
Lettres du continent : 21 artistes africains face à la crise sanitaire
Comment vivre en tant qu’artiste avec la crise sanitaire en Afrique ? Lettres du continent (2020), longue performance en vidéo menée par le chorégraphe Faustin Linyekula et diffusée en ligne, livre le portrait et les lettres de 21 danseurs et collectifs de toute l’Afrique, pour parler d’un quotidien transformé, et réfléchir à une nouvelle façon de créer.
Mis à jour le 01/02/2021
2 min
L’Afrique n’a pas échappé à la crise sanitaire. Comme partout dans le monde, le quotidien y a été bouleversé, encore plus pour certains pays de ce continent déjà affectés par les difficultés économiques ou des conflits récents. Les danseurs se sont vus privés de lieux de représentations comme de studios de répétition. Comment, alors, continuer à s’exprimer en tant qu’artiste, à faire entendre une voix singulière ? Comment continuer à créer avec de tels bouleversements ? Comment le monde culturel africain peut-il s’adapter à ce nouvel environnement ? C’est pour répondre à toutes ces questions, et surtout pour laisser la voix aux artistes africains, que les Studios Kabako - centre de danse et de formation artistique de la République démocratique du Congo dirigé par le chorégraphe Faustin Linyekula - lancent une initiative originale : leur Lettre du continent.
21 autoportraits d’artistes africains au cœur de la crise
Lettres du continent est un recueil de lettres performées en vidéo, rassemblant la parole et les pensées de 21 jeunes artistes et collectifs venus de 18 pays d’Afrique : du Sénégal (le danseur de hip-hop Belleka), de Tanzanie (le danseur contemporain Samwel Japhet), de RDC (le danseur et acrobate Jeannot Kumbonyeki), des Comores (le danseur Salim Mzé Hamadi Moisi) ou du Togo (la danseuse Germaine Sikota). Ces 21 autoportraits témoignent d’une nouvelle génération de danseurs, metteurs en scène, circassiens ou performeurs, évoquant à la fois ce nouveau contexte sanitaire et s‘interrogeant sur les nouvelles façons de créer, d’inventer et de diffuser aujourd’hui leur propre vision du continent africain. Ils y partagent leur vie quotidienne bousculée par la crise, les difficultés, les espoirs aussi et leur façon de travailler dans ce contexte de crise. Ils réaffirment surtout leur nécessité absolue de continuer à créer et à montrer leur vision du monde et du continent africain. Écrites entre mai et juin 2020, ces 21 lettres performées ont été filmées, puis rassemblées autour d’un long-métrage par le chorégraphe Faustin Linyekula et Virginie Dupray.
Une performance menée par le chorégraphe congolais Faustin Linyekula
Le projet Lettres du continent est né de la volonté du danseur congolais Faustin Linyekula, qui dirige les Studios Kabako en RDC. Sa carrière de chorégraphe l’a mené à la Comédie Française (Bérénice en 2009), au Ballet de Lorraine (La Création du monde en 2012), il a proposé des performances au MOMA de New York (2012), au MUCEM à Marseille (2016) ou encore au Musée Royal d’Afrique Centrale à Tervuren (2018). Il est aujourd’hui artiste associé au Manège – Scène nationale de Reims en France et au Holland Festival à Amsterdam, et enseigne à Parts (l’école d’Anne Teresa de Keersmaeker), au CNDC Angers ou au festival Impulstanz en Autriche. Mais Faustin Linyekula n’a jamais quitté ses racines congolaises. Dès 2001, il fonde à Kinshasa les Studios Kabako, une structure dédiée à la danse, au théâtre et aux arts vidéo, un lieu de recherche, de création et de formations pour les danseurs et performers du Congo et d’ailleurs. Il mène ce projet avec Virginie Dupray, qui a travaillé auparavant à l’Institut français du Royaume-Uni, au Centre National de la Danse de Pantin pour la compagnie Nacera Belaza, et qui a rejoint les Studios Kabako en 2003 à la direction déléguée.
A travers les Studios Kabako, tous deux ont le souci de développer la jeune génération d’artistes africains et de leur donner des outils de création. C’est donc tout naturellement qu’ils ont lancé et produit le projet Lettres du continent, avec le soutien de plusieurs institutions européennes et africaines (le Centre chorégraphique de Wallonie-Bruxelles, le National Arts Festival d’Afrique du Sud, le Festival de Marseille…) afin de diffuser aux quatre coins du monde la voix des jeunes talents de la danse et de la performance en Afrique, en temps de crise.

L’Institut français est partenaire du projet dans le cadre de la mission de coopération culturelle Afrique et Caraïbes, un programme de soutien aux opérateurs culturels de la société civile en Afrique et d’aide à la mobilité vers la France pour les créateurs africains.
Plusieurs programmes d'aide à projets comme le Fonds de mobilité Caraïbes, Fonds de mobilité Indianocéanique et Appui aux opérateurs culturels d’Afrique et des Caraïbes ou résidences comme Visas pour la création sont mis en place dans le cadre de cette mission.
L’Institut français met en œuvre du 1er décembre 2020 au 15 juillet 2021 la saison Africa2020. En savoir + sur la Saison Africa2020