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Rencontre avec les fondateurs du Studio français Targo, producteur de documentaires en réalité virtuelle

La « recette magique » de Targo, c'est un mélange entre une immersion dans des lieux visuellement forts (Notre-Dame, l'Antarctique, l’Irak, les Tours Jumelles), et de rencontres avec des personnages singuliers qui guident le spectateur dans l'histoire.

Le studio français Targo, cofondé en 2016 par Victor Agulhon et Chloé Rochereuil, produit des documentaires en réalité virtuelle, nous plongeant dans des lieux désormais inaccessibles, tels que Notre-Dame ou les Tours Jumelles à New-York. Le documentaire Revivre Notre-Dame, réalisé par Chloé Rochereuil, figure d’ailleurs dans « la Sélection VR » de l’Institut français. 

Mis à jour le 25/04/2022

10 min

Rebuilding Notre Dame - VR documentary trailer
© TARGO

Pourrions-nous revenir rapidement sur vos profils et vos parcours respectifs ? Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Chloé Rochereuil : Nous avons tous les deux co-fondé Targo, et je m’occupe plus spécifiquement de tout ce qui concerne la réalisation et la création d’expériences. J’ai une formation de journaliste : avec Victor, nous nous sommes rencontrés à Science Po. J’ai ensuite travaillé chez France 24, pour qui j’ai monté le média Mashable.

Victor Agulhon : Au sein de Targo, je m’occupe de la production, distribution et du financement. Mon métier consiste à faire en sorte que ce que l’on crée soit vu le plus largement possible, et cela à l’aide de technologies comme la réalité virtuelle (VR) ou la réalité augmentée (AR). 

     

Qu’est-ce qui vous a donné envie de fonder Targo ensemble en 2016 ?

Victor Agulhon : En 2016, déjà, j’évoluais dans les sphères de la technologie et de l’innovation, et c’est la volonté de démocratiser la réalité virtuelle qui m’a amené à créer Targo avec Chloé. À cette époque, la VR était polarisée entre des expériences jeu vidéo très tournées vers les gamers, et des œuvres artistiques expérimentales.

Notre point de départ, c’était de créer des expériences pensées pour le grand public, qui parlent à tous : aux gamers, aux familles, aux artistes… Alors qu’il y a parfois cette image de la VR comme une technologie artificielle et déconnectée du monde réel, pour nous, elle permet au contraire de raconter des histoires vraies avec un réalisme inédit. C’est un outil formidable pour découvrir des lieux, des histoires, des personnalités…. 

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Chloé Rochereuil
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Le documentaire "Revivre Notre-Dame" a eu beaucoup d'écho car c'était l'un des premiers projets VR qui permettait de retourner dans un lieu ayant disparu, montrant à quel point la technologie permet d’ancrer ces moments d’histoire.

Quelle est la ligne éditoriale de Targo ? Comment choisissez-vous les histoires que vous souhaitez raconter ? 

Chloé Rochereuil : Nos expériences sont toutes documentaires, c'est à dire qu'elles traitent d'histoires vraies, et nos sujets sont grand public. Ce sont des thèmes qui parlent à tout le monde. La « recette magique » de Targo, c'est un mélange entre une immersion dans des lieux visuellement forts (Notre-Dame, l'Antarctique, l’Irak, les Tours Jumelles ou encore l’Opéra de Paris), et de rencontres avec des personnages singuliers qui guident le spectateur dans l'histoire (un explorateur, un astronaute, une rescapée du 11 Septembre, un danseur étoile...). 

Victor Agulhon : Pour nous, la ligne éditoriale est aussi liée au renouveau des supports. La réalité virtuelle est la première technologie qui permet de consommer un contenu à la première personne, de participer à l’histoire. Il faut rester accessible dans la distribution, tout en restant innovant. C’est un point d’équilibre. Au début, toutes nos expériences étaient passives : les utilisateurs n’avaient qu’à regarder autour d’eux. Alors que l’audience mûrit, nous ajoutons des interactions entre l’utilisateur et nos histoires. C’est ce type d’évolution qui nous permet progressivement d’élargir le spectre de nos sujets. 

 

Votre travail sur Rebuilding Notre Dame (avant et après l’incendie) et When we stayed home a été particulièrement remarqué et vous a conduit à être nominés aux Emmy Awards en 2021. Pourriez-vous nous en dire plus sur ces deux expériences ?

Victor Agulhon : Ces deux projets nous représentent très bien : ils montrent comment les documentaires VR permettent de parler au grand public, en découvrant des lieux fermés et des personnalités inspirantes. Dans le cas de Rebuilding Notre Dame, c’est un plongeon dans l’histoire de la cathédrale au lendemain de l’incendie : c’était le fait d’actualité marquant de 2019 et la VR apporte une perspective unique sur le monument. Dans le cas de When we stayed home, c’est une série de déambulations narrées dans Paris, Venise, Tokyo et Jérusalem, désertées pendant les confinements. Alors que tout le monde était isolé, ces quatre histoires permettaient de s’échapper. 

Chloé Rochereuil : Nous avons eu la chance de filmer à l’intérieur de Notre-Dame quelques mois avant l’incendie pour un précédent documentaire L'homme derrière Notre-Dame. Après l'incendie, nous avons vite pris conscience du caractère précieux et exceptionnel de ces images. Nous avons donc choisi de créer un nouveau documentaire, Revivre Notre-Dame, qui plonge le spectateur dans la cathédrale avant et après la catastrophe. Ce documentaire a eu beaucoup d'écho car c'était l'un des premiers projets VR qui permettait de retourner dans un lieu ayant disparu, montrant à quel point la technologie permet d’ancrer ces moments d’histoire.

Rebuilding Notre Dame - VR documentary trailer
Rebuilding Notre Dame - VR documentary trailer

Vous êtes spécialisés dans la VR documentaire, et vos projets ont recours à des prises de vue réelles. Quelles sont les contraintes particulières de ce format ?

Chloé Rochereuil : Le documentaire impose de partir du réel. Nous partons toujours d’un tournage, d’images d’archives, et éventuellement de rendus 3D. C'est ce qui nous différencie des autres créateurs de contenu en VR, mais c'est aussi ce qui rend nos productions parfois plus complexes, car il faut composer avec une variable humaine forte. Il faut que l’équipe se cache, la caméra filmant dans toutes les directions à la fois, ou encore faire comprendre aux personnes qui interviennent à l’image comment se positionner face à une caméra qui ne cadre pas au sens classique. Technologiquement, il y a aussi beaucoup de contraintes, mais paradoxalement le fait d’évoluer dans un cadre restreint nous permet d’être plus créatifs. 

Victor Agulhon : Quelle que soit la technique que nous utilisons (photogrammétrie, scan 3D, prise de vue à 180 ou 360 degrés), c’est presque toujours la première fois que les personnes que nous filmons y sont confrontées. Nos tournages suscitent ainsi beaucoup d’interrogations et de curiosité. 

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Victor Agulhon
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Le plus important pour nous, c’est de continuer à innover, en termes de technologie et de narration, pour trouver et créer les meilleurs formats en VR.

Comment diffusez-vous vos projets ?

Victor Agulhon : C’est un modèle classique de société de production. Nous portons des projets, nous les faisons financer puis les diffusons. Concrètement, nous travaillons avec des constructeurs de casques de VR qui ont aujourd’hui un besoin criant d’expériences, qui démontrent l’intérêt de cette technologie.

Pour la diffusion, l’objectif est de parler à l’audience la plus large possible, à la fois en ligne et hors-ligne. Notre premier canal de diffusion sont les plateformes de streaming VR qui permettent d’atteindre les détenteurs de casques. Aussi, pour permettre à celles et ceux qui n’ont pas de casque VR chez eux de découvrir nos films, nous travaillons avec des salles d’arcade, des salles de cinéma équipées pour la VR. 

 

Comment voyez-vous l’avenir de Targo ?

Le plus important pour nous, c’est de continuer à innover, en termes de technologie et de narration, pour trouver et créer les meilleurs formats en VR. 

Nous continuons à produire nos formats qui plaisent aux spectateurs, des documentaires et films 360° sur des thèmes grand public, avec des projets sur la gastronomie et des enquêtes criminelles. En parallèle, nous développons des expériences interactives narrées, qui offrent la liberté aux spectateurs de se déplacer, de manipuler des objets… de vraiment évoluer dans nos documentaires.

L'Institut français et le Studio Targo

Le documentaire Revivre Notre-Dame fait partie de Culture VR - la sélection, offre de contenus en réalité virtuelle destinés à la diffusion au sein des espaces du réseau culturel français à l'étranger ou de leurs partenaires.

En savoir + sur la Sélection VR

 

Le Studio targo est également référencé sur IF Digital, le nouveau site de l'Institut français dédié à la création numérique française (art numérique, expérience immersive, jeu vidéo, livre innovant, médiation et éducation culturelle, webcréation). 

Découvrir IFdigital 

L'institut français, LAB