année en novembre, au nord-est de l’Estonie. Nous cherchions à proposer quelque chose d’un peu différent, au-delà de la projection des films. L’ambassade française nous a dit que le Festival de Cannes était le premier à intégrer des films tournés en réalité virtuelle à son programme. Je me suis donc dit qu’on pouvait essayer. OBJEKT étant un pôle multimédia, nous sommes équipés de matériel de réalité virtuelle et d’écrans géants, entre autres. Nous pouvions donc aisément associer films, réalité virtuelle et nouveaux formats cinématographiques. Au vu du déploiement des Micro-Folies en Europe, l’ambassade de France nous a contactés pour nous indiquer qu’ils avaient déjà réalisé ce genre de choses. Cela correspond à ce que nous aimerions proposer à Narva. Le musée de Narva est situé au cœur du château. Nous devons donc trouver de nouveaux outils numériques, non seulement pour raconter l’histoire de la région, mais aussi pour donner de la visibilité au château à l’échelle internationale. Les Micro-Folies sont la vitrine idéale, aussi bien pour les étudiants que pour servir d’exemple pour notre musée. Dernièrement, nous avons organisé un congrès de design en parallèle du Hackathon, axé autour de la digitalisation de la culture. Là encore, les Micro-Folies seront le parfait exemple pour montrer comment y parvenir.
Selon vous, quelles sont les conséquences de la pandémie sur les collections numériques comme les Micro-Folies ?
La pandémie nous a montré que la culture peut être digitalisée et exposée, mais aussi qu’elle peut être créée au format numérique dès le départ. Au début, nous nous asseyions pour admirer les œuvres d’art provenant du Louvre ou d’autres musées. Et puis j’ai compris que, même si j’aime regarder l’art sur Instagram ou TikTok, j’aime aussi me rendre dans les musées. Aujourd’hui, il y a les Micro-Folies et elles me donnent l’impression de me rendre quelque part. Peu importe si c’est réel ou virtuel, même si j’ai parfaitement conscience des limites du digital. À mes yeux, si je dois me déplacer pour apprécier des œuvres d’art, cela fait partie de l’expérience. Les Micro-Folies proposent une véritable structure.
Le projet a vu le jour grâce à la mobilisation du réseau culturel français à l’étranger. Pouvez-vous nous expliquer comment vous travaillez avec l’Institut français en Estonie ?
Pour OBJEKT, l’Institut français en Estonie est une organisation qui nous permet de mieux comprendre la culture française. Nous avons réalisé le projet de film en réalité virtuelle, aujourd’hui il y a les Micro-Folies, et nous venons de recevoir une importante délégation de l’Institut français et de l’ambassade pour apprendre à nous connaître. Je me réjouis de découvrir de nouvelles idées et opportunités. Nous avons par exemple déjà évoqué des cours de langue française proposés en ligne chez OBEJKT.
Comment le réseau sera-t-il développé sous la présidence française du Conseil de l’Union européenne ?
Près de 30 Micro-Folies sont installées à travers l’Europe. Je pense que la meilleure façon d’élargir le réseau est de travailler avec les jeunes et les écoles, et d’adapter cette plateforme aux enfants. C’est d’ailleurs le sujet que nous avons abordé avec un représentant de l’ambassade de France : comment permettre aux jeunes d’accéder à la culture, la rendre plus attrayante ? Selon moi, les Micro-Folies sont un moyen de promouvoir la culture française et la culture classique, mais aussi d’impliquer les jeunes. D’une part, les Micro-Folies permettent aux personnes âgées de se familiariser avec les outils numériques, d’autre part, elles permettent aux jeunes, pour qui la culture digitale est essentielle, de découvrir l’art. Elles ont le potentiel de cibler différents publics et de les rassembler.
Le musée numérique est une plateforme flexible et peut comprendre une scène, une ludothèque ou encore un espace de convivialité. Quel est le principe de ces espaces ?
Les lieux qui accueillent les Micro-Folies peuvent l’exploiter de différentes façons. C’est un espace très modulable. Devant les Micro-Folies, un grand hall de presque 200 m² est installé comprenant plusieurs e-sports, des projecteurs, des outils de réalité virtuelle et différents équipements. Pour moi, c’est un moyen de susciter de nouveau l’intérêt des jeunes à l’égard de la technologie, eux qui y ont été surexposés pendant la pandémie.
Dans quelle mesure pensez-vous que le musée pourrait évoluer à l’avenir ?
La prochaine étape des Micro-Folies pourrait être de créer un espace où tout le monde est bienvenu. Je me suis récemment rendue à Tel-Aviv avec mon fils de 14 ans, et nous sommes allés à une exposition de Yayoi Kusama au musée d’art. Il y avait beaucoup d’outils numériques et ils avaient créé un espace très convivial pour les personnes âgées et les plus jeunes, qui étaient ravis de le partager sur TikTok ou Instagram. Les jeunes étaient captivés, ils sont restés là pendant des heures, ils s’étaient vraiment approprié l’art. La question est de savoir comment ils peuvent se situer par rapport à l’art. Nous devons créer des espaces numériques qui plongent le public dans l’art.
Le projet des Micro-Folies dans le cadre de la Présidence française du Conseil de l'Union européenne est mis en œuvre en partenariat avec l’Institut français, et le déploiement international des Micro-folies est établi dans les Alliances Françaises, Instituts français et structures partenaires.